Jeux d'argent et ados : comment les protéger ?

Poker en ligne, paris sportifs, jeux de grattage... Alors que les jeux d'argent et de hasard sont interdits aux mineurs, la part des jeunes joueurs problématiques est en forte progression, alerte l'Autorité nationale des jeux (ANJ). 12% des 15-17 ans seraient à ce jour concernés.

Jeux d'argent et ados : comment les protéger ?
© azulillo-123rf

Les jeux en ligne et de hasard interdits par la loi aux mineurs

Jeux en ligne, paris sportifs ou hippiques, jeux de hasard commerciaux (Loto, jeux à gratter...), casino (roulette, black jack...) et Poker sont strictement interdits aux mineurs. Selon la loi, l'interdiction s'applique même si le mineur est émancipé ou accompagné d'un parent. De plus, même s'il ne joue pas, un mineur ne peut accéder à l'entrée d'un casino. Malgré la loi et l'interdiction de vente de jeux d'argent et de hasard (JAH) aux mineurs, dans les points de vente comme sur Internet, la pratique existe. En effet, selon une étude menée par la Société d'Entraide et d'Action Psychologique (SEDAP) et l'Autorité nationale des jeux (ANJ), auprès de 5 000 jeunes de 15 à 17 ans, 34,8% des jeunes interrogés étaient joueurs en 2021. En outre, "la part des jeunes joueurs problématiques est en forte progression depuis la dernière étude de 2014 et concerne aujourd'hui 12,1 % des jeunes Français âgés de 15 à 17 ans", alerte l'ANJ dans un communiqué du 17 février 2022. 

Pour les jeunes, ces interdictions ne représentent pas un frein à leur envie de jouer. 88,7% d'entre eux n'ont d'ailleurs pas de mal à passer par un lieu de distribution physique, tandis que les jeux en ligne sont de plus en plus répandus en France. En effet, "plus de la moitié déclarent qu'il leur est très ou assez facile de jouer à des cartes à gratter (53,1 %), un quart d'entre eux de participer à des tirages (24,0 %) et un sur cinq de miser sur des paris sportifs (20,0 %) chez un buraliste. Concernant le jeu en ligne, les paris sportifs sont ceux dont l'accessibilité leur semble la plus facile (25,2 %)", précise l'étude.

A quel âge les ados commencent-ils à jouer aux jeux d'argent ?

Plus d'un tiers des jeunes de 15 à 17 ans (34,8 %) interrogés déclarent avoir joué au moins une fois à des jeux d'argent et de hasard au cours des 12 mois précédant l'étude. Si l'on compte davantage de garçons que de filles, cette pratique est néanmoins répandue dans tous les milieux socioculturels. Et en moyenne, les ados ont commencé à jouer à ces jeux d'argent à 13 ans et 3 mois. 

Jeux d'argent et de hasard : à quoi jouent les mineurs ?

  • Les jeux de grattage : ils sont pratiqués par 78,4 % des jeunes, qui débutent souvent avec ce type de jeux, privilégiés également par les filles.
  • Jeux de tirage : 48,4 % des ados ont tenté leur chance
  • Paris sportifs : 28,3 % des jeunes ont misé sur leurs joueurs ou équipes préférées... Avec une prédilection pour les garçons ;
  • Paris sur des compétitions de e-Sports : 21,5 % ont réalisé ce type de paris, sachant que cette pratique est interdite en France.
  • Les autres jeux pratiqués sont : les paris hippiques (17,7 %), le poker (17,1 %), et des jeux illégaux en France tels que les machines à sous (17,7 %) ou autres jeux de casinos (16,6 %) et les paris financiers (15,9 %).
  • 60,1 % pratiquent plusieurs jeux.
  • Un ado sur deux (50,1 %) utilise Internet pour jouer.

Les parents facilitent souvent l'accès aux jeux d'argent de leurs enfants

Pour jouer aux jeux de hasard et d'argent, les ados utilisent leur propre argent de poche. Parfois même, les parents jouent avec leurs enfants : 45,7 % jouent avec leur mère et 35,7 % avec leur père, devant les amis. Un quart des jeunes (23,6 %) déclarent même accéder à des jeux en ligne en utilisant le compte de leurs parents, avec leur accord. Enfin, "même si 68,5 % des ados affirment que leurs parents sont au courant des risques liés aux jeux d'argent et de hasard, certains de ces adultes semblent avoir une position ambiguë dans la mesure où ils interviennent activement dans l'achat et la pratique des JAH de leurs enfants mineurs" note l'étude. Par ailleurs, les messages publicitaires aux jeux d'argent dans les médias, les points de vente ou sur les réseaux sociaux semblent inciter près d'un tiers des joueurs. En conclusion, "l'enquête démontre que les comportements à risque des jeunes ne concernent pas les joueurs de tirage ou de grattage, mais reposent plutôt sur une pratique diversifiée qui concerne les jeux en ligne légaux et illégaux".

Quelles solutions pour protéger les mineurs des jeux en ligne ?

Pour Emmanuel Benoit, Directeur général de la SEDAP, il y a urgence à "élaborer des stratégies de prévention psychoéducatives basées sur des programmes probants et validés. La fragilité émotionnelle de l'adolescence constitue un terrain favorable à l'instauration de vulnérabilité, ainsi la protection des mineurs doit être une priorité". En effet, plus tôt les jeunes seront attirés par ces jeux d'argent, plus le risque d'addiction augmente à l'âge adulte. "L'ANJ est déterminée à mobiliser tous ses outils pour lutter énergiquement contre ces pratiques, y compris par les sanctions. Il faut aussi que tous les acteurs concernés se mobilisent, parents, opérateurs, réseaux sociaux et pouvoirs publics" recommande l'ANJ.