Affaire Fiona : la mère de Fiona a fait une tentative de suicide

[Mis à jour le 18 décembre à 09h31] Elle a entendu le verdict et s'est laissée envahir par le choc. Cécile Bourgeon, la mère de la petite Fiona, 5 ans, tuée en mai 2013, qui a été condamnée à 20 ans de réclusion criminelle, a fait un malaise juste après l'annonce de sa sentence. Mais ses avocats assurent qu'il s'agit plutôt d'une tentative de suicide. Elle se trouvait alors "au petit dépôt du tribunal judiciaire de Lyon", a précisé le parquet de Lyon. La mère de trois enfants, qui a également vu sa garde retirée pour dix ans, "est actuellement hospitalisée et sous surveillance policière". Son avocat Renaud Portejoie a expliqué que celle-ci avait "ingurgité du Subutex (un substitut à l'héroïne, ndlr) pendant son transfèrement vers la maison d'arrêt de Corbas".

L'ex-compagne de Berkane Makhlouf (qui lui, écope de 18 ans de prison) n'avait pas montré d'émotion à l'annonce du verdict, tandis que l'homme était en larmes. C'est un peu après l'annonce du jugement que Cécile Bourgeon aurait craqué. "Elle a pleuré, elle n'était pas bien, elle était sous le choc, elle a été très affectée par cette décision de justice. Elle ne s'attendait pas à ça, ça a été un choc pour elle", a expliqué au Parisien son avocat Renaud Portejoie. Il a ajouté qu'elle a été "désintubée", mais qu'à l'heure actuelle, elle se trouvait toujours dans le coma.

Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf : leur condamnation

Ils étaient accusés d'avoir porté des coups fatals à Fiona, d'avoir dissimulé son corps, jamais retrouvé et d'avoir fait croire pendant plusieurs mois à sa disparition. Elle a été condamnée à 20 ans de prison, il a écopé de 18 ans de réclusion criminelle.

En première instance, en 2016, Berkane Makhlouf avait été condamné à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir porté les coups mortels à la fillette. Cécile Bourgeon avait écopé de cinq ans d'emprisonnement, notamment pour dénonciation mensongère.

Leur procès en appel s'est ouvert le 1er décembre, après avoir été reporté deux fois. Tous deux étaient jugés pour "coups mortels aggravés" dans la cour d'assises du Rhône et encouraient 30 ans de prison.

Si l'homme est détenu depuis 2013, Cécile Bourgeon, elle, comparaissait libre. 

Le 15 décembre, l'avocat général Joël Sollier avait requis 30 ans de prison pour les deux accusés et avait déclaré : "Ils ont tué cet enfant en agissant de manière différente mais complémentaires. Je demande trente ans de réclusion criminelle pour les deux avec un suivi socio judiciaire de 10 ans pour les deux, et peine de sûreté des deux tiers pour Makhlouf".

Ils disposent d'un délai de cinq jours pour interjeter un nouveau pourvoi en cassation.

Berkane Makhlouf : ses ex-compagnes à la barre

Le 9 décembre, les trois ex-compagnes de Berkane Makhlouf ont été appelées à la barre. "Il était gentil, bienveillant avec tout le monde et généreux mais à côté de ça il pouvait devenir violent, incontrôlable… c'était la drogue qui faisait ça, je pense", a expliqué l'une des femmes. Elles évoquent des prises de "cocaïne", "extas", "héroïne" et "cannabis", qui auraient plongé l'homme dans une "descente aux enfers" et l'auraient conduit à se montrer extrêmement agressif.

Malgré tout, aucune d'entre elle ne peut croire qu'il ait été violent avec une enfant. "Avec les enfants il était super, il était adorable. Il aimait beaucoup les enfants. Et les enfants l'aimaient beaucoup. J'ai du mal à croire qu'il ait pu faire ce dont on l'accuse, car je ne l'imagine pas du tout être violent avec un enfant", a asséné l'une d'elles.

Fiona, morte dans son vomi après avoir été battue par son beau-père ?

Puis, une surveillante du centre pénitentiaire de Riom, où Cécile Bourgeon était détenue, est intervenue par visioconférence, selon Le Progrès. Celle-ci a affirmé que la mère de Fiona lui avait raconté les détails du drame. Selon ses confidences, le couple s'était drogué le soir de la mort de la fillette. Berkane Makhlouf aurait ensuite frappé la petite fille de 5 ans. Le lendemain matin, ils l'auraient découverte morte, dans son lit, dans son vomi.

"Fiona, je ne suis pas responsable de sa mort", a lâché l'accusé, agacé, pendant l'audience.

Des découvertes glaçantes sur Internet

Jean-François Tyrol, expert en informatique, avait été chargé de fouiller les ordinateurs et téléphones des accusés, après la disparition de Fiona.

Le 9 décembre, toujours, ce dernier est intervenu pour dévoiler le contenu de ses trouvailles... plus que troublantes. À l'époque, il avait repéré une photo dans le cache Internet d'un ordinateur du couple, qui montrait comment "attraper un enfant sans lui déboîter le bras", selon 20 Minutes.

Le soir du 11 mai, la veille de la mort de la petite, Cécile Bourgeon et son ex-compagnon avaient également consulté un avis de recherche qui signalait la disparition de deux enfants à Marseille. Rappelons que le couple avait d'abord fait croire à la disparition de Fiona, les semaines qui ont suivi son décès...

