Confinés, Sandrine, Julie, Michel... racontent leur enfermement parfois compliqué

Si le confinement est une nécessité et leur meilleur moyen de résister au Covid-19, un mois après le début de l'isolement forcé, nombreux sont les Français épuisés moralement. Nous avons recueilli le témoignage de ces parents, étudiants et jeunes couples qui sont au bord de la crise de nerfs...

Confinés, Sandrine, Julie, Michel... racontent leur enfermement parfois compliqué
© VINCENT LOISON/SIPA

L'optimisme manifesté au début de la crise a vécu. Selon un sondage OpinionWay réalisé pour 20 Minutes, 47 % des Français estiment que leur moral a baissé depuis le début du confinement. Un sentiment partagé par plusieurs confinés que nous avons interrogés... Si ces récits nous font nous dire que l'ambiance pourrait-être pire à la maison, avec belle-maman ou avec nos enfants : le mot d'ordre est inchangé : "Restez chez vous !"

Nathan, 24 ans, et Gabriela, 22 ans (Nantes)
Gabriela et Nathan se sont rencontrés au Chili et sont tombés amoureux. La jeune Chilienne est venue retrouver son amoureux à Nantes pour quelques jours qui risquent de se transformer en semaines (voire en mois) car, à cause du confinement, elle a été obligée de rester dans le studio de 20m2 de son amour de vacances!
Depuis un "silence lourd" s'est installé dans ce petit espace… "On a fini par s'habituer à s'ennuyer ensemble mais je m'inquiète pour notre histoire car on ne se connait pas très bien et j'ai bien peur qu'on ne finissent par ne plus voir que nos défauts à force de se regarder dans le blanc des yeux !" confie Nathan.

Yannick, 35 ans, et Julie, 33 ans (Beaumont-les-Autels)
Yannick est un expert-comptable qui a encore plus de travail depuis début avril... Son épouse Julie est, elle aussi, débordée. Résultat, la famille qui s'est réfugiée dans sa résidence secondaire de Beaumont-les-Autels (Eure-et-Loir), a dû mettre en place une organisation quasiment militaire.
"Le matin, c'est Sophie qui fait faire du sport aux enfants dans le jardin. Pendant ce temps, je fais des conférences téléphoniques. A midi, elle se met devant son ordinateur et je prépare le déjeuner de nos enfants de 3 et 5 ans en essayant de faire des repas simples, mais équilibrés. L'après-midi nous avons de la chance : ils font encore la sieste pendant une petite heure!".

Nathalie, 33, et Julien, 34 ans (Lille)
Juste avant le confinement, Nathalie et son mari Julien ont eu une fausse bonne idée: s'installer dans l'appartement rouennais de 4 pièces des parents de Nathalie pour que leurs enfants de 6 et 10 ans puissent voir leurs grands-parents.
Sauf que la cohabitation forcée est vite devenu compliquée… "Julien ne supporte plus mon père. Alors on s'occupe des enfants à tour de rôle et on s'évite autant que possible en répartissant les tâches ménagères. Heureusement, c'est moi qui suis chargée des courses hebdomadaires qui me permettent de décompresser pendant une heure ", raconte Nathalie à bout de nerfs. 

Sandrine, 43 ans (Bordeaux)
En couple avec Thomas, Sandrine a un fils de 15 ans, Quentin, issu d'un premier mariage et Eva, 10 ans, fruit de ses amours avec Thomas. Le couple en chômage technique depuis le début du confinement parvient à maintenir un semblant d'équilibre à la maison mais Quentin vit très mal l'isolement.
Habitué à faire 5 heures de sport par semaine, l'adolescent passe ses journées sur le jeu Call of Duty et ne supporte pas de ne pas voir sa petite amie qui habite à 3 kilomètres. "Je ne reconnais plus mon fils. Il ne nous adresse plus la parole et ne desserre pas la mâchoire à table. Je le croyais équilibré parce qu'il fait du sport, mais je réalise qu'il est au bord de l'implosion"!

Solène, 20 ans (Nanterre)
Étudiante en droit à la Faculté de Nanterre, Solène est terrée dans son minuscule studio de 15m2 depuis le 17 mars et compte les heures. "Je suis complètement déprimée.
Mon studio est petit, sombre et j'ai mal partout à force de ne pas bouger. J'ai le sentiment d'être un animal en cage et mon seul plaisir consiste à ouvrir la fenêtre pour entendre les oiseaux chanter
", raconte la jeune fille de 20 ans dont l'Université est fermée et qui surfe toute la journée sur Internet comme elle n'a reçu aucun cours sous version numérique.
"Je tombe sur des photos d'amis qui sont chez leurs parents dans des maisons avec piscine et qui se plaignent alors que je suis enfermée ici. C'est insultant ! Je ne préfère pas imaginer que le confinement pourrait encore durer un mois car cela me donne envie de pleurer ! ".

Michel, 76 ans, et Anne-Marie, 73 ans (Loiron-Ruillé)

Propriétaires de 3 teckels au caractère bien affirmé, Michel et Anne-Marie commencent aussi à perdre patience dans leur appartement de Loiron en Mayenne car ils ont dû réduire drastiquement le nombre de promenades de Cookie, Sybelle et Raja. "Je les sors le matin et ma femme le soir car nous sommes âgés et nous ne voulons pas prendre de risque. Nous faisons uniquement le tour du pâté de maison alors qu'ils sont habitués à faire de grandes balades de plusieurs kilomètres. Résultat, ils sont intenables dans la journée. Raja a commencé à grignoter son panier et Cookie recommence à s'oublier un peu partout ! Quant à Sybelle, elle dort du matin jusqu'au soir comme si elle tentait, elle aussi, par tous les moyens de tuer le temps", explique Michel.