Qui était Jean-Loup Dabadie qui nous a tant émus avec ses mots ?

Scénariste, parolier, romancier... Il n'y a aucun domaine artistique où Jean-Loup Dabadie, orfèvre des mots et des émotions, n'a pas exercé son talent. Il est mort le 24 mai, à l'âge de 81 ans et laisse stars et anonymes en deuil.

Qui était Jean-Loup Dabadie qui nous a tant émus avec ses mots ?
© ESTEBAN/SIPA

Jean-Loup Dadabie s'est éteint dimanche 24 mai à l'hôpital de Pitié-Salpêtrière (Paris), à l'âge de 81 ans. Le parolier et scénariste est décédé en début d'après-midi, des suites d'une maladie autre que le Covid-19, a précisé Bertrand de Labbey: "Jean-Loup Dabadie est décédé aujourd'hui à 13 heures. C'était un artiste complet, il avait réussi dans tous les arts : le sketch avec Guy Bedos ; la chanson avec Polnareff (Lettre à France) et Julien Clerc (Femmes je vous aime) ; et également le cinéma en tant que scénariste et adaptateur".

Pluie d'hommages à l'annonce de la mort de Jean-Loup Dabadie

Suivant la nouvelle, de nombreux artistes français ont rendu hommage à l'homme de talent, qui était souvent bien plus qu'un collègue. 

"J'ai perdu un très grand ami, il m'appelait mon frère jumeau parce qu'on est nés la même année. Vraiment j'ai beaucoup de peine", a réagi le chanteur Enrico Macias. Jean-Loup Dabadie lui avait écrit la chanson Le Voyage, évoquant sa relation avec l'Algérie.

Jane Birkin se rappelle sa collaboration avec l'artiste lors de l'adaptation sur scène de Quelque part dans cette vie en 1990 : "Je ne sais pas du tout comment il faisait. Il avait un don incroyable d'écrire pour les personnes qui interprétaient. Il collait aux artistes".

Pour l'écrivain Philippe Labro, "c'était simplement mon plus vieil ami", explique-t-il, "Je l'ai connu à 15 ans, sur les bancs du lycée en culotte courte". L'homme se souvient de "la brillance de son talent, son choix des mots, son humour extraordinaire".

D'autres se sont emparés des réseaux sociaux pour faire leurs adieux à l'artiste.

Jean-Loup Dabadie, héros des arts français

Des mots simples marqués d'une justesse inimitable, telle était la patte de cet artiste pluriforme. Né le 27 septembre 1938 à Paris, Jean-Loup Dabadie grandit avec l'héritage musical de son père, parolier d'André Claveau, Luis Mariano ou Maurice Chevalier. Ce dernier ayant été fait prisonnier de guerre, le jeune garçon est éduqué par sa mère et ses grands-parents dans la région de Grenoble, avant de retourner à Paris pour y passer son bac. Il a tout juste 14 ans quand il décroche le diplôme.

Après des études à la Sorbonne, le jeune homme obtient un stage au Théâtre National populaire de Jean Vilar pour le Festival d'Avignon. Là-bas, Jean-Loup Dabadie découvre l'univers du spectacle et prend goût à l'écriture. À ses 20 ans, il publie un premier roman, puis un second un an après. Les ouvrages impressionnent Pierre Lazareff, patron de France-Soir, qui l'embauche rapidement comme journaliste.

En 1962, Jean-Loup Dabadie travaille à la télévision aux côtés de Jean-Christophe Averty. Il admire les facéties de Guy Bedos, ce qui lui donne l'envie immédiate de proposer ses services au comique. Il signe sa première pièce de théâtre en 1967, Une Famille Ecarlate, jouée par Pierre Brasseur et Françoise Rosay au Théâtre de Pairs.

À partir des années 1970, Jean-Loup Dabadie quitte la presse pour se concentrer sur l'écriture de scénarios et dialogues de films, de pièces de théâtre, de sketches et de chansons. Son premier scénario pour Les Choses de la Vie (1970) de Claude Sautet, lance sa carrière auprès des plus grands réalisateurs de l'époque. Il travaille sur Max et les Ferrailleurs (1971), César et Rosalie (1972), Un éléphant ça trompe énormément (Yves Robert, 1976), Le Silencieux (Claude Pinoteau, 1973) ou La Gifle (1974) pour lequel il remporte le prix Louis-Delluc.

Le prodige des mots s'attaque ensuite à la musique, en apportant sa patte aux mélodies de Serge Regianni, Michel Polnareff, Claude François, Barbara, Jacques Dutronc, Dalida... Jean-Loup Dabadie est élu le 10 avril 2008 à l'Académie française. L'écrivain et critique Frédéric Vitoux regrette alors "ce n'est pas un fauteuil qu'il aurait dû occuper, mais quatre ou cinq, ceux de scénariste, de parolier, d'auteur de sketches, de romancier, de dialoguiste…"