Virginie Despentes dénonce le racisme : "La dernière fois qu'on m'a demandé mes papiers, j'étais avec un arabe"

Comme de nombreuses personnalités dans le monde, l'auteure de romans Virginie Despentes a décidé de s'engager contre les violences policières et racistes. L'académicienne a rédigé une lettre ouverte dans laquelle elle dénonce le racisme endémique en France.

Virginie Despentes dénonce le racisme : "La dernière fois qu'on m'a demandé mes papiers, j'étais avec un arabe"
© JUAN CARLOS HIDALGO/SIPA

Après la mort de George Floyd, une vague de manifestations a déferlé sur les États-Unis et sur les autres continents. En France, un grand nombre de célébrités, telles que Leïla Bekhti, ont partagé leur engagement pour la lutte contre les violences policières et le racisme. La dernière en date, l'auteure Virginie Despentes, a publié une lettre percutante dans laquelle elle fustige le racisme dans l'Hexagone.

Virginie Despentes : "Les mères de famille qu'on a vues se faire taser était des femmes racisées"

"En France, nous ne sommes pas racistes, mais la dernière fois qu'on a refusé de me servir en terrasse, j'étais avec un arabe, la dernière fois qu'on m'a demandé mes papiers, j'étais avec un arabe", explique l'écrivaine dans une lettre transmise à France Inter le 4 juin. "En France on n'est pas raciste mais dans la population carcérale les noirs et les arabes sont surreprésentés", pointe-elle du doigt.

La femme originaire de Nancy est revenue sur l'épisode de confinement en France, pendant lequel elle a remarqué des injustices flagrantes : "En France on n'est pas raciste mais pendant le confinement les mères de famille qu'on a vues se faire taser au motif qu'elles n'avaient pas le petit papier par lequel on s'auto-autorisait à sortir était des femmes racisées, dans des quartiers populaires". Elle ajoute : "Les blanches, pendant ce temps, on nous a vues faire du jogging et le marché dans le septième arrondissement".

Virginie Despentes: "Je peux oublier que je suis blanche"

Virginie Despentes indique également dans sa lettre être allée aux manifestations du 2 juin, lancées par la famille d'Adama Traoré contre les violences policières. La forte mobilisation a ému la gagnante du Prix Goncourt de 2010, qui a participé pour la première fois "à un rassemblement politique de plus de 80 000 personnes organisé par un collectif non blanc". Elle explique : "Ces jeunes savent ce qu'ils disent quand ils disent : 'Si tu es noir ou arabe la police te fait peur', ils disent la vérité et ils demandent la justice".

"Le privilège, c'est d'avoir le choix de penser ou pas" à sa couleur de peau, précise l'auteure de King Kong Theorie, avant de conclure :"Je ne peux pas oublier que je suis une femme, mais je peux oublier que je suis blanche, en France, nous ne sommes pas racistes mais je ne connais pas une seule personne noire ou arabe qui ait ce choix".