Chantage sexuel en confinement : photos intimes et Ficha de jeunes femmes affluent
Sextapes et cyberharcèlement. En confinement, une pratique atroce envahit les réseaux sociaux : le revenge porn. Sur des comptes "Ficha", des photos à caractère sexuel de très jeunes femmes, souvent mineures, sont diffusées sans leur consentement.
Si le phénomène du revenge porn n'est pas nouveau, cette forme de cyberharcèlement (qui consiste à diffuser sur les réseaux sociaux des photos à caractère sexuel de personnes sans leur consentement) a malheureusement pris de l'ampleur depuis le début du confinement. La nouveauté : les comptes "ficha" ou "fisha" ("afficher" en verlan).
Ils consistent à afficher en ligne des photos intimes (clichés dénudés, sextapes...) de jeunes femmes, en ciblant des communautés d'internautes, des lycées ou des départements entiers.
Concrètement, des internautes demandent à ce qu'on leur envoie des photos intimes de jeunes femmes, souvent mineures, à leur insu, afin de créer des "dossiers". Chaque soir, les clichés sont diffusés, sans l'accord de la personne, avec parfois le numéro ou le profil de la jeune fille en question.
Une pratique qui "a explosé" avec le confinement, selon la directrice générale de l'association E-enfance, Justine Atlan, qui reçoit actuellement près de 350 appels hebdomadaires sur la ligne nationale NET Ecoute contre le cyberharcèlement. 20% des appels aboutissent à un signalement aux plateformes internet par NET Ecoute, contre 10% avant le confinement, et cela "majoritairement du fait des comptes ficha", d'après CNEWS.
"Stop Ficha" : 250 comptes supprimés depuis le début du confinement
Interrogée par 20 minutes le 9 avril dernier, la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa, s'est également exprimée sur ce fléau : "Nous avons noté une forte recrudescence de ces actes depuis le début du confinement. Près de 50 signalements ont déjà été faits par mes équipes auprès de Snapchat".
Des chiffres qui ne reflètent pas la réalité, quand on sait que la grande majorité des victimes ne portent pas plainte.
Marlène Schiappa a également mis en avant ce combat sur Twitter, déclarant qu'Internet n'était "pas une zone de non-droit" et demandant la suppression des contenus "pour protéger les jeunes filles".
[#COVID19] Il se développe depuis plusieurs semaines, un phénomène de #fisha sur les réseaux sociaux.
— Secrétariat dÉtat chargé de l'Égalité (@Egal_FH) April 9, 2020
Ces images sont constitutives de revenge porn (utiliser à votre insu des photos intimes), puni de 2 ans de prison et 60 000 euros damende @EricMorain #StopFisha pic.twitter.com/opZTgIkkWM
Arrêtez avec vos comptes Ficha merde! Si votre seule excuse est que vous vous faites chier, confinement ou pas, apprenez à avoir de l'amour propre et de la dignité! Promis, cela vous occupera un bon moment. #ficha
— Novae (@SupNovae) April 18, 2020
Pour lutter contre ce cyberharcèlement, un groupe de militantes formé pendant le confinement, baptisé "Stop Ficha", a décidé de prendre les choses en main, en signalant les comptes "ficha" auprès du site Pharos du ministère de l'Intérieur ou de NET Ecoute.
Une stratégie qui s'avère payante, puisque depuis le début du confinement, 250 comptes ficha ont été supprimés à la demande de NET Ecoute, et à 90% par le réseau Snapchat, selon E-enfance.