Marlène Schiappa : 6 mn de retard, 2h du mat' et "enfant malade"

Le retard de Marlène Schiappa à l'Assemblée Nationale et sa justification sur son "enfant malade" ont déclenché une vive polémique. La ministre déléguée à la Citoyenneté est sous le feu des critiques alors que des anciens collaborateurs ont dénoncé une ambiance de travail tyrannique, dans "Le Monde"...

Marlène Schiappa : 6 mn de retard, 2h du mat' et "enfant malade"
© Bastien Louvet/BRST/SIPA

Échauffourée au Palais Bourbon. Marlène Schiappa a provoqué l'ire du partie de l'Assemblée Nationale en débarquant avec six minutes de retard dans l'Hémicycle, alors que la séance était consacrée au débat sur le projet de loi sur le report des élections partielles à cause de la crise sanitaire. Tandis que la ministre déléguée à la Citoyenneté arrivait essoufflée à l'Assemblée, la vice-présidente Laëtitia Saint-Paul et élue LREM l'a fermement admonestée au Perchoir: "Madame la Ministre, dans ma formation, on m'a appris qu'être à l'heure, c'était déjà être en retard. Je pense que nous accepterions tous vos excuses". 
Le député Les Républicains (LR) Raphaël Schellenberger a ensuite surenchéri en morigénant contre Marlène Schiappa: "Il y a beaucoup de ministres dans ce gouvernement, peut-être même plus qu'il n'y en a jamais eu, et il ne s'est pas trouvé un seul ce matin pour être à l'heure. C'est assez agaçant quand on discute d'une question démocratique centrale".

Et de s'emporter davantage : "Madame la ministre, vous avez donné comme consigne de commencer sans vous, mais où est-on ? Commencer sans vous la discussion d'un texte de loi, c'est juste mépriser la Constitution".

Marlène Schiappa : sa justification à son retard

À la fois confuse et agacée par ces remontrances, Marlène Schiappa a pris la parole pour se justifier de son retard, non sans lancer quelques piques au passage : "J'ai terminé hier soir à 2 heures du matin les discussions au Sénat et ce matin j'avais simplement un enfant qui était malade. Je devais m'occuper de la garde pendant la journée pour pouvoir me rendre ici avec vous. Ce sont des choses qui arrivent. Les ministres sont des êtres humains. Je suis humblement confuse pour ces six minutes de retard".

Et de lâcher un petit tacle : "Je vous remercie pour les bons vœux de rétablissement que vous ne manquerez pas d'adresser à mes enfants".

Non, rien de rien, non, elle ne regrette rien...

Loin de se déstabiliser, la ministre déléguée à la Citoyenneté, maman de deux petites filles, est revenue sur cet incident, dans son entretien au Grand Jury de RTL/LCI/Le Figaro

"J'ai pris effectivement 10 à 12 minutes pour prendre des nouvelles de ma fille et qui était malade. Je préfère arriver six minutes en retard où que ce soit, même avec la reine d'Angleterre, et avoir pris la température de ma fille pour me préoccuper de ce que sera sa journée en tant qu'enfant qui est malade, plutôt que d'arriver à l'heure et me dire que je n'ai pas pris le temps de m'occuper d'elle", a-t-elle déclaré. 

Elle a ensuite tenu à rendre hommage à "toutes les femmes toutes les mères et tous les papas (...) qui parfois n'ont pas d'autre choix que d'arriver en retard parce qu'ils ont un enfant malade, parce qu'il y a une grève à l'école, parce qu'ils n'ont pas de nounou aujourd'hui et à qui on fait des remontrances au travail". 

"Je voudrais leur adresser un message de solidarité et leur dire que ça ne doit pas être tabou d'avoir des enfants. La solidarité et l'empathie ça ne s'arrête pas à la porte de la vie politique", a-t-elle déclaré.

Marlène Schiappa, bientôt Première ministre ?

La ministre déléguée à la Citoyenneté continue de gravir les échelons de la scène politique depuis ses débuts en tant que conseillère municipale du Mans en 2014. Un parcours qui pourrait la mener tout droit à Matignon... Mais la principale intéressée l'a assuré : le poste de cheffe du gouvernement ne l'intéresse pas le moins du monde ! 

"Non merci. Il y a plein de femmes de grand talent qui seraient fondées à devenir premier ministre. Ce n'est pas mon ambition ni mon envie, et on ne me l'a pas proposé", a-t-elle expliqué.

L'ambitieuse Corse a également reconnu que le sexisme était malheureusement encore bien d'actualité dans le milieu politique : "Il y a toujours des postes qui n'ont jamais été occupés par une femme : président du Sénat, président de l'Assemblée nationale, président du Conseil constitutionnel".

Marlène Schiappa, un tyran dans son cabinet ? "Insultes, moqueries"...

Pourtant, selon des témoignages d'anciens collaborateurs de Marlène Schiappa au Monde, la chantre de l'égalité femmes-hommes ne serait pas si prompte à appliquer ses principes sur le terrain. Dans son cabinet ministériel, dix des treize démissions enregistrées seraient des femmes et "les insultes, vexations, moqueries, remarques sur le physique ou sur la tenue vestimentaire" fuseraient à longueur de journée.

"Ils évoquent des comportements managériaux très rudes, décrivent un cabinet fracturé à dessein, avec un rôle privilégié réservé à deux hommes, son directeur de cabinet adjoint et son conseiller presse, à qui il faut obéir sans réserves, au détriment des conseillères, assignées à un travail de soutier, qui deviennent boucs émissaires quand l'empressement de la ministre n'est pas satisfait", lit-on notamment. 

Quant à ses directeurs de cabinet, pas moins de quatre se succèdent entre 2017 et 2019, dont l'ancienne cheffe de cabinet d'Emmanuel Macron alors qu'il était ministre de l'économie sous François Hollande.

La réponse de la principale intéressée ? "Je ne veux pas dénigrer des gens avec qui j'ai travaillé. C'est vrai qu'il y a eu des moments chauds, des gens qui ne s'entendaient pas". Pas de démenti, donc...