Isabelle Carré, mère d'Un Vrai Bonhomme, en 4 rôles emblématiques

Elle incarne une mère frappée par le deuil de son enfant dans "Un Vrai Bonhomme" de Benjamin Parent, en salles le 8 janvier. A 48 ans, la comédienne Isabelle Carré continue d'enthousiasmer le cinéma français par sa trajectoire libre. Focus.

Isabelle Carré, mère d'Un Vrai Bonhomme, en 4 rôles emblématiques
© Ad Vitam

Depuis ses débuts au cinéma, à l'aube des années 90, Isabelle Carré a imposé son talent éclatant grâce à cet incontournable mélange de douceur et d'humanité. Prix Romy Schneider en 1998, elle a séduit de grands noms du septième art tels que Jean-Paul Rappenaud, Edouard Molinaro, Bertrand Tavernier, Anne Fontaine ou Cédric Kahn ; et ce, en variant toujours les registres et les plaisirs. Avec aplomb, s'il vous plait. Sans jamais négliger le théâtre, où elle a été sacrée deux fois aux Molières, l'intéressée a ainsi réussi à broder une filmographie enviable, laquelle lui a valu de nombreux prix. En ce début d'année, elle se distingue en endossant un second rôle concluant dans Un Vrai Bonhomme, la première réalisation de Benjamin Parent. Elle incarne précisément une mère de famille qui voit son équilibre vaciller à la mort de son fils ainé, emporté par un accident de voiture. A l'occasion de cette sortie, le Journal des Femmes revient, subjectivement, sur quatre de ses prestations marquantes.     

Se Souvenir des Belles Choses de Zabou Breitman (2002)

C'est le film qui l'a définitivement propulsée sur le devant du cinéma français. Premier long-métrage en tant que réalisatrice de Zabou Breitman, l'émouvant Se souvenir des belles choses la voit interpréter le rôle de Claire Poussin, une jeune femme victime de troubles de la mémoire suite à un coup de foudre en forêt. Dans le centre pour amnésiques qu'elle rejoint, elle rencontre un patient dénommé Philippe (inoubliable Bernard Campan), duquel elle tombe profondément amoureuse. Bluffante, Carré brille de sensibilité sous les traits d'une héroïne qu'elle a pris du temps à épouser. Elle s'est en effet longuement préparée en regardant de nombreux enregistrements de malades. Travail payant puisqu'elle recevra le César de la Meilleure Actrice.

Holy Lola de Bertrand Tavernier (2004)

C'est l'un des plus beaux films dans lequel elle a pu jouer. C'est aussi, et sûrement, un de ses plus grands rôles. Dans le déchirant et ultra documenté Holy Lola de Bertrand Tavernier, Isabelle Carré s'est glissée sous les traits de Géraldine, une jeune femme qui rallie le Cambodge avec son mari (campé par Jacques Gamblin). Leur but ? Assouvir leur désir de devenir parents en adoptant un enfant. Commence pour eux un parcours initiatique en ombres et lumières, dans un pays lessivé par sa sombre Histoire, durant lequel le couple devra reste fort face à l'adversité, les menaces des autorités, la ronde des orphelinats… Isabelle Carré, éblouissante, livre une performance phénoménale en figurant parfaitement le besoin viscéral de maternité.   

Entre ses Mains d'Anne Fontaine (2005)

Et un registre de plus pour Isabelle Carré avec Entre ses Mains. La réalisatrice Anne Fontaine l'invite à cet effet sur les sentiers inspirants du thriller (hitchcockien). Avec une mise en scène tout en économie de moyens, qui privilégie souvent les silences, la cinéaste mise sur une extraordinaire confrontation d'acteurs. Carré, insaisissable, fait face à Benoit Poelvoorde, dans un contre-emploi révélateur. Le pitch ? Claire, une employée d'une compagnie d'assurance, entame une relation extra-conjugale avec Laurent, un vétérinaire. Ce dernier s'avère être un véritable prédateur à femmes. Bientôt, le trouble s'installe. Et si ce dernier était en fait le fameux tueur au scalpel qui égorge ses victimes dans toute la région ? Sur le fil du trouble, Carré explose. 

Les Emotifs Anonymes de Jean-Pierre Améris (2010)

Joyeuses retrouvailles pour Isabelle Carré et Benoît Poelvoorde ! Loin de l'atmosphère pesante d'Entre ses Mains, les voilà réunis par Jean-Pierre Améris dans le délicieux Les Emotifs Anonymes. Ou comment deux hyper-émotifs se rencontrent et s'aiment de manière incommensurable. Il y a Jean-René, directeur d'une usine de chocolat, et Angélique, chocolatière émérite qui se cache derrière un être imaginaire pour garder l'anonymat. Poelvoorde déploie son immuable énergie, contenue cette fois dans un carcan émotif boiteux tandis que Carré exhale ce qu'il faut de fragilité pour habiter totalement son personnage. Les deux incarnent à merveille ces êtres apeurés et tristes de ne pouvoir transcender leurs conditions psychologiques… Succulent !