Diam's : "J'ai été folle"... Suicide, Mutilations, Voile, Vitaa et Nouvelle Vie dans SALAM -EN PHOTOS

Un retour aussi surprenant qu'inattendu. Après plus d'une décennie de silence, Mélanie Georgiadès revient sur l'histoire du succès de son avatar rappeuse, Diam's. Dans un film documentaire baptisé SALAM, elle raconte sa descente aux enfers alors, sa dépression, puis son salut.

"Au sommet, il fait froid, tu es seule." Cette voix si familière au rythme tranchant, qui a tutoyé les charts pendant plus de dix ans, est de retour sur grand écran. Au risque de décevoir les fans de la chanteuse, vous ne verrez pas pour autant Diam's enflammer les scènes de l'Hexagone, vous n'entendrez que la voix de Mélanie Georgiadès, qui revient sur cette décennie sans strass ni paillettes, dans une paix retrouvée.

Mélanie Diam's : "Moi, normalement, je suis morte"

Pour pouvoir raconter son histoire, en rester maître et narratrice, la jeune femme aujourd'hui âgée de 41 ans a co-réalisé un film documentaire baptisé Salam avec Houda Benyamina et Anne Cissé. Projeté en séance spéciale à Cannes, le film évènement -qui sera en salle les 1er et 2 juillet prochain- revient sur le succès étourdissant de la jeune femme, ses démons, son mal-être. Son ascension fulgurante alors qu'au fond d'elle Mélanie est fragile. Brisée. Interviewée par Brut en marge du festival, la jeune femme confie à Augustin Trapenard: "Je suis une miraculée!". Quand ce-dernier l'interroge sur ce que représente le prénom Diam's, elle répond sans détour: "Une femme qui, si elle n'avait pas trouvé la paix, serait morte."

Diam's a essayé de se suicider

"Quand je raconte que j'ai voulu mettre fin à mes jours, c'était sérieux!" En préambule de l'entretien, elle évoque la métaphore d'un homme seul, dans un désert, qui marche sans but. "Et bien ça c'était moi dans la vie. Je marchais (...) parce que mes amis ne voulaient pas que je meure. Mais je marchais pour aller où, pour faire quoi? À ce moment-là de ma vie, je me dis que la mort est préférable à ce que je suis en train de vivre."

Sur les scarifications : "Tu n'es pas fière d'avoir fait un truc comme ça"

Le film documentaire revient sur l'ascension fulgurante de la rappeuse, la mise en orbite immédiate de la fusée Diam's, celle qui a fait souffler un vent de liberté  pour une génération de jeunes filles au début des années 2000. Mais c'est surtout l'occasion pour Mélanie Georgiadès -qui revient en tant que Mélanie Diam's- de donner sa version, de reprendre le contrôle de son histoire. Dans une interview exclusive au Parisien, Diam's raconte son mal-être, sa dépression, ses mutilations. "Les scarifications, c'est ma manageuse de l'époque qui en parle dans le film. Je n'aurais pas pu le faire moi-même. Tu n'es pas fière d'avoir fait un truc comme ça." Précisant ressentir le besoin aujourd'hui d'en parler, en toute transparence.

Mélanie Diam's : "J'ai été folle. J'ai perdu la raison"

Dans les plus grandes salles, Diam's chante sans boulette et donne le change. Mais quand les spots s'éteignent, son mal-être est toujours là confie-t-elle encore au Parisien. "Il faut comprendre que j'ai touché la folie du doigt. J'ai été folle. J'ai perdu la raison. J'ai été shootée par des médicaments qui m'éteignaient puis me désinhibaient." Internée en hôpital psychiatrique, sous l'effet de lourds traitements médicamenteux, Diam's ne trouve toujours pas la paix. Jusqu'à ce séjour sous le soleil de l'île Maurice.

"Si je n'avais pas ouvert le Coran (...) je me serai foutue en l'air"

Mélanie fait un break de Diam's, s'envole pour une île paradisiaque. Un voyage comme une révélation pour la jeune femme en quête de sens. Car c'est bien là qu'elle trouvera son salut: "Si je n'avais pas ouvert le Coran un soir sur une plage de l'île Maurice et trouvé un sens à ma vie, je pense que je me serais vraiment foutue en l'air."

