Gaëtane Thiney : "Il faut sensibiliser au dépistage du cancer du sein"

Marraine du projet "les Boucles Roses", la footballeuse Gaëtane Thiney s'engage pour Octobre Rose et le dépistage du cancer du sein. Pour le Journal des Femmes, cette belle Bleue revient sur sa carrière, la Coupe du Monde 2019 et l'évolution du football féminin en France.

Gaëtane Thiney : "Il faut sensibiliser au dépistage du cancer du sein"
© MVI Production

Gaëtane Thiney a fait briller les yeux des Français lors de la Coupe du Monde féminine en juin 2019. Pour Octobre Rose, cette pétillante attaquante de 33 ans a choisi de s'engager à travers le projet les Boucles Roses, opération lancée dans les salons de coiffure, qui s'est finalisé par une course à Boulogne-Billancourt, le 27 octobre, au profit de l'association Solidhair (prothèses capillaires).
La sportive (Milieu offensif) a également souhaité compter ses kilomètres effectués lors de ses matchs et entraînements quotidiens : au total ce sont 96 km transformés en cagnotte pour la lutte contre le cancer du sein. Rencontre. 

Vous êtes la marraine d'un projet solidaire pour le dépistage du cancer du sein, pourquoi cette cause vous tient-elle tant à cœur ?
Gaëtane Thiney :
J'ai personnellement été touchée par le cancer dans mon cercle familial, Je suis contente d être la figure d'un tel projet, ça me permet de mettre ma notoriété à profit. Je suis ravie que l'on puisse compter sur moi et mes valeurs.  

Comment encourager les femmes à se faire dépister ?
Gaëtane Thiney :
Je pense qu'il y a encore un manque d'information. Je côtoie des femmes tous les jours dans mon quotidien et dans le vestiaire, c'est un sujet encore très lié à la pudeur. Il faut sensibiliser et informer, c'est la meilleure des solutions.

Vous êtes une figure emblématique du foot féminin, comment avez-vous réagi à l'annonce de votre sélection en équipe de France ?
Gaëtane Thiney : 
C'était beaucoup d'émotions. J'ai 33 ans, je suis à une période charnière de ma carrière et même si je ne me mets jamais trop de limites, c'était assez exceptionnel de pouvoir vivre une 3e coupe du monde. Il y a eu beaucoup d'énergie déployée pour cette sélection, c'était mon objectif.

© Les Boucles Roses

Quel a été l'accueil du public ?
Gaëtane Thiney :
C'était un engouement populaire extraordinaire. Lorsque l'on a vu le parc des princes rempli, c'était fou. Malgré la déception des quarts de finale, on a donné du bonheur et de l'émotion aux gens, c'est le plus important.

Comment gardez-vous la tête sur les épaules (et les pieds sur le terrain ?)
Gaëtane Thiney :
Je suis très simple, très authentique. Ce qui a été le plus difficile pour moi c'est de mettre autant d'énergie, de me dépasser physiquement sans atteindre mon objectif sportif. Il a fallu décompresser un peu en rentrant. Mon entourage me protège de la sur-médiatisation. Mais j'ai été très contente de retrouver mes coéquipières du Paris FC et j'avais envie de jouer à nouveau.

Vous évoluez au sein du Paris Football Club et travaillez au sein de la Fédération Française du Football : pourquoi avoir gardé votre emploi ? 
Gaëtane Thiney :
Je suis conseillère technique à la Fédération et je m'occupe du développement du football pour les enfants de 5 à 13 ans. Pour être performante, j'ai besoin d'un équilibre, de faire autre chose que du football pour enrichir mes  compétences d'organisation, de méthodologie… et me développer en tant que femme. 

Y-a-t-il des tabous dans le football féminin ? 
Gaëtane Thiney :
Le football est le reflet de la société. Ça évolue, notamment avec des femmes comme Megan Rapinoe et l'équipe américaine. Elles ont du caractère, ce sont des joueuses et des personnalités matures qui sont devenues des symboles. En France, il y a une évolution ultra positive du foot féminin grâce à cette dynamique où le sport et la femme deviennent un phénomène important. Ce n'est pas réservé qu'aux hommes.

"J'aime faire la fête, bien manger… "

Comment conciliez-vous plaisir personnel et hygiène de vie ?
Gaëtane Thiney :
J'optimise mon temps en gardant en tête que mon but premier est la performance. Rien n'est fait au hasard. J'adore aller au restaurant : j'y vais une à deux fois par semaine. Je m'autorise quelques excès, pour me faire du bien à la tête sans être contre-performante. J'aime faire la fête, bien manger… Et pour l'instant l'équilibre fonctionne puisque je n'ai jamais été blessée.

A 33 ans, songez-vous à la maternité ?
Gaëtane Thiney :
Ca ne sera pas tout de suite puisque je viens de signer à nouveau pour deux ans. J'aimerais que les choses évoluent, qu'on puisse penser à celles qui veulent avoir des enfants et revenir ensuite en compétition. Au-delà de ça, il faudrait un système plus adapté à la maternité : lorsqu'on part une semaine, dix jours en club ou en équipe de France on ne peut pas laisser son enfant. Outre-Atlantique, il y a des baby-sitters dans le staff, en France pas encore, j'espère que cela arrivera. Tout est faisable !