Après 38 ans à habiller toute la famille, cette marque française mythique vit peut-être ses dernières heures
Malgré plusieurs décennies de succès, ce label mode pourrait tirer sa révérence cette année. Laetitia Casta en fut l'égérie.
Énième coup de massue pour l'industrie du prêt-à-porter. Déjà bien amochée, la mode française compte une victime de plus parmi les blessés dénombrés. Ainsi, il y a quelques jours, cette marque tricolore a demandé son placement en redressement judiciaire après 38 années d'existence. Le verdict est tombé ce 25 septembre. C'est sa mauvaise situation financière qui pousse ses actionnaires à la céder à de nouveaux repreneurs.
On la connaît pour son ADN libre, impertinent, nonchalamment sportswear, rock'n'roll et rebelle. La clientèle est un brin parisienne, définitivement urbaine. Côté style, le vestiaire-type de la griffe se caractérise par des couleurs neutres voire sombres, comme le noir ou le gris. Car pour cette marque qui se revendique désormais spécialiste du tailoring, c'est la coupe de l'habit qui séduit l'œil averti, plus qu'un coloris flashy. Originellement, elle habille les enfants en s'inspirant du style des grands. Mais progressivement, elle s'élargit avec une ligne pour femmes (1999) puis pour hommes (2003) ; si bien qu'elle finit par vêtir toute la famille. Vous l'aurez compris, il s'agit de la marque IKKS.
Née en 1987 sous l'impulsion de Gérard Le Goff, la marque Ligérienne est aujourd'hui incapable d'honorer ses dettes. Si ses difficultés financières remontent à 2018, la crise du Covid-19, avec ses confinements imposés, n'a rien arrangé à la situation. Une déchéance qui s'est évidemment accélérée avec l'essor de l'ultra fast fashion et de la seconde main… mais pas que : la guerre en Ukraine a aussi fragilisé la production - le pays étant stratégique en termes de costumes, de manteaux, de parkas pour le label.
Pourtant, la griffe avait pensé à un plan 360° pour revenir au sommet. Il y a deux ans, les dirigeants mettent en place un plan de relance pour tenter d'inverser la tendance. Les efforts stylistiques, marketing et financiers se multiplient. IKKS repense son identité : pour la première fois en quarante ans, le logo est changé. En février 2024, un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) est enclenché pour tenter de préserver le maximum d'employés : 202 postes sur 1328 sont supprimés et 77 boutiques sur 604 ferment sur le territoire français. La même année, une nouvelle directrice du style est nommée : Nikita Leone. Mais rien n'y fait : la dette continue de s'aggraver (172 millions d'euros avant renégociation en 2024, d'après nos confrères de Fashion Network).
Toutefois, l'histoire n'est pas terminée : l'enclenchement d'une procédure de redressement judiciaire ne signifie pas que la marque est forcément vouée à disparaître. Si près de 1000 emplois en France sont menacés, il suffit qu'un repreneur active le bon plan d'action pour que la griffe revienne plus fort que jamais. Le phoenIKKS renaîtra-t-il de ses cendres ? Affaire à suivre de très près.
