GLORIA MUNDI et l'avant-garde du cinéma de Robert Guédiguian
En salles le 27 novembre, "Gloria Mundi" de Robert Guédiguian dresse le portrait sombre d'une famille cancérisée par la violence socio-économique. Le cinéaste y dirige une nouvelle génération d'acteurs qu'il a réussi à faire sienne.

Ils s'appellent Anaïs Demoustier, Robinson Stevenin, Grégoire Leprince-Ringuet et Lola Naymark. Ils sont, en quelque sorte, les nouveaux Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin et Gérard Méylan de Robert Guédiguian. Ils font désormais partie de cette belle smala, celle que le plus marseillais de nos réalisateurs porte à l'écran et dans son cœur. Dans Gloria Mundi, son nouveau film, le quatuor en question brille dans l'obscurité d'une famille qui prend l'eau, de toute part, rattrapée par les déconvenues économiques. Retour sur ces quatre profils qui font le sel de ce drame choral touchant.
Anaïs Demoustier
C'est le quatrième film qu'elle tourne avec Robert Guédiguian depuis Les Neiges du Kilimandjaro en 2011. A 32 ans, la belle et talentueuse Anaïs Demoustier connaît une belle année 2019. Récemment vue face à Fabrice Luchini dans l'épatant Alice et le Maire, où elle incarne une philosophe plongée au cœur de l'exercice du pouvoir, l'intéressée brille dans Gloria Mundi sous les traits d'une mère désœuvrée, qui essaye de garder la tête hors de l'eau. A deux comédies populaires près, Demoustier a consacré toute sa filmographie, depuis ses débuts en 2000, à des auteurs de premier plan : Christophe Honoré, Rebecca Zlotowski, Bertrand Tavernier, François Ozon, Valérie Donzelli ou encore Jérôme Bonnell. Sa rencontre artistique avec Guédiguian s'inscrivait donc dans une certaine logique des choses.

Robinson Stevenin
Son nom, c'est tout un pan du cinéma français. Fils du réalisateur et acteur Jean-François Stévenin, demi-frère de Sagamore Stévenin et frère de Salomé Stévenin et Pierre Stévenin, Robinson Stévenin évolue loin du star-system. En cela, il s'ancre parfaitement dans le cinéma à échelles humaine et familiale de Robert Guédiguian, qui l'a dirigé quatre fois, en incluant Gloria Mundi, dans lequel il incarne l'époux d'Anaïs Demoustier, invalidé par une agression et plongé dans une période de chômage meurtrissante. Plutôt rare au cinéma, toujours à l'écart des projets commerciaux, l'intéressé tisse avec efficacité et discrétion une carrière où l'on croise des noms tels que Werner Schroeter, Jean-Pierre Améris, Valéria Bruni Tedeschi ou Jean-Pierre Mocky. Pour rappel, il a reçu le César du meilleur espoir en 2012 pour son rôle dans Mauvais Genres de Francis Girod.
Grégoire Leprince-Ringuet
Et de quatre également pour Grégoire Leprince-Ringuet, qui retrouve ici son cinéaste fétiche, Robert Guédiguian, dans la peau du beau-frère d'Anaïs Demoustier. Soit un jeune homme marié, séducteur et en situation professionnelle parfaitement stable. Membre du chœur d'enfants de l'Opéra de Paris de 1998 à 2002, l'acteur a poussé la chansonnette au cinéma dans Les Egarés d'André Téchiné (il sera nommé aux César) et Les Chansons d'Amour de Christophe Honoré. Comme ses deux comparses précédents, Leprince-Ringuet, qui s'est essayé à la réalisation en 2016 avec La Forêt de Quinconces, est indissociable du cinéma d'auteur -et de sa voix douce et fredonnante. Il s'est notamment illustré dans Selon Charlie de Nicole Garcia, La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier ou récemment La Douleur d'Emmanuel Finkiel.

Lola Naymark
Sur les douze films qu'elle a tournés, on l'a admirée quatre fois chez Robert Guédiguian. Elle aussi est une habituée de la "bande". Meilleur espoir féminin en 2004 pour Brodeuses d'Eléonore Faucher (ex æquo avec Marilou Berry), dans lequel elle épatait sous les traits de Claire Moutiers, Lola Naymark a su également s'illustrer au théâtre, comme en 2012, où elle incarnait Emilie dans l'adaptation des Liaisons dangereuses par John Malkovich au Théâtre de l'Atelier de Paris. Avec son jeu à fleur de peau, son naturel confondant, la jeune femme, 32 ans, mérite encore bien plus d'égards de la part du cinéma. Un art qui n'a clairement pas fini d'être irradié par son aura. A bons entendeurs, salut !