"Je me suis prosternée, et ça m'a fait du bien"

Alors que l'ex-chanteuse explique avoir été baptisée, confirmée, tout en passant sa vie avec ses amis musulmans, elle ressent cet appel. Lors d'un dîner avec Vitaa et une autre amie, cette-dernière les laisse pour aller prier, comme elle le précise au Parisien. "J'ai eu envie de la suivre, je me suis prosternée, et ça m'a fait du bien. J'ai eu l'impression de parler à Dieu, ça a été très fort, immédiat." Un dialogue qu'elle souhaite prolonger.

Sur son amitié avec Vitaa : "J'ai peur pour elle"

Toujours très proche de la chanteuse Vitaa -on se souvient avec émotion de leur tube des années 2000 Confessions Nocturnes-, les deux amies ont fait front dans la tempête, Vitaa toujours présente pour la rappeuse dans les moments difficiles, la récupérant en pleurs dans sa loge après un concert grandiose. Aujourd'hui, les rôles semblent s'être inversés: "Je suis heureuse quand ma copine l'est, confie Mélanie toujours au Parisien. Après, j'ai peur pour elle des mêmes choses qui m'ont fait peur. Avec Charlotte (le prénom de Vitaa), notre amitié n'a jamais bougé." Devenues jeunes mamans toutes les deux, elles aiment passer du temps en famille.

Sur le port du voile : "Ma beauté, elle est pour moi, mon mari, mes enfants"

Si le port du voile ne s'est pas imposé tout de suite pour la chanteuse, -regrettant d'avoir été exposée par Paris Match en 2008 qui publiera des photos d'elle voilée-, Mélanie évoque un cheminement personnel au Parisien. "Le voile, c'est quelque chose que vous voyez tous, mais c'est un pas dans un cheminement, où il y a aussi la prière, le ramadan…" Un voile accessoire pour certains, mais surtout un choix personnel pour l'artiste, antithèse du culte de la beauté. "Ma beauté, elle est pour moi, mon mari, ma famille."

Sur la montée des extrêmes en France: "Je suis plus spectatrice, je ne vis plus ici mais aux Émirats arabes unis"

Loin de ses prises de parole engagées, Diam's toujours dans les colonnes du Parisien se montre beaucoup plus discrète sur la politique française actuelle, sur la montée des extrêmes. Interrogée sur les polémiques actuelles, notamment autour du burkini, Mélanie ne donnera pas son avis. "Je suis plus spectatrice, je ne vis plus ici mais aux Émirats arabes unis", réclamant le droit de ne pas s'exprimer à ce sujet. 

Diam's : "L'actualité musicale ne m'intéresse pas"

Désormais loin de la France, la jeune femme se concentre sur sa fondation Big Up -elle a construit avec son mari un orphelinat au Mali, distribue des paniers repas lors du ramadan au Niger-, et ses autres projets. Venant en aide aux jeunes musulmans, elle entend bien "s'intéresser davantage à ce qu'est le monde", en faisant table rase du passé. "L'actualité musicale ne m'intéresse pas." Un changement de vie qui ne l'empêche tout de même pas de venir nous donner des nouvelles, presque 13 ans après avoir mis fin à sa carrière.

Son retour avec de nouvelles chansons dans Salam ? "Ça n'est pas de la musique"

Avec Salam, qui sera diffusé à la rentrée sur la plateforme Brut X, les fans pourront se réjouir d'entendre les textes inédits de la chanteuse, même si elle se défend au Parisien de parler de nouvelles chansons: "Pour moi, ça n'est pas de la musique, ce sont des textes a cappella que j'ai enregistrés parce que je voulais m'adresser directement aux gens. Et mes producteurs ont fait un habillage musical."

Bande-annonce du film Salam de Mélanie Diam's :

"Salam - Bande annonce"

Mélanie Diam's, icône des années 2000, n'est plus cette "jeune demoiselle qui recherche un mec mortel", ne chante plus ses confessions nocturnes, ne hurle plus sa haine du FN sur scène. Elle est pourtant aujourd'hui de retour sur grand écran, dans un film documentaire qui lui donne l'occasion de faire entendre sa voix, de revenir sur son histoire, son succès (vous ne verrez aucun de ses tubes ni extraits de ses concerts). L'occasion pour celle qui vit désormais aux Émirats arabes unis de prendre le micro une dernière fois. Alors qu'on la voit sur scène, voilée, dans un Zénith vide, elle confie: "Avant, je rentrais dans une salle pleine et j'étais vide. Là, je suis rentrée dans une salle vide et j'étais pleine."