Pourquoi la tendance Cartooncore va être partout ce printemps ?

C'est la nouvelle tendance qui agite les réseaux sociaux. Le Cartooncore, esthétique inspirée des mondes virtuels, s'apprête à envahir nos dressings. Décryptage.

Pourquoi la tendance Cartooncore va être partout ce printemps ?
© Défilé Loewe printemps-été 2023 le 30 septembre 2022 à Paris par Aldama Ik/DPA/ABACA

Des bottes rouges surdimensionnées et arrondies. Voici l'objet mode non identifié qui fait le buzz sur TikTok et Instagram ces derniers jours. Imaginées par le collectif new-yorkais MSCHF, ces Big Red Boots, qui rappellent celles d'Astro Boy, héros de manga des 60's, ont été vendues au prix de 350 $ en quelques heures le jeudi 16 février, d'après le site Internet du label. Des "Cartoon boots pour un monde en 3D cool", dixit MSCHF, qui ont donné naissance à une nouvelle tendance : le Cartooncore

Pour MSCHF, ces bottes rouges sont déjà synonymes de succès. La plateforme de recherche mode Stylight note que le nombre de recherches sur le collectif a enregistré une hausse de 1 021 % sur Google ces dernières semaines. Sur TikTok, le mot dièse #bigredboots a quant à lui totalisé 1 milliard de vues la semaine du 6 février 2023.

En réalité, MSCHF n'est pas le seul label à s'amuser avec les dimensions. Lors de son défilé printemps-été 2023, la griffe espagnole Loewe, dirigée par J.W. Anderson, a dévoilