Violences, appels au viol : les Tunisiennes veulent "nettoyer" le pays
Des militantes de #EnaZeda, pendant tunisien de #MeToo, ont manifesté le 30 novembre dans les rues de Tunis pour réclamer l'égalité des sexes et la fin des violences faites aux femmes. Elles souhaitent que les lois votées en 2017 soient mises en application et que les crimes ne restent pas impunis.
Les Tunisiennes sont les grandes oubliées du gouvernement et des lois. Alors que plusieurs faits de féminicides et appels au viol ébranlent le pays, les militants ont décidé de se mobiliser durant 16 jours. Samedi 30 novembre, les rues de la capitale tremblaient aux sons des revendications. "A bas le patriarcat", "Nous voulons une vraie égalité, pas seulement sur le papier", "Nettoyer la Tunisie des violences contre les femmes", pouvait-on lire sur les pancartes, d'après Le Monde Afrique.
#EnaZeda, la lutte contre les violences sexuelles envers les femmes et enfants, contre le harcèlement et les discriminations, la lutte pour les droits des ouvrières agricoles, toutes ces causes étaient rassemblées lors de la manifestation contre les violences samedi #Tunisie pic.twitter.com/OiY5kZDq6c
— Blaise lilia (@liliagaida) November 30, 2019
#EnaZeda, la révolution féministe en marche en Tunisie
Fin du harcèlement, des discriminations, davantage de droits : les revendications sont multiples et les langues commencent à se délier, via les réseaux sociaux. Le compte Facebook #EnaZeda, le #MeToo tunisien, compte déjà 25 000 membres ! Une réponse au manque d'efficacité de la loi dite 58, votée en 2017 et censée protéger les femmes victimes d'agressions sexuelles et des violences.
Fin octobre, le Centre de recherche, d'études, de documentation et d'information sur la femme (Credif), institution gouvernementale, a lancé une campagne de sensibilisation sur le harcèlement sexuel dans les transports en commun. Mais pour les militants, les gouvernants se doivent de montrer l'exemple en étant irréprochables, ce qui est (pour l'instant) loin d'être le cas : en effet, Zouhair Makhlouf, un député, a récemment été pris en photo en train de se masturber dans sa voiture, stationnée devant un lycée.
"Même si les femmes ont brisé le mur du silence en portant d'avantage plainte ou en parlant sur les réseaux sociaux à travers #EnaZeda, il y a une banalisation très inquiétante de la violence et du discours de haine comme le montre cette dernière affaire , déplore Yosra Frawes, présidente de l'association tunisienne des femmes démocrates au Monde.
Violences faites aux femmes en Tunisie : le combat des militants
De minces progrès ont tout de même fait leur apparition, depuis le vote de la "loi 58", puisque 6 centres d'hébergements ont été ouverts dans le pays. Mais les plaintes et appels pour violences conjugales se multiplient et l'absence de chiffres ne permet pas de de déterminer l'efficacité de ces procédures. Selon les données du Ministère de la Femme, rappelées dans Le Monde, 25 000 plaintes ont été déposés pour violences en 2018 contre 40 000 de 2018 à mai 2019.