Julia Piaton dans Les Engagés : "Ma maman m'a donné beaucoup de bons conseils" (EXCLU)

Julia Piaton, qui nous émeut dans le sensible film d'Emilie Frèche "Les Engagés", en salles le 16 novembre, s'est livrée en interview au "Journal des Femmes". Sa carrière, sa célèbre mère, ses engagements, son côté "maman poule"... Confidences.

Julia Piaton dans Les Engagés : "Ma maman m'a donné beaucoup de bons conseils" (EXCLU)
© Jacques BENAROCH/SIPA

Julia Piaton est à la fois bouleversante, authentique et sensible dans Les Engagés, d'Emilie Frèche, en salles le 16 novembre. Dans ce long-métrage, l'actrice donne la réplique à Benjamin Lavernhe, sociétaire de la Comédie-Française. Celui-ci campe le rôle d'un homme touché par l'histoire d'un migrant qu'il prend sous son aile. Rapidement, son engagement prend une place de plus en plus grande dans sa vie, son quotidien, son histoire d'amour avec Gabrielle, le personnage plein de nuances campé avec brio par Julia Piaton. La comédienne de 37 ans se confie sur ce rôle, ses engagements, sa vie en tant qu'enfant de la balle, sa relation avec sa célèbre mère Charlotte de Turckheim et le rôle (surprenant) qu'elle rêverait de jouer...

Le Journal des Femmes : Qu'est-ce qui vous a convaincu d'accepter ce scénario ?
Julia Piaton :
J'ai lu le scénario très rapidement, j'ai tout de suite été intéressée par l'acte qu'elle prenait de ce couple qui se retrouve face à une situation très concrète de l'engagement. On est sur une question qui est à la fois un grand thème politique de notre siècle, mais qui est en même temps abordé avec un prisme très humain.

Qu'est-ce qui vous a captivé dans le personnage de Gabrielle ?
J'ai beaucoup aimé la manière dont elle a écrit le personnage de Gabrielle, une femme du quotidien avec ses enfants, qui est empêtrée dans un divorce qui ne se passe pas bien, comme cela peut arriver à des millions de gens. Elle se retrouve avec un homme qui a envie de s'engager, elle y pense aussi, mais en même temps, elle risque de perdre la garde de ses enfants… Je trouvais intelligent de soumettre l'engagement à une vie très quotidienne. Cela nous permet de poser la question : qu'est-ce que l'engagement implique-t-il ?

Qu'est-ce qui vous rapproche de votre personnage ?
D'abord, le fait qu'elle soit un peu une maman poule. Ses enfants sont le centre de son univers, et forcément, cela me parle aussi. C'est aussi une mère très amoureuse. Par ailleurs, j'ai remarqué que je partageais une caractéristique avec Gabrielle : de manière générale, j'ai du mal à garder les choses pour moi. J'ai besoin d'exprimer quand quelque chose ne fonctionne pas ou que je ne le comprends pas. Alors dans sa relation avec David, j'aime le fait que Gabrielle exprime aussi rapidement son désaccord, elle fait son chemin, elle essaie de verbaliser. Cette personnalité sensible, en quête de quelque chose, me touche. Je ne me sens pas ferme sur mes acquis, mais plutôt souvent dans la réflexion.

"Je suis une vraie enfant de la balle"

Vous définiriez-vous comme quelqu'un d'engagée ?
J'essaie d'être une bonne personne pour moi, ma famille, mes enfants. C'est important pour moi de faire le bien d'abord dans ce cercle. Après, j'ai d'autres initiatives personnelles, mais dans lesquelles je ne m'implique jamais autant que je le voudrais. Est-ce parce que je me donne des excuses ? Je me dis certainement que je manque de temps avec le travail que j'ai, mon fils dont j'ai à m'occuper, etc. Parfois, j'arrive à passer outre et à prendre le temps d'aider autrui. Et puis, il y a des moments où, pendant de longues périodes, je me fais de nouveau happer par le quotidien. Mais ne nous culpabilisons pas trop !

Vous êtes la fille de l'actrice et réalisatrice Charlotte de Turckheim. L'envie de jouer la comédie vous vient-elle de votre enfance ?
Je suis une vraie enfant de la balle, j'ai grandi avec ça. J'accompagnais ma mère en tournée, elle nous trimballait avec elle, on dormait sur les sièges du théâtre… Mais du coup, pour moi c'était un environnement qui était presque trop familial. Etant adolescente, j'avais l'impression qu'il fallait justement que je me démarque de ça, que je trouve ma voie et fasse mon propre chemin. J'aimais beaucoup les lettres, donc j'ai fait des études littéraires pendant quatre ans après le bac. Très rapidement, j'ai été rattrapée par le destin parce que j'ai senti que j'aimais écrire, certes, mais surtout raconter des histoires. J'ai réalisé que ce quotidien avec ma mère m'avait énormément structurée… et que ce n'était peut-être pas la peine de vouloir à tout prix faire différemment !

"On finit toujours par ressembler à notre mère"

Avez-vous ressenti une pression supplémentaire dans le métier, en tant qu'enfant de la balle ?
Oui, franchement. Mais je pense que je me la suis mise un peu toute seule. C'est difficile pour tous les enfants qui s'engagent dans la même profession que leurs parents, surtout lorsqu'ils ont réussi. On t'attend au tournant. Mais c'est là qu'il faut se détacher de leur image et se dire : je ne vais pas être le doublon de cette personne qui m'a précédée dans l'existence, je vais essayer de faire ma route. Peu importe si elle est moins bien… elle est différente !

Demandez-vous conseil à votre mère dans votre carrière ?
Oui et c'est une grande richesse pour moi. J'adore discuter avec elle. J'aime énormément ma maman, elle m'a donné beaucoup de bons conseils, principalement dans ma vie de femme. On finit toujours par ressembler à notre mère de toute façon (rires).

"J'ai longtemps rêvé de jouer Marie-Antoinette"

Quel type de rôle vous plairait-il de jouer à présent ?
Pendant longtemps, je rêvais de jouer le rôle de Marie-Antoinette, pendant les quatre jours de son procès. Je trouvais extraordinaire le destin de cette femme, cette mère qui se défend... Mais globalement, je me sens chanceuse en ce moment car j'ai trouvé un véritable équilibre entre les demandes que j'émets et ce que je reçois.

Interview exclusive ne pouvant être reprise sans la mention de Journal des femmes.