Sexualité : les ados trop peu ou mal informés

Les stéréotypes et violences sexistes sont toujours très présents chez les adolescents français. Un récent rapport pointe notamment le manque de cours d’Education sexuelle.

Sexualité : les ados trop peu ou mal informés
© rohappy

Les cours d'éducation sexuelle à l'école sont inégaux et parcellaires. C'est le constat qu'a fait le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCE) dans un rapport qui vient d'être remis à Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'Education nationale, et à Laurence Rossignol, ministre des Familles. La loi du 4 juillet 2001 prévoit pourtant que les élèves du CP à la terminale aient au moins trois séances annuelles d'éducation sexuelle.

Encore trop de violences sexistes. Les chiffres sur l'entrée des adolescents dans la vie amoureuse et sexuelle sont stables depuis les années 2000. Ainsi, "le premier baiser survient en moyenne à 14 ans tandis qu'à 17 ans, la moitié des adolescents – filles comme garçons – a déjà eu un rapport sexuel", affirme le HCE dans son communiqué.  Mais cette période est un "moment révélateur des inégalités entre les filles et les garçons". Il apparaît en effet que les jeunes femmes doivent se montrer désirables tandis que les jeunes hommes doivent être virils. Les stéréotypes sexistes, notamment sur les questions liées à la sexualité, sont quant à eux particulièrement présents à cette période de la vie. Les idées reçues sur les sexualités féminine et masculine sont ainsi toujours bien ancrées dans les mentalités. Elles ont pourtant de graves conséquences en matière de violences sexistes. Selon le rapport, ce sont ainsi 7,5% des filles qui ont déclaré avoir été victimes à l'école de voyeurisme, de baisers  ou de caresses forcés. Plus inquiétant encore, une jeune femme sur dix de moins de 20 ans a déclaré avoir été agressée sexuellement au cours de sa vie. Et malheureusement, ces violences sexistes ne s'arrêtent pas une fois les cours finis. Elles continuent en effet derrière les écrans avec l'émergence d'Internet et la multiplication des réseaux sociaux qu'utilisent neuf adolescents sur dix. Une collégienne sur cinq a ainsi révélé avoir été victime de cyberviolence.

Une méconnaissance du corps. Si 25% des écoles n'ont pas mis en place ces cours d'Education sexuelle, il apparaît que lorsque ces cours sont dispensés, ils sont souvent restreints "à des questions d'ordre anatomique et biologique". La reproduction, la contraception, le Sida et la notion de respect font en effet partie des thèmes les plus souvent abordés. Les violences sexistes et sexuelles ainsi que l'orientation sexuelle sont quant à elles moins souvent traitées par les professeurs. Ceux-ci sont d'ailleurs très peu formés dans ce domaine. Ce sont tant de choses qui aboutissent à une méconnaissance du corps par les ados, surtout par les jeunes filles. A 13 ans, elles sont 84% à ne pas savoir comment représenter leur sexe alors qu'elles sont 53% à savoir comment représenter le sexe masculin, selon le rapport. Plus étonnant, une fille de 15 ans sur quatre ne sait pas qu'elle a un clitoris. Face à ce manque d'informations, les jeunes vont avoir tendance à aller chercher des informations sur le web et dans les émissions de libre antenne. Ils y trouvent alors très souvent des "contenus erronés, moralisateurs voire sexistes", regrette le HCE.

Une enquête sur les jeunes. Pour mettre un terme à cela, il est "urgent de généraliser l'éducation à la sexualité, partie prenante de la construction des jeunes en tant que citoyen(ne) responsable", estime le HCE. Il préconise ainsi qu'en plus de l'école, les familles, les clubs sportifs, les missions locales ainsi que tous les lieux de socialisation des jeunes participent à leur éducation sexuelle. Dans le rapport, le HCE préconise au gouvernement un plan national d'action. Selon l'organisme, il est par exemple essentiel de mieux connaître et reconnaître la sexualité des adolescents. Pour cela, ils appellent notamment à lancer une enquête et une consultation nationales des jeunes afin de connaître leurs comportements, leurs pratiques, etc., mais aussi de "mieux cibler leurs attentes et leurs besoins en matière d'éducation à la sexualité".