Les bébés accros aux écrans ont plus de risque de surpoids

Dès 2 ans, l'activité physique et le temps passé devant un écran sont liés à un risque d'obésité ultérieur, selon une récente étude de l'Inserm.

Les bébés accros aux écrans ont plus de risque de surpoids
© Frantisek Czanner - 123RF

On savait déjà que la sédentarité, une moindre activité physique et une mauvaise alimentation étaient liés au surpoids, mais les données pour les enfants de moins de 3 ans étaient insuffisantes. Une équipe de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) lève le voile. Le temps passé devant un écran durant la petite enfance influe sur le poids de l'enfant quelques années plus tard, selon son étude publiée dans la revue International Journal of Obesity.

Pour arriver à cette conclusion, les scientifiques se sont intéressés à 883 enfants de la cohorte EDEN. Cette étude sur les déterminants pré- et postnatals précoces du développement et de la santé de l'enfant a suivi des couples mère/enfant du début de la grossesse jusqu'aux 10 ans de l'enfant. "Les parents ont répondu à plusieurs questionnaires au cours du suivi, leur demandant notamment, à 2 ans, de préciser la durée habituelle passée par l'enfant à jouer en plein air et devant les écrans aux différents jours de la semaine", explique Sandrine Lioret, selon le communiqué de l'Inserm. Les scientifiques ont analysé séparément les résultats des deux sexes. Et pour cause, "dès l'âge de 2 ans, l'activité physique et le pourcentage de masse grasse diffèrent entre les filles et les garçons", affirme celle qui a co-encadré l'étude. Les auteurs ont ainsi observé le temps de jeux en plein air, qui semble être un meilleur indicateur de l'activité physique totale chez les filles, et pour les garçons, le temps passé devant les écrans durant lequel ils ne font pas des activités plus dépensières en énergie. Il apparaît alors que les filles qui passent le moins de temps à jouer en plein air à 2 ans présentent plus de risque de développer de la masse grasse plus tard. Chez les garçons, ceux qui passent le plus de temps à regarder la télévision à 2 ans, ont davantage de masse grasse corporelle à 5 ans. Pour limiter le risque d'obésité, il est donc essentiel d'être particulièrement attentifs à ces comportements dès cet âge, "d'autant plus qu'ils tendent à se maintenir de la petite enfance à l'enfance, puis de l'enfance à l'âge adulte", affirme l'Inserm. Les parents doivent ainsi encourager les jeux en plein air, mais aussi limiter le temps passé devant la télévision, et ce dès le plus jeune âge.

Ces résultats doivent être encore confirmés par d'autres travaux. "Dans un souci de prévention précoce du surpoids chez l'enfant, il apparaît pertinent de ne pas s'intéresser uniquement à l'alimentation. On a tendance à croire que les jeunes enfants sont spontanément et suffisamment actifs, mais la littérature révèle qu'ils consacrent l'essentiel de leur temps à des activités sédentaires, et qu'il existe une grande variabilité interindividuelle pour l'activité physique", assure Sandra Lioret. "Il faudra en particulier déterminer si le lien entre les comportements impliqués dans la balance énergétique à 2 ans et le risque d'obésité se maintient au-delà de 5 ans."