GLORIA MUNDI, PROXIMA, CHANSON DOUCE : nos coups de cœur du 27 novembre

Allez à la rencontre d'une famille recomposée marseillaise frappée de plein fouet par le capitalisme. Entrez dans l'intimité d'une mère astronaute avant son départ en mission. Tremblez devant une nounou terrifiante. "Gloria Mundi", "Proxima" et "Chanson Douce" sont nos conseils ciné de la semaine.

GLORIA MUNDI, PROXIMA, CHANSON DOUCE : nos coups de cœur du 27 novembre
© Diaphana Distribution

Gloria Mundi de Robert Guédiguian

Un bébé vient de naître. C'est celui de Mathilda (Anaïs Demoustier). Et la vie qu'elle et son mari (Robinson Stévenin) –chauffeur VTC invalidé par une agression– lui proposent les démoralise. Sa mère (Ariane Ascaride), remarié à un homme aimant (Jean-Pierre Darroussin), l'aide comme elle peut. Sa sœur et son beau-frère, plus à l'aise financièrement, ne sont pas forcément enclins à la soutenir. Quand son père (Gérard Meylan) sort de prison, la famille recomposée se noie. Comme d'habitude, Robert Guédiguian convoque son épatante troupe de comédiens dans sa ville de cœur, Marseille. Ce drame, l'un des plus sombres de sa filmographie, ausculte la manière dont la violence sociale et les promesses tronquées d'un modèle économique carnassier condamnent chaque personnage à des réflexes individualistes, égoïstes, terribles. Gloria Mundi sonne comme un cri de rage contre un ordre que son cinéaste combat avec une caméra explosive. Et toujours touchante.

Avec Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin (1h47)

"GLORIA MUNDI // VF"

Proxima d'Alice Winocour

C'est, sans ambages, sa plus belle prestation cinématographique depuis le début de sa carrière. A l'aube de la quarantaine, Eva Green étincelle dans le rôle fortement césarisable de Sarah, une astronaute française sur le point de quitter la planète pour participer à une mission d'un an dans la galaxie. La cinéaste Alice Winocour, à qui l'on doit notamment le remarque Maryland, déserte les poncifs du film de l'espace pour s'intéresser avec précision à l'avant. Avant le décollage. Avant l'action. Avant cet instant par lequel commence généralement toute production de SF qui se situe hors de notre planète. Cette fois-ci, c'est en effet l'intime qui se confond au gigantesque. L'intime d'une femme qui s'entraîne sans relâche pour épouser ses ambitions tout en étant complètement déchirée intérieurement à l'idée de laisser sa petite fille derrière elle. En somme, un portrait sensible et délicat qui fait oublier quelques petites longueurs résiduelles.  

Avec Eva Green, Zélie Boulant-Lemesle, Matt Dillon (1h46)

"Proxima // VM"

Chanson Douce de Lucie Borleteau

Paul (Antoine Reinartz) est débordé par son boulot et son épouse Myriam (Leïla Bekhti), apathique, voudrait, quant à elle, reprendre son travail. L'un dans l'autre, ils estiment ne plus pouvoir s'occuper convenablement de leurs deux enfants en bas âge. Lessivés, ils engagent Louise (Karin Viard), une nounou en apparence expérimentée et incroyablement méticuleuse. A l'image de La Main sur la Berceau, Chanson Douce, adapté du roman homonyme de Leïla Slimani (Prix Goncourt 2016), s'articule autour de la figure de la nurse inquiétante et instille un suspense constant qui tient en haleine. Cette tension doit beaucoup à la prestation parfaite de Karin Viard, étonnante dans un rôle sombre, à contre-emploi de ceux dans lesquels on la voit habituellement. Si l'ensemble manque d'ampleur dans la mise en scène, le spectateur aura tout de même l'échine glacé, surtout lors des inoubliables dernières minutes.   

Avec Karin Viard, Leïla Bekhti, Antoine Reinartz (1h40)

"Chanson douce // VF"