"Le film privilégie l'action à la psychologie des personnages" "Les acteurs choisis font partie de familles de cinéma différentes"

fanny valette
Fanny Valette © Patrick Muller

Michaël Youn est davantage connu pour ses rôles comiques. Comment est-il arrivé sur le film ?
Jérôme Cornuau : Il est arrivé par le biais de la productrice du film, Brigitte Maccioni, d'UGC. Moi, j'étais parti sur un casting plus traditionnel. J'imaginais, sans forcément les avoir contactés, des acteurs qu'on voit plus dans des drames psychologiques classiques. Elle a pensé à Michaël Youn qu'elle connaissait. Elle lui a fait lire le scénario et quand elle me l'a dit, j'étais un peu surpris. Puis, je l'ai rencontré. Il m'a parlé du film, de la façon dont il l'avait lu, comment il l'imaginait, et on n'était en totale concordance. J'ai aussi vu ses films, ce que je n'avais pas fait auparavant et ce qui m'a permis de voir que c'était un comédien à part entière. Il composait des personnages avec une obsession du détail qui me convenait complètement. Lorsqu'on s'est rencontré, il m'a convaincu quasiment dans l'instant.
Michaël Youn : Ce n'est pas un virage, ce n'est pas un tournant, ce n'est même pas pour essayer de démontrer quelque chose. C'est juste qu'on m'a envoyé un scénario formidable, que je suis un garçon curieux et j'espère un artiste libre. J'ai eu envie de faire partie de cette histoire et de camper ce personnage. Si demain, Ben Affleck m'appelle pour faire The Town 2, je le ferai. Si le producteur Broccoli m'appelle pour faire un méchant dans James Bond, je le ferai. Ces gens-là ne vont pas m'appeler, mais je tournerai avec plaisir pour Chéreau, Audiard ou David Fincher. Sans aucun problème ! Mon film suivant est une comédie et peut-être que celui d'après sera une comédie romantique. Jusqu'à présent, ce métier m'a réservé des surprises assez incroyables. J'ai commencé en 1997 en faisant de la radio. J'étais journaliste sportif et j'ai fait un tel tour de manège que, pour l'instant, je ne présage de rien. En 2000, j'étais l'animateur téle qui courrait en string en criant dans un mégaphone. Aujourd'hui je parle de La Traversée, d'un père qui a perdu sa fille. A ta grande surprise, ce métier te fait faire des grands écarts et je préfère attendre que ça se présente plutôt que d'anticiper. Demain, peut-être que je vais faire un film en Espagne, qu'on va me trouver formidable, et après ne plus tourner que là-bas. Et puis peut-être que ça va s'arrêter demain et que je deviendrai réalisateur de publicités. Je n'ai pas de plan de carrière.


emilie dequenne
Emilie Dequenne © Patrick Muller

Comment s'est passée la rencontre avec vos deux autres partenaires féminines, Fanny Valette et Emilie Dequenne ?
Michaël Youn : Je connaissais évidemment Emilie, mais pas Fanny. J'étais très content d'avoir des partenaires féminines. Je n'ai d'ailleurs quasiment que cela sur le film. Elles m'ont accepté tout de suite, sans rapport de séduction homme-femme ce qui est rare. On n'en avait pas dans le film, donc ça aide aussi à ne pas en avoir sur le plateau. Et puis, ce sont deux femmes, deux façons de jouer, deux univers complètement différents. L'une très douce, très maternelle, l'autre très électrique, hystérique, très femme fatale. Vous avez deviné laquelle est laquelle ! (Rires) On a passé de très bons moments, très studieux, très calmes, très posés. C'était un tournage très adulte, très mûr déjà. J'en garde un très bon souvenir.
Jérôme Cornuau : Fanny Valette, la première fois que je l'ai vue, c'était dans une pièce, Le Vieux Juif blonde, où elle avait repris le rôle de Mélanie Thierry. Je lui avais proposé un film à un moment et puis j'étais parti sur quelqu'un d'autre, mais j'avais aimé la rencontre. Là, elle présentait la fragilité qu'avait le personnage et, en même temps, on apercevait chez elle une sorte de force intérieure assez impressionnante. Donc je l'ai recontactée et elle a fait des essais superbes. Une fois Michaël Youn choisi, je cherchais l'actrice pour interpréter sa femme et des familles différentes de cinéma. Donc Emilie Dequenne, il me paraissait intéressant de l'associer à Michaël, et Fanny, qui fait partie encore d'une autre famille, de l'associer également à lui, mais en contraste.

C'est assez étrange d'ailleurs d'avoir choisi Emilie Dequenne pour jouer le personnage de la mère bouleversée par la disparition de sa fille après son rôle de mère infanticide dans A perdre la raison, non ?
Jérôme Cornuau : Au moment où j'ai proposé le film à Emilie, elle n'avait pas encore tourné le film de Joachim Lafosse et ce n'est qu'en préparation qu'elle m'a dit qu'elle allait faire ce film. Ce sont les hasards des tournages ! Effectivement, maintenant ça crée des résonnances particulières... En fait, j'ai pensé à Emilie parce que je trouve que c'est une actrice remarquable et j'aimais bien son image qui est en contraste total avec celle de Michaël. Je trouve qu'ils forment un couple assez crédible en fait.

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