Tous les enfants du monde l'ont portée - symbole du made in France, cette marque centenaire abandonne ses racines cette année

Impossible d'évoquer le savoir-faire français sans la mentionner. Vieille de cent années, cette marque, qui a habillé les enfants du monde entier, est pourtant sur le point de "changer de nationalité". Emplois, qualité... Voici ce qui risque d'évoluer.

Tous les enfants du monde l'ont portée - symbole du made in France, cette marque centenaire abandonne ses racines cette année
© Image d'illustration / Reve.art / JDF

La modosphère ne connaît pas de frontières. Dans la joie comme dans la tristesse, dans la pauvreté comme dans la richesse, pour le meilleur et pour le pire ; les pays s'unissent souvent pour faire un "mariage" d'affaires quand cela est nécessaire. Ainsi, les chassés croisés et synergies entre les nations permettent aux griffes en difficulté de renouer avec le succès. Dernièrement, c'est une marque française bien établie dans l'imaginaire collectif qui a été cédée à un groupe américain. 

Spécialiste de la mode enfantine, ses origines remontent à 1893. Si elle est aujourd'hui connue pour ses célèbres marinières et ses iconiques cirés jaune solaire, elle débute d'abord par la confection de sous-vêtements, de chaussettes et de bas. C'est d'ailleurs à elle qu'on doit l'invention de la culotte telle qu'on la connaît actuellement : en 1918, le fils du fondateur réimagine la culotte d'antan et la fait sans jambes et sans bouton, tout en coton blanc. Petits comme grands ont tous un attachement avec cette marque Troyenne ; toutes les générations l'ont portée étant enfant. Ce label tricolore, qui largue les amarres aux Etats-Unis, n'est qu'autre que Petit Bateau

© Alamy/ABACA

Ce jeudi 4 septembre, le groupe Rocher, qui détient la marque depuis 1988, a ainsi annoncé officiellement qu'il la cédait au fonds d'investissement Regent. Mais que les plus inquiets se rassurent : contrairement aux autres rachats ayant eu lieu dans le monde du prêt-à-porter, Petit Bateau ne prend pas l'eau. Ce ne sont pas des difficultés financières qui ont poussé le géant français à vendre, mais plutôt la volonté de se concentrer sur son cœur de métier : les cosmétiques (comme son nom l'indique, c'est lui qui détient Yves Rocher). En effet, ses ventes ont progressé ces derniers mois, en particulier chez nos confrères japonais. "En 2024, l'ensemble des filiales Petit Bateau étaient [même] en croissance", martèlent nos homologues du Monde.

De surcroît, Regent a du savoir-faire en la matière : c'est à lui qu'on doit le rebranding de DIM... Pas une mince affaire. Il est donc à la fois expert dans la relance de marques et expert dans le secteur. Enfin, Petit Bateau vogue vers de nouveaux horizons, certes, mais côté production, il reste ancré au port tricolore : les 1400 emplois français seront conservés, et la fabrication des vêtements sera toujours assurée dans son usine historique de Troyes. 

Une nouvelle qui n'a pas fait que des ravis : certains y ont vu le naufrage du navire. Mais voyons ce que nous dit l'avenir avant de céder aux sirènes du pessimisme.