"On m'a lancé un pantalon à la figure": être vendeuse chez Zara c'est aussi ça

Raillées en ligne, les vendeuses de Zara racontent un quotidien marqué par l'irrespect, les agressions et une réalité souvent ignorée.

"On m'a lancé un pantalon à la figure": être vendeuse chez Zara c'est aussi ça
©  rawpixel

Critiquées pour leur froideur, caricaturées en ligne, les vendeuses de Zara connaissent une tout autre réalité. Derrière les portants bien alignés, elles affrontent au quotidien des comportements qui laissent des traces, loin des clichés et des jugements rapides.

Les cabines d'essayage, en apparence anodines, réservent parfois de mauvaises surprises. "Des collègues ont retrouvé des serviettes hygiéniques usagées en cabine", raconte Eliza. "Quelqu'un a même déféqué", ajoute Anaïs. Ces gestes déplacés, devenus presque banals, imposent aux équipes une patience à toute épreuve.

À cette lassitude discrète s'ajoutent des tensions visibles. Il suffit d'une taille manquante pour faire exploser la frustration. Après avoir indiqué qu'il n'y avait plus de XS, Maïwenn a vu une cliente jeter un portant entier de vêtements au sol. Parfois, l'agacement est plus direct. "On m'a lancé un pantalon à la figure", se souvient Eliza.

À la caisse, l'impatience est un bruit de fond permanent. Amélie, seule en caisse, n'a pas eu le temps de plier chaque pièce comme il se doit. En guise de réponse, une cliente lui a jeté des pièces de monnaie au visage. Sans un mot, sans un regard. Les gestes déplacés laissent des marques, parfois invisibles. Une vendeuse parisienne raconte avoir été la cible d'un crachat. Un geste isolé, mais symptomatique d'un climat où le respect n'est plus toujours une évidence. Derrière une attitude parfois fermée, il y a l'épuisement d'un quotidien fait de petites humiliations silencieuses. "Au bout d'un moment, on se blinde", explique Maïwenn "Mais ce n'est pas parce qu'on reste professionnel qu'on est insensible". En boutique, les regards fuyants et les exigences démesurées dessinent une forme d'invisibilité sociale. "On a parfois l'impression de ne pas exister", souffle Amélie. Avec les années, la tension s'est installée. "Depuis la pandémie, les gens sont devenus plus agressifs ", observe Eliza. " Ils supportent moins l'attente, moins le moindre obstacle."

 

Ces témoignages racontent une autre facette du monde du retail. Un espace où les vendeuses continuent d'assurer, jour après jour, dans l'ombre des vitrines éclatantes.

Merci aux vendeuses et vendeurs qui ont accepté de témoigner. Leurs noms ont été modifiés.