GLORIA MUNDI : 3 bonnes raisons de vous émouvoir chez Robert Guédiguian

En salles le 27 novembre, "Gloria Mundi", la nouvelle réalisation de Robert Guédiguian, nous plonge dans les affres d'une famille qui perd pied. Une oeuvre passionnante cristallisant les inquiétudes du cinéaste face à une réalité socio-économique toujours plus violente.

GLORIA MUNDI : 3 bonnes raisons de vous émouvoir chez Robert Guédiguian
© Diaphana Distribution

Gloria Mundi, un récit familial dense

Comme (presque) toujours chez Robert Guédiguian, l'intrigue de Gloria Mundi se situe à Marseille. Tout commence par une naissance, un moment de gloire, de joie, qui ne garantit hélas pas le prolongement du bonheur. Mathilda (Anaïs Demoustier) donne vie à une fille à qui elle et son mari (Robinson Stévenin) –chauffeur VTC invalidé par une agression– ne peuvent offrir un quotidien suffisamment confortable. Sa mère (Ariane Ascaride), remarié à un homme aimant (Jean-Pierre Darroussin), l'aide comme elle peut, quitte à sombrer dans l'égoïsme. Sa sœur et son beau-frère, plus à l'aise financièrement, ne sont pas forcément enclins à l'aider. Bientôt, le gouffre s'ouvre davantage… Quand son père (Gérard Meylan) sort de prison après avoir été incarcéré de longues années, ladite famille recomposée prend l'eau pour plonger le spectateur dans ses profondeurs. Grâce à une écriture précise et ciselée, ce drame met en lumière les ténèbres de la nature humaine de chacun, rendant l'expérience aussi touchante qu'éprouvante.    

Gloria Mundi, un cri de rage contre le monde actuel

A la base, Robert Guédiguian voulait réaliser une comédie. C'est l'état du monde, déliquescent et gangréné par les extrêmes, qui l'a poussé à ce portrait familial tourmenté. Ou comment une smala nucléairement soudée va se faire contaminer par le monstre invisible du film : le capitalisme, glouton, impitoyable. Lequel pousse chaque membre de la famille à un repli sur soi, à une attitude égocentrique, individualiste… Ici, le plus marseillais de nos réalisateurs tire la sonnette d'alarme en regrettant le suivisme aveugle des classes populaires face à un système qui les pousse à l'usure, à l'épuisement, vers l'obscurité. Comme Ken Loach avec Sorry we Missed you, il déplore l'ubérisation carnassière de la société en investissant l'intimité de ses personnages. C'est entre leurs quatre murs que, d'ailleurs, la suffocation se fait le mieux sentir. Pas sûr que ça l'ait complètement calmé, mais le cri de Guédiguian est ici assez fort pour vous saisir aux tripes.     

Gloria Mundi : un casting royal

Il le dit volontiers ! Pour faire un bon film, qui touche les gens, il faut un scénario efficace et surtout de bons comédiens. Ça tombe bien, ses acteurs sont tellement excellents qu'il les fait tourner depuis un bail. A commencer par son trio de tête –Ariane Ascaride, Gérard Meylan, Jean-Pierre Darroussin– qui sont à Robert Guédiguian ce que la Tour Eiffel est à Paris. Il y a aussi la nouvelle génération avec Anaïs Demoustier, Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stévenin et Lola Naymark, qui ont tous tourné quatre fois sous sa houlette. C'est sûrement cette entente précieuse qui rend le rendu à l'écran aussi déconcertant de naturel, de spontanéité, de vérité. La direction d'acteurs, ici impeccable (comme d'habitude), s'articule finalement sur la maman, impérialement interprétée par Ariane Ascaride. Un personnage de mère souvent odieuse, toujours aimante avec ses enfants, qui lui a valu la Coupe Volpi de la Meilleure Actrice au dernier Festival de Venise.     

"GLORIA MUNDI // VF"