DERNIER AMOUR et M : nos coups de cœur ciné du 20 mars 

Allez à la rencontre d'un Casanova pas tout à fait comme les autres, laissez-vous embarquer le temps d'un voyage méandreux au cœur de l'indicible… "Dernier Amour" et "M" sont nos conseils ciné de la semaine !

DERNIER AMOUR et M : nos coups de cœur ciné du 20 mars 
© Diaphana Distribution

Dernier Amour de Benoît Jacquot

Dans l'inconscient collectif, Casanova est un mâle alpha dominant qui, l'air de rien, fait converger les désirs de toutes ces dames. Ce cliché qui colle à la peau du célèbre vénitien, le cinéaste Benoît Jacquot, grand fan de ses Mémoires, a voulu l'écorner en investissant un tronçon de sa vie méconnu du grand public. Le héros apparaît ainsi à Londres, en exil, à des kilomètres d'une Cité des Doges où tout lui était acquis d'avance. Il ignore les codes de la ville, doit s'adapter, se reconstruire. Mais tout y bascule lorsqu'il rencontre la Charpillon (incarnée par la magnifique Stacy Martin), une jeune courtisane qui va résister à ses multiples avances au point de le consumer. Dans la peau de Casanova, Vincent Lindon parvient à imprimer toute l'impuissance et la passion possibles à son jeu amoureux du chat et de la souris. Dans un décor magnifique, éclairé par la lumière inspirée de Christophe Beaucarne, Benoît Jacquot filme la solitude, les failles et les doutes d'un homme décentré de ses repères pour mieux épouser ses propres craintes existentielles. En cela, il livre un portrait inattendu qui contrevient à toutes les peintures artistiques faites à la gloire d'un tombeur… au talon d'Achille. Ce film en costumes donne par ailleurs la furieuse envie de s'emparer des Mémoires de Casanova et de les lire dans leur intégralité. Pari accepté. 

Avec Vincent Lindon, Stacy Martin, Valeria Golino (1h38), disponible en DVD et VOD

"Dernier amour // VF"

M de Yolande Zauberman

© New Story

C'est probablement l'un des documentaires les plus forts de ce début d'année ! Dans le sillon de Grâce à Dieu et d'une libération de la parole qui s'opère par l'échancrure des caméras, M de Yolande Zauberman s'intéresse à une affaire qui a ébranlé la société israélienne. Celle de Menahem Lang, alias M –en référence au titre du film. Enfant, ce dernier excellait dans les chants liturgiques. Sa voix d'or émerveillait les habitants de Bneï Brak, la capitale mondiale des Juifs ultra-orthodoxes. Plus tard, avec le concours du cinéaste Amos Gitaï, il s'affranchira de cette communauté, coupera ses papillotes et délaissera ses habits religieux pour devenir acteur à Tel-Aviv. Ragaillardi et plus fort, il ira même jusqu'à exhumer d'horribles secrets d'enfance à la télévision, provoquant un tollé. Menahem a en effet été abusé sexuellement par des religieux de Bneï Brak et ce documentaire de Zauberman suit, dix ans après sa désertion, son retour au sein d'une communauté avec qui il a tout autant envie de régler ses comptes que de faire la paix. Sans être anti-religieuse, cette œuvre oppressante sidère par les confrontations qu'elle engendre et par l'exceptionnelle teneur des mots qu'elle fait fleurir. Mots douloureux. Mots de réconciliation. Dans les deux cas, c'est bouleversant. A ne pas manquer. 

Avec Menahem Lang (1h46)