Les conséquences de la prématurité sur le développement des enfants

Plus d'un tiers des enfants nés prématurément présentent, à l'âge de 5 ans et demi, des difficultés dites mineures dans les domaines moteurs, sensoriels, cognitifs, ou du comportement, selon une étude de l'Inserm. Et sur la scolarité ?

Les conséquences de la prématurité sur le développement des enfants
© Sergey Novikov -123rf

Selon l'enquête Epipage-2 réalisée par des chercheurs de l'Inserm auprès de 3083 enfants nés prématurément et publiée le 28 avril dans la revue The British Medical Journal, la prématurité aurait des conséquences dites "mineures" sur le développement moteur, sensoriel, cognitif, ou du comportement, chez les enfants âgés de 5 ans et demi.  "L'âge de 5 ans et demi correspond à un moment clé du développement de l'enfant permettant notamment le diagnostic de difficultés d'apprentissage et l'étude des compétences cognitives qui avant cet âge sont beaucoup plus difficiles", souligne Pierre-Yves Ancel, service de santé publique et médecine sociale de l'hôpital Cochin AP-HP (Unité CIC mère enfant), responsable de l'équipe EPOPé.

Ainsi, plus la prématurité est grande, plus les enfants présentent des difficultés du neuro-développement. Selon l'étude, alors que 27% des bébés nés extrêmes prématurés (entre 24 et 26 semaines d'aménorrhée) présentaient des difficultés sévères ou modérées de développement, 19% des enfants nés grands prématurés (entre 27 et 31 semaines) présentent des difficultés de même type, contre 12% des enfants modérément prématurés (nés entre 24 et 26 semaines d'aménorrhée). Il s'agit principalement de difficultés motrices, de la vision ou de l'audition, ou encore des déficiences intellectuelles. Enfin, "quel que soit le degré de prématurité à la naissance, plus d'un tiers des enfants présentaient des difficultés dites mineures", précise l'Inserm qui recommande un soutien et une prise en charge adaptée pour éviter qu'elles n'aient un impact au quotidien ou sur les apprentissages des enfants en grandissant.

Quel est l'impact de la prématurité sur la scolarité des enfants ?

Selon les chercheurs, la scolarité des enfants doit être adaptée, particulièrement pour ceux dont la prématurité est importante. En effet, 93% des enfants modérément prématurés étaient scolarisés dans des classes ordinaires (sans soutien spécifique), contre 73% des enfants nés extrêmes prématurés. L'Inserm note par ailleurs que "plus de la moitié des enfants nés extrêmes prématurés, un tiers des enfants nés grands prématurés et un quart des enfants nés modérément prématurés bénéficiaient d'une prise en charge de soutien au développement (orthophonie, psychomotricité, ou encore soutien psychologique, etc.)". Toutefois, 20 à 40% des enfants avec des difficultés sévères ne bénéficiaient pas de soutien.

Quel suivi pour les enfants prématurés ?

L'environnement dans lequel grandi l'enfant est également important. L'Inserm recommande qu'un accompagnement coordonné, médical, éducatif et social soit proposé aux familles. "La poursuite des analyses sur les liens qui existent entre le développement à 2 ans et le développement à 5 ans ½ devrait permettre de mieux comprendre comment améliorer le suivi de ces enfants" ajoute l'Inserm. Enfin, les chercheurs tiennent à rassurer les parents et soulignent que le cerveau de l'enfant est en pleine évolution à cet âge. Par conséquent, "les difficultés observées peuvent être prises en charge et accompagnées, sous réserve qu'elles aient été bien identifiées et les parcours de soins optimisés".