Le prof de tennis accusé de viols sur mineures incarcéré

Mis en examen, Andrew Geddes, entraîneur de tennis en région parisienne soupçonné d'avoir violé entre 1999 et 2005 trois élèves mineures a passé sa première nuit en prison.

Il entraînait des jeunes filles qui jouaient au club de tennis de Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine. Il a été mis en examen lundi 5 mai pour "viols et agressions sexuelles sur mineures". L'homme, âgé de 48 ans, originaire des Etats-Unis et père de deux enfants, aurait commis entre 1999 et 2001 plusieurs "viols et agressions sexuelles" sur l'une de ses anciennes élèves, âgée de 12 ans quand ont débuté les faits. Il est également soupçonné d'avoir entre 2001 et 2005 agressé sexuellement et violé à plusieurs reprises deux autres adolescentes de 15 à 17 ans. Les faits se sont déroulés à Paris, à La Baule (Loire-Atlantique), dans les Hauts-de-Seine et le Val-d'Oise, tantôt au domicile de l'entraîneur, dans sa voiture, dans les locaux du club de Sarcelles où il a travaillé entre 1998 et 2007, tantôt lors de déplacements pour des matchs et des tournois.

Si Andrew Geddes a reconnu durant sa garde à vue avoir eu des relations sexuelles avec ces trois jeunes filles, il "assure qu'elles étaient consentantes", a déclaré Robert Gelli, procureur de la République de Nanterre, qui ajoute que l'accusé "a reconnu toutefois un viol dans un cas particulier", reconnaissant également avoir exercé des violences physiques et psychologiques sur ses victimes. "Il a porté des coups, a filmé l'une d'entre elles en train de lui faire une fellation et a menacé la jeune fille de diffuser la vidéo", a précisé le procureur. Le parquet de Nanterre avait requis un mandat de dépôt à son encontre. 

Henri Leconte, ex-numéro 5 mondial et actuel président de la section tennis du Levallois Sporting Club, a indiqué à BFMTV: "Je suis horrifié et sous le choc. Si j'avais eu un seul doute, cette personne aurait été automatiquement signalée". BFMTV souligne par ailleurs que l'accusé aurait reconnu devant les enquêteurs avoir été "violent" avec deux des jeunes filles mais se sentait "dans une relation amoureuse".
De nombreuses autres jeunes filles pourraient avoir été victimes de l'entraîneur, qui encadrait des jeunes espoirs du tennis depuis une vingtaine d'années.

Cette histoire n'est malheureusement pas sans rappeler une autre affaire qui a éclaboussé ce sport et s'est soldée par la condamnation il y a deux mois de l'ancien professeur Régis de Camaret à dix ans de prison pour le viol de deux joueuses de tennis. Lors des procès, 26 jeunes filles, dont la championne Isabelle Demongeot, étaient venues témoigner de viols et agressions sexuelles, témoignages qui n'avaient pas tous pu être jugés, les faits étant désormais prescrits. Gérard Gambart, ancien prof de football accusé de huit viols et agressions sexuelles sur mineurs, avait lui aussi été condamné à dix ans de réclusion criminelle en janvier.

Pourquoi les affaires de viols impliquant des entraîneurs sont-elles si fréquentes ? En haut niveau de compétition sportive, l'entraîneur est omniprésent dans la vie des joueurs, faisant parfois même l'office de père de substitution. Dans "L'Entraîneur, l'emprise" de Philippe Liotard, enseignant-chercheur à l'Université Claude Bernard Lyon 1, on peut lire : "L'emprise s'exerce d'autant plus fortement qu'elle est traversée par un investissement affectif réciproque. Se joue alors un double transfert dans lequel l'entraîneur projette ses propres désirs sur l'athlète qui l'investit en retour à travers le processus d'idéalisation (...). L'entraîneur devient ainsi un homme de confiance qui tisse une toile faite de familiarité et de complicité".
Pourquoi les victimes mettent-elles tant de temps à parler ? Le témoignage de Shenea Booth, championne du monde de gymnastique acrobatique violée par son entraîneur, à Rue89 nous éclaire : "Dans ce genre de situation, les victimes se taisent et restent dévouées à leur entraîneur-agresseur. Nous avons passé une grande partie de notre vie sous leur influence et pour nous les athlètes, ils représentent la clé de la réussite (...).On a le sentiment que si on commence à parler, non seulement on sera sévèrement jugé, mais on perdra aussi ce que l'on aime : notre sport (...)". Elle ajoute : "Les sportifs de haut niveau sont habitués à supporter la douleur, physique ou psychologique. Elle fait partie de notre quotidien. Voilà aussi pourquoi nous endurons sans rien dire".
Ces drames sont par ailleurs très éprouvants pour les parents, souvent amenés à culpabiliser d'avoir laissé leur enfant entre les mains d'une personne qu'ils pensaient digne de confiance.