Langues régionales : Macron défend l'école immersive

La censure par le Conseil Constitutionnel d'une partie de la Loi Molac concernant la promotion des langues régionales a provoqué une vive polémique. Emmanuel Macron a réaffirmé son attachement à ces langues et a demandé au gouvernement de trouver une solution pour garantir leur transmission.

Langues régionales : Macron défend l'école immersive
© John Thys/AP/SIPA

C'est une divergence d'opinions qui risque de faire grand bruit. Ce 21 mai, le conseil Constitutionnel a censuré une partie de la loi Molac sur la promotion des langues régionales, votée contre toute attente le 8 avril au Parlement.  La loi avait en effet été adoptée alors que le gouvernement s'opposait à deux mesures : l'instauration de l'enseignement immersif et la création d'un forfait scolaire pour les écoles privées proposant une scolarisation en langue régionale. Opposés à ces deux mesures, 61 députés de la majorité, pilotés selon certains par Jean-Michel Blanquer, ont saisi le Conseil Constitutionnel qui a rendu son avis. Les Sages ont donné leur accord à la prise en charge financière par les communes de la scolarisation des enfants qui suivent un enseignement de langue régionale. Ils ont en revanche censuré l'enseignement immersif de ces langues, c'est-à-dire l'enseignement dans une langue autre que le Français pendant une grande partie du temps scolaire. Ils ont également censuré l'utilisation de signes diacritiques comme le tilde (~) dans les actes de l'état civil.

Cette décision du conseil Constitutionnel a provoqué une levée de boucliers parmi les défenseurs des langues régionales comme François Bayrou. "Je ne laisserai pas faire (...)  Rayer d'un trait de plume les décennies d'efforts réalisés pour transmettre ces langues qui appartiennent au patrimoine linguistique français est inconséquent, sans précédent et dangereux", a expliqué le maire de Pau dans l'Express ce 24 mai. Un avis partagé par le ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. "Les langues régionales constituent une véritable richesse pour le patrimoine national. Ces langues sont une partie de notre histoire, de notre culture, de notre diversité qu'il est essentiel de préserver", indiquait dans communiqué publié ce 25 mai l'ancien président de la région Bretagne qui appelait alors le Premier ministre à prendre "les initiatives nécessaires à la clarification de la décision du Conseil constitutionnel".

Emmanuel Macron prend position pour les langues régionales

Ce 26 mai, c'est Emmanuel Macron lui même qui est monté au créneau pour s'opposer à la décision du Conseil Constitutionnel. "Les langues de France sont un trésor national (.et) ne cessent d'enrichir notre culture française. Depuis des décennies, un mouvement majeur de transmission par l'école immersive, au travers d'associations comme Diwan, Seaska, les Calendretas, Bressola, ABCM et d'autres, a fait vivre ces langues et a garanti leur avenir. Rien ne saurait entraver cette action décisive", a écrit le chef de l'Etat sur Facebook. "En tant que Président de la République, je suis tout à la fois protecteur de la langue française et gardien de la richesse que constituent nos langues régionales. Voilà pourquoi j'ai demandé au gouvernement et au Parlement de trouver les moyens de garantir la transmission de cette diversité linguistique dans le respect des cadres pédagogiques largement reconnus depuis un demi-siècle", ajoute le président de la République.

La balle est donc désormais dans le camp du gouvernement qui va devoir trouver une solution à cette épineuse question. Le premier ministre s'est déjà saisi du problème. Ce 25 mai, interrogé par plusieurs députés lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, Jean Castex s'est engagé à missionner deux députés pour que ces derniers tirent " toutes les conséquences de cette décision du Conseil constitutionnel". "Avec le ministre de l'Éducation nationale et sur la base des préconisations ainsi formulées, je recevrai l'ensemble des représentants des établissements d'enseignement en langues régionales", a souligné le Premier ministre qui est un fervent défenseur du catalan. Avant d'ajouter : "Les langues régionales, je le dis devant votre assemblée, sont une chance pour la République française".