L'étiquette écologique va-t-elle nous faire mieux consommer la mode ?
Le gouvernement planche avec les grands noms de la mode sur une étiquette environnementale qui indiquerait clairement l'impact de chaque vêtement sur la planète. Une première en la matière.
Pas sûre d'avoir bonne conscience en achetant cette pièce qui vous fait de l’œil ? Une étiquette environnementale devrait devrait bientôt vous aider à y voir plus clair. Avec la promulgation de la loi anti-gaspillage le mardi 11 février, cette expérimentation a été lancée sur le domaine du textile. Des acteurs de l'industrie comme H&M ou LVMH, mais aussi des ONG et des associations de consommateurs se sont réunis pour élaborer un affichage inspiré du Nutri-score. Il devrait prendre la forme d'une note de A à E, en fonction de l'impact du produit qui la porte.
"Nous allons travailler avec les équipes du ministère et les entreprises privées pour asseoir une méthodologie solide qui permettra de donner une note environnementale à chaque vêtement" a confié la secrétaire d'État à la Transition écologique Brune Poirson à l'AFP. Pour informer au mieux, cette note prendra en compte une multitude de facteurs aussi bien sociaux qu'environnementaux, comme l'émission de CO2, le traitement et l'utilisation de l'eau ou encore les effets sur la biodiversité, à chaque étape de la vie du produit, de sa production à son acheminement. Déjà testée chez Okaïdi, Décathlon ou encore Bonobo, l'étiquette devrait voir le jour au terme de 18 mois de recherche.
Destinée à se généraliser à d'autres domaines comme l'alimentation ou les appareils électroniques, cette indication vise en priorité l'industrie textile. Et pour cause, mauvaise élève par excellence, elle émet 1,2 milliard de tonnes de gaz à effet de serre chaque année et l’entretient de textiles synthétiques pollue les océans avec 500 000 tonnes de micro particules de plastiques, selon la Ellen McArthur Fondation.
Or la législation pour contenir cette catastrophe environnementale en est encore à l'âge de pierre. Le "Fashion Pact" signé en marge du G7 en 2019 par les grands groupes (lors d'une réunion alors sans précédent) n'est pas contraignant. Le soin de s'améliorer est jusqu'à présent laissé au bon vouloir des marques qui peuvent multiplier les opérations de greenwashing en toute impunité. L'étiquette écologique, qui fait figure de pionnière en la matière, repose encore sur la base du volontariat. "Le droit de la consommation est européen, donc les pays n'ont pas la marge de manœuvre suffisante pour imposer une telle mesure. Mais cette note deviendra obligatoire car l'Union européenne en a fait une priorité et la France va conduire les discussions sur le sujet" affirme le cabinet de Brune Poirson dans l'Express. Dans ce cadre, la note environnementale représentera-t-elle une réelle avancée ? Affaire à suivre.