3919 : Le président Macron assiste en direct à la non-assistance d'une victime
C'est une scène tristement commune à laquelle Emmanuel Macron a assisté. Le mardi 3 septembre, le chef de l'Etat s'est rendu au centre d'appel du 3919 et a été témoin de la non-assistance d'un gendarme à une victime.
Le jour du lancement du 1er Grenelle des violences conjugales, Emmanuel Macron se rend dans le 19e arrondissement de Paris, au centre d'appel du 3919, afin de dire son soutien et son engagement contre les violences faites aux femmes. Pour cette visite, "seuls deux journalistes de l'AFP et de Libération" accompagnent le président, assure FranceInfo. Saluant les écoutantes de la plateforme téléphonique, Emmanuel Macron est invité à écouter une conversation entre une victime (qui n'est pas au courant de la présence du président) et une standardiste du 3919, à l'aide d'un casque double.
Centre d'appel du 3919 : Emmanuel Macron "indigné" par la non-assistance d'une victime
Au bout du fil, une femme de 57 ans victime d'un mari violent qui souhaite se rendre chez elle pour prendre quelques affaires."Vous êtes à la gendarmerie ? Vous êtes en danger, votre mari est au domicile. Les gendarmes peuvent vous accompagner", indique calmement Elena, écoutante depuis 20 ans. Ce à quoi elle répond que la maréchaussée, qui l'a déjà accompagnée une première fois lors de son déménagement, refuse de l'assister pour repasser au domicile familial, où son mari vit toujours.
L'écoutante tente de rappeler au gendarme qu'il est de leur devoir de protéger et servir, tandis que le chef de l'Etat arbore une mine agacée face au refus d'intervenir de la gendarmerie. Au 3919, l'écoutante change de méthode :"Est-ce que le colonel veut bien me parler ? Non ? Et il vient de sortir ?"
Elena essaye de raisonner le gendarme pour qu'il vienne en aide à cette pauvre femme, mais le refus est catégorique.
"Il faut un ordre d'huissier. Et ce n'est pas dans le Code pénal", se serait-il justifié au téléphone selon l'AFP. Emmanuel Macron,"indigné", secoue la tête mais reste muet.
L'écoutante, elle, s'insurge durant près d'un quart d'heure contre ce refus d'obtempérer : "Mais c'est votre mission de porter assistance aux personnes en danger. Non, je ne veux pas vous apprendre votre métier... Cette dame est menacée de mort, vous attendez qu'elle soit tuée ? Non, je ne suis pas sourde... !"
Emmanuel Macron face à la "mauvaise volonté" d'un gendarme
Visiblement énervé, Emmanuel Macron reste silencieux, mais saisit un calepin sur lequel il note quelques arguments afin de convaincre le gendarme. "L'huissier appliquera une décision de justice. C'est au gendarme de la protéger dans un contexte où le risque est évident", peut-on lire. "Non il n'y a pas besoin d'un huissier de justice", rétorque Elena l'écoutante, "c'est le droit, pas la justice pénale". Avant de conclure : "Je pense que c'est de la mauvaise volonté". Elle aiguille la victime vers une association locale qui pourra l'aider et souhaite une bonne journée au gendarme, avant de raccrocher.
"Ça vous arrive souvent, ça ?", demande alors le chef de l'Etat. "Oh oui, et de plus en plus", déplore l'écoutante qui ajoute : "Dimanche, la gendarmerie a refusé de prendre la plainte d'une dame".
Les conclusions du président ne se font pas attendre : "Il n'était pas agressif. Il dit juste qu'il n'y a rien dans le Code pénal de prévu [...] C'est un problème de formation et de perception du danger, pas de décret ni de loi." La gendarmerie a ouvert une enquête à la suite de cette affaire.
D'après l'AFP, la plaignante avait porté plainte en juillet dernier pour violences avec ITT inférieure à 8 jours et menaces de mort, puis en août pour injures. Son conjoint est convoqué mi-septembre pour comparaître devant un délégué du procureur. Il a déménagé du domicile, aujourd'hui mis en vente.