3, 7 millions de demandeurs d'emplois... Quel avenir pour les Français ?

Au mois de mars, le nombre de chômeurs a bondi de  7 %, en France. Un bien triste record, puisqu'il s'agit de la "plus forte hausse depuis le début de la série en 1996", a expliqué le ministère du Travail. Le nombre des inscriptions à Pôle Emploi a également augmenté de 5, 5%, toutes catégories confondues. La France compte désormais 3, 7 millions de demandeurs d'emploi. "Le chômage augmente parce que les entreprises, dans le contexte actuel, n'embauchent plus, mais pas parce qu'elles licencient massivement", a précisé le ministère.

Alors que 10,8 millions de salariés sont au chômage partiel en France en raison des mesures de confinement, nous assistons à un recul historique du nombre de déclarations d'embauches, qui ont diminué de 22,6% en mars, à environ 6,1 millions, selon les chiffres publiés par l'Agence centrale des organismes de sécurité sociale.

Un scénario catastrophe

Malheureusement, l'optimisme n'est pas à l'ordre du jour, puisque selon les prévisions de l'agence de notation financière Fitch Ratings, l'année 2020 se terminera sur une récession économique, avec une baisse de 7 % du PIB en France. Quant au taux de chômage, il devrait s'élever à 11 %, alors qu'il était de 8,1 % au quatrième trimestre 2019, d'après l'Insee.

A court terme, l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) prévoit 460 000 demandeurs d'emploi supplémentaires entre la mi-mars et la mi-mai.

Vers une adaptation des règles d'assurance-chômage ?

Pour tenter de pallier ces difficultés, la ministre du Travail Muriel Pénicaud envisage une discussion avec les partenaires sociaux afin "d'adapter rapidement nos règles d'assurance-chômage" à la situation, a-t-elle expliqué dans un communiqué, sans ajouter de précisions.

Le ministère du Travail a toutefois exhorté Pôle Emploi à continuer de verser l'allocation chômage aux inscrits en fin de droit. "Cela concerne plusieurs centaines de milliers de personnes, dont les intermittents du spectacle par exemple", a expliqué Yves Veyrier, secrétaire général de FO, aux Echos.

Quels sont les secteurs qui recrutent ?

La baisse de l'activité économique devient une préoccupation mondiale. Mais étonnamment, certains secteurs nagent à contre-courant et recrutent davantage depuis le confinement. 

D'abord, ce sont les hôpitaux et autres établissements de santé qui ont désespérément besoin de bras en plus, en pleine crise du coronavirus. "Les secteurs qui manifestent le plus de besoins de recrutement en ce moment sont logiquement ceux en première ligne face à la crise sanitaire: le domaine de la santé, l'action sociale et l'aide à la personne", a détaillé à l'AFP Catherine Poux, la directrice des services aux entreprises de Pôle emploi.

Les annonces déposées sur la plateforme mobilisationemploi.gouv.fr ont été analysées et, résultat des courses, plus de 13 000 offres d'emploi (presque autant de contrats saisonniers que de CDD et CDI) étaient en ligne, le 24 avril.

Les secteurs "essentiels" en manque de bras

Les offres d'emploi dans les secteurs dits "essentiels", qui maintiennent leur activité pendant le confinement, sont également en recherche active de main d'œuvre, presque autant que dans le domaine médical. "En deuxième ligne, il y a ceux qui contribuent à la chaîne alimentaire, comme le commerce alimentaire, l'industrie agroalimentaire et l'agriculture", a ajouté la directrice des services aux entreprises de Pôle emploi.

Psychologues et cadres informaticiens, vous êtes sollicités ! 

Outre le personnel médical, ce sont également les psychologues, qui, en ces temps tumultueux et instables, sont particulièrement demandés au sein des hôpitaux. "On remarque une forte demande de personnels soignants dans les Ehpad et hôpitaux mais aussi et surtout de psychologues", a insisté le responsable entreprise de Pôle emploi à Guingamp (Côtes d'Armor), Bertrand Quemard. Et d'ajouter : "On voit également que les entreprises dans le bâtiment commencent progressivement à reposer des offres d'emploi pour préparer l'après-crise sanitaire".

Du côté des cadres, les offres d'emploi ne sont pas florissantes, puisque selon l'Apec (Association pour l'emploi des cadres), celles-ci ont baissé de 40% en mars. Néanmoins, le secteur informatique fait exception à la règle. "Toutes les strates internet sont sollicitées en ce moment avec le télétravail. Il y a une demande accrue pendant la crise", a expliqué Yann Lechelle, PDG de Scaleway.

C'est peut-être étonnant, mais dans certains cas, confinement peut rimer avec recrutement...