UN VRAI BONHOMME : 3 bonnes raisons de se laisser émouvoir

"Un Vrai Bonhomme", au cinéma le 8 janvier, marque les premiers pas derrière la caméra de Benjamin Parent. Il y relate le chemin initiatique et la reconstruction d'un adolescent meurtri par la mort de son frère et fragilisé par les injonctions à la virilité. Le Journal des Femmes vous invite à répondre à l'appel fraternel.

UN VRAI BONHOMME : 3 bonnes raisons de se laisser émouvoir
© Ad Vitam

Un Vrai Bonhomme : un récit universel

Benjamin Parent sait raconter des histoires et nous y embarquer avec humanité. Il a ce fameux sens du storytelling à l'américaine. Co-scénariste de la série Les Grands sur OCSMax et de la brillante comédie romantique Mon Inconnue de Hugo Gélin, sortie l'an dernier, il nous offre avec Un Vrai Bonhomme son premier long-métrage en tant que réalisateur. Tom, un adolescent à la sensibilité à fleur de peau et à la timidité empêchante, en est le personnage principal. Tandis qu'il s'apprête à rallier un nouveau lycée, avec les appréhensions qu'un tel changement impose, il compte sur son grand gaillard de frère, qui fait aussi office de mentor, pour l'aider à passer ce cap. Seulement, dès les premières minutes de l'intrigue, on comprend que ce dernier meurt dans un accident de voiture, laissant son petit frangin seul face à l'inconnu, sur le rebord de peurs universelles. Un Vrai Bonhomme rappelle en effet la difficulté de trouver sa place dans le monde, dans le groupe, tout en étant en harmonie avec soi. Sur ces thématiques, l'ensemble s'avère juste et touchant.  

Un Vrai Bonhomme : vers le deuil de la masculinité

Si le deuil est prépondérant dans le scénario, matérialisé par le fantôme du frère qui va conseiller Tom au gré des obstacles quotidiens, Benjamin Parent ausculte une thématique plus intime avec une sincérité débordante : celle de l'adieu à la masculinité. Son scénario s'intéresse en effet à deux frères que tout oppose, surtout sur les sentiers de l'affirmation d'une certaine virilité. Tom -alter égo du cinéaste, qui dit s'être ouvertement inspiré de sa propre enfance pour construire ladite oeuvre- est chétif, un brin pusillanime et effarouché par l'adversité. Son frère, lui, n'a peur de rien. C'est un fonceur aguerri qui veut le transformer, comme l'indique le titre, en "vrai bonhomme", en mec courageux, fort, vaillant, capable de s'intégrer à une bande (sans être pris pour un boloss), de casser la gueule à ceux qui l'importunent et de rouler des mécaniques pour séduire ces dames. Parent nous rappelle pour l'occasion que la revendication d'une virilité toxique n'est pas sans entailles, sans plaies, sans douleurs, sans dégâts. Le combat entre la vraie nature de Tom et celle qu'on lui enjoint de revêtir est aussi passionnant qu'émouvant.  

Un Vrai Bonhomme : deux acteurs magnifiques 

Thomas Guy dans "Un Vrai Bonhomme". © Ad Vitam

Une des forces principales d'Un Vrai Bonhomme se tapit derrière les traits de ses deux acteurs principaux. Il y a d'abord Thomas Guy, révélé l'an dernier en ado surdoué et borderline dans L'Heure de la Sortie de Sébastien Marnier. Avec son visage angélique, renvoyant des raies de naïveté et de force intérieure, il incarne avec aplomb et sensibilité le héros, Tom. Il confirme à cet effet les espoirs placés en lui. A ses côtés, Benjamin Voisin illumine aussi le film en grand frère à la fois attachant et encombrant, toujours minutieusement greffé au cadre par le metteur en scène, à la manière d'un doux diable qui soufflerait à une oreille. Pour rappel, on avait pu l'admirer dans la mini-série Fiertés, réalisée par Philippe Faucon. Leur duo fonctionne à merveille. En arrière-plan, Isabelle Carré et Laurent Lucas jouent les parents et incarnent leur incapacité à comprendre véritablement ce qui s'installe dans l'esprit de leur enfant vivant. Ils forment une famille à laquelle on peut tous s'identifier et portent ce récit touchant vers des routes communes.  

"Un vrai bonhomme // VF"