"Cette photo a été partagée par 4.000 personnes sur Facebook. Potentiellement, des centaines de milliers d'utilisateurs ont pu être destinataires de ce partage et se retrouver avec cette photo sur leur ordinateur", a objecté l'avocat de Fiona, Renaud Portejoie.

L'expert informatique n'a pas cherché à contredire l'homme de loi, mais il ne s'est pas pour autant démonté. Ses trouvailles ne s'arrêtent pas là. Il avait remarqué que le couple s'était particulièrement intéressé au sujet des maltraitances infantiles et autres disparitions inexpliquées. 

Il avait notamment consulté un article publié sur Paris-Match, qui traitait de John Bennett Ramsey, homme d'affaires américain, accusé d'avoir tué sa fille, une mini-miss de 6 ans, dans les années 90. Il avait également lu un papier sur Typhaine Taton, une fillette dont le corps a été retrouvé en 2009, en France, et qui était victime de maltraitances.

Les anciens amants avaient, de surcroît, effectué des recherches sur Alison DiLaurentis, un personnage fictif de la série Pretty Little Liars, dont le corps avait été retrouvé un an après sa disparition.

Difficile de rester insensible face à ces découvertes...

"Fiona était très blanche, éteinte, le regard vide"

La veille, le 8 décembre, le témoignage troublant d'une caissière de cinéma a retenti dans le tribunal et dans les esprits. Une jeune femme, dernier témoin outre la famille à avoir vu la petite Fiona vivante, l'avait croisée le 8 mai 2013, alors qu'elle se rendait dans le cinéma avec ses parents et sa petite sœur.

Immédiatement, son "bleu sous l'œil" et son visage "enflé" ont interpellé la caissière. La fillette de 5 ans "avait des marques sur le visage, elle était très blanche, éteinte, le regard vide", selon son témoignage.

"Ça m'a perturbée, je me suis dit, cette petite fille doit être frappée", s'est-elle souvenue, avant d'expliquer qu'elle était si choquée qu'elle a quitté le guichet un instant pour observer la petite famille: "C'était la première fois en 28 ans que je quittais ma caisse. J'en ai parlé à mes collègues, ma famille".

Quelques jours plus tard, elle a apprit la disparition d'une petite fille, dans les médias. Mais elle n'a pas immédiatement fait le rapprochement avec la fillette qu'elle avait croisée au cinéma... jusqu'à ce que le visage de son beau-père soit montré dans les médias. Elle a alors reconnu sans l'ombre d'un doute le regard "excité" de Berkane Makhlouf. 

Fiona, un bébé héroïne

Le même jour, un autre témoignage a fait pencher la balance. L'ancienne amie de Cécile Bourgeon, Laurie Thesillat, a révélé que cette dernière lui avait fait une confidence sordide. Selon elle, Fiona était un bébé héroïne.

C'est surtout lorsqu'elle est tombée enceinte de son troisième enfant, fruit de son amour avec Berkane Makhlouf, que Cécile Bourgeon aurait commencé à délaisser la petite Fiona. "Elle était passée de petite princesse à petit boulet", a asséné Laurie Thesillat, qui s'est également remémorée le jour où son amie lui avait montré "avec fierté une photo de ses filles devant une armoire remplie de cannabis".

La jeune femme est convaincue de la culpabilité de son ancienne amie. Son attitude après la disparition de Fiona, en mai 2013, en disait long: "Elle n'avait pas l'image d'une maman en détresse qui venait de perdre son enfant. Moi, je l'aurais cherché jour et nuit".

Pour elle, il est presque certain que la mère de Fiona connaît parfaitement la localisation de la dépouille de sa fille. Pourtant, ni Cécile Bourgeon ni Berkane Makhlouf n'ont été en mesure de dévoiler l'emplacement du corps pour l'instant.

Pourquoi Fiona n'allait plus à l'école avant sa mort

Quelques jours plus tôt, Cécile Bourgeon avait déclaré que la petite fille avait été retirée de l'école, peu avant sa mort, selon Le Parisien. Et pour cause, celle-ci aurait été dans un "trop mauvais état" à cause des coups de son beau-père. "Il lui mettait des coups de genou à l'abdomen", a-t-elle assuré avant de préciser qu'elle avait dû lui mettre un bandeau au visage afin de dissimuler un hématome. 

Quant à Berkane Makhlouf, il a nié en bloc les allégations. Pour expliquer l'absence de Fiona à l'école, il a évoqué "un petit problème de santé, un petit rhume".

Concernant l'hématome qu'elle avait au visage, l'ex-compagnon de Cécile Bourgeon a confirmé l'existence de la blessure mais s'est justifié, selon Le Parisien : "Je ne sais pas comment elle avait fait ce bleu… Je ne vais pas accuser Cécile, je ne l'ai pas vue faire".

L'inquiétude du père de Fiona

Le 4 décembre, c'est Nicolas Chafoulais, le père de Fiona, qui a été appelé à la barre. "Ce qu'elle a fait, elle s'en fiche, je vous le garantis", a-t-il déclaré, sûr de lui.

Il a également exprimé son inquiétude pour les trois autres enfants de son ex-compagne. "Ma fille Eva (âgée de 9 ans, ndlr), elle m'a moi. (...)] Les autres, ils vont faire quoi: Bilal (âgé de 6 ans, ndlr) et sa fille, ils vont grandir au foyer ? Ça va être un distributeur à gamin si elle sort".