Enlèvement de Mia : qui est (vraiment) le gourou Rémy Daillet-Wiedemann ?
Les ravisseurs de la petite Mia auraient été influencés par Rémy Daillet-Wiedemann, complotiste et anarchiste, actuellement exilé en Malaisie. Un mandat d'arrêt international a été lancé contre lui. Mais qui est donc cet ancien homme politique qui appelle à "renverser" le système ?
Il est complotiste, anarchiste, anti-masque, anti-avortement, anti-système... Rémy Daillet-Wiedemann fait l'objet d'un mandat d'arrêt international pour "enlèvement en bande organisée d'une mineure de 15 ans" et "association de malfaiteurs" , alors qu'il est actuellement exilé en Malaisie. Il est soupçonné d'avoir influencé les ravisseurs de la petite Mia, retrouvée dans un squat en Suisse avec sa mère Lola Montemaggi.
Le complotiste a d'ailleurs tenu à rectifier, auprès de BFMTV, qu'il ne s'agissait pas "d'un enlèvement mais d'une restitution d'un enfant à sa maman à sa demande".
Le Parisien précise que les trois hommes responsables de l'enlèvement de la fillette ont cité son nom plusieurs fois au cours de leur garde à vue. Mais qui est donc cette sorte de gourou de masses ?
Rémy Daillet-Wiedemann, éjecté du MoDem
Rémy Daillet-Wiedemann, fils de l'ancien député UDF Jean-Marie Daillet, a d'abord endossé l'habit de président du MoDem de Haute-Garonne à la fin des années 2000, avant d'être exclu du parti en 2010.
A l'époque, il avait enregistré en secret les conversations qui se sont tenues au cours d'un conseil national. "Il ne comprenait pas qu'on puisse passer des années à coller des affiches et à écouter. C'est quelqu'un avec le sens du spectacle et qui venait d'une autre planète. Son passage au MoDem a fini en eau de boudin et ces écoutes, ça doit être la dernière fois où j'ai entendu parler de lui", a expliqué une ancienne membre du MoDem à StreetPress.
Théories complotistes et école à la maison
Désormais, l'ancien homme politique réside en Malaisie.
Il poste plusieurs vidéos dans lesquelles il expose ses théories complotistes et a une base d'auditeurs de plus en plus large, notamment depuis la pandémie.
L'homme de 54 ans s'oppose catégoriquement au port du masque, au confinement, mais aussi au vaccin.
Sur son site Internet, il appelle au "renversement du gouvernement de la République française" qu'il décrit comme "totalement vendu aux puissances d'argent".
Le chantre du complotisme, qui défend ardemment le principe de l'école à domicile et affirme que le fait de mettre son enfant dans un établissement scolaire "nous fait perdre une liberté", est également propriétaire d'un site consacré à l'enseignement à domicile. Il vend des livres et des séances de coaching à distance, pour apprendre à faire l'école à la maison... à 175 € la séance
"Toutes les mamans sont des enseignantes", lit-on notamment sur son site. Voilà qui a certainement séduit la mère de Mia, qui avait enlevé sa fille pour ne plus vivre "sous les radars de la société", avait expliqué le procureur Nicolas Heitz.
Rémy Daillet-Wiedemann : xénophobie assumée
En plus de ses élans misogynes et anarchistes, sur ses plateformes, Rémy Daillet-Wiedemann tient des propos clairement xénophobes. Il fustige "l'invasion migratoire qui décapite l'Afrique" et incite à dégrader les monuments mémoriels de la Seconde guerre mondiale, assumant sans vergogne ses propos négationnistes.
"La France est morte, certes, mais elle va ressusciter. Je serai l'humble élément déclencheur qui entraînera tout le reste", déclare-t-il sans s'encombrer d'une quelconque modestie.
Et son influence est grandissante. En novembre, une attaque de gendarmerie à Dax, dans les Landes, avait été perpétrée par un homme atteint de problèmes psychiatriques, qui affirmait que l'élément déclencheur qui l'a poussé au passage à l'acte avait été... la rhétorique anti-système de Rémy Daillet-Wiedemann sur la Toile.
A-t-il joué un rôle dans l'enlèvement de Mia ?
Alors, outre l'influence indirecte qu'il a pu avoir sur les trois ravisseurs de la petite Mia, Rémy Daillet-Wiedemann est-il intervenu dans la mise en place de l'enlèvement? "Rien ne permet de l'établir à ce stade", a assuré une source proche de l'enquête.
Les trois ravisseurs de Mia n'étaient pas en contact avec sa mère, mais auraient reçu une "commande" d'enlèvement, qui pourrait avoir été effectuée par Rémy Daillet-Wiedemann et mise en application par un certain "Bouga", toujours selon le Parisien. L'homme a été mis en examen et serait proche du complotiste recherché.
Rémy Daillet-Wiedemann pourrait, en tout cas, être impliqué dans plusieurs enlèvements d'enfants qui n'ont finalement pas abouti. "Des rapprochements avec des dossiers sont en cours de vérification", a-t-on expliqué au Parisien.