Illettrisme : 5% des jeunes de 16 ans concernés

Un rapport de l'Education nationale révèle que près d'un ado sur dix éprouve de grandes difficultés en lecture, et 5% sont en situation d'illettrisme. Une situation douloureuse pour les victimes qui cachent leur handicap, mais qui tend à ne plus être un tabou.

Illettrisme : 5% des jeunes de 16 ans concernés
© racorn

[Mise à jour du 6 septembre 2022 à 15h43] L'école a beau être gratuite et obligatoire, tout le monde n'en sort pas avec les mêmes savoirs et compétences. Et si sa mission première est de d'enseigner le B.A.-ba de la lecture et de l'écriture, ces fondamentaux ne sont pas maîtrisés par de nombreux élèves à l'âge où il peuvent cesser leur parcours scolaire. Ainsi en 2022, 5% des jeunes de 16 ans souffrent d'illettrisme, selon un rapport de l'Education nationale, daté de mai 2022 et rédigé par l'Inspection générale de l'Education, du sport et de la recherche. Un phénomène qui touche globalement 2.5 millions de Français âgés entre 18 et 65 ans, selon l'Agence de lutte nationale contre l'illettrisme.

Un jeune sur dix a des difficultés de lecture

En 2020, un échantillonnage de de 29 000 tout jeunes collégiens a été testé sur sa fluidité de lecture. Et si en arrivant au collège, 47% des élèves ont du mal à lire à voix haute, seuls 53.4% atteignent le score moyen de "fluence" requis en fin de CM2, à savoir 120 mots minimum par minute. En CE2, ils ne sont que 15.4 à atteindre le niveau attendu de 90 mots. Des difficultés rencontrées majoritairement chez les élèves relevant du public, et qui deux ans plus tard, sont encore légion au sein des écoles de la République :  en 2022, un collégien sur quatre ne maîtrise pas les compétences requises avant de rentrer au lycée, et le nombre d'élèves en difficulté entre la 6è et la 3è a augmenté de 10 points en 10 ans. Ainsi, d'après les auteurs de l'étude qui dénoncent des "alertes ignorées", la prise en charge serait peu adaptée dans le milieu scolaire. L'Education nationale "porte sa part de responsabilité" estiment les chercheurs, car même si des actions ont été mises en place dans les établissements scolaires, elles sont peu appliquées au quotidien ou manquent de coordination entre les acteurs. Résultat, les élèves concernés ainsi que les parents d'élèves vivent cette situation comme une "fatalité" précise le texte. 

Des évaluations nationales en CM1 et en 4ème

Lors de sa conférence de presse de rentrée, le ministre de l'Education a présenté son projet pour l'école : une école "d'excellence", avec pour mission de "garantir toutes les mêmes chances de réussite". Effectivement, l'égalité est le noyau central du projet pédagogique initié par Pap NDiaye, qui dès sa nomination avait fait de ce principe sa mission première à la tête du ministère. De fait, elle passe par "la priorité à l'acquisition des savoirs fondamentaux", mais aussi par des évaluations qui jalonneront plus souvent le parcours scolaire. Les élèves de CM1 et de 4è seront désormais évalués, afin d'appréhender en cours de cycle, primaire et collège, leurs acquis. Une façon d'ajuster au plus tôt les cours et de donner aux enseignants des axes éducatifs précis, sans laisser s'accumuler les lacunes d'un niveau à l'autre.

Par ailleurs, le rapport suggère des propositions concrètes pour mieux prendre en charge les jeunes, mais aussi détecter et identifier les difficultés. Notamment le renforcement de la formation et la culture commune des équipes, une meilleure harmonisation au niveau nationale de la prise en charge des ados, avec des mesures-réflexes, ou encore la création d'un conseil scientifique et pédagogique. De quoi venir à bout de l'illettrisme, sans compter la crise que traverse l'Education nationale, avec une pénurie exceptionnelle de professeurs. Tout l'enjeu sera de ne pas faire se croiser ces deux problématiques, lors de cette année scolaire 2022-2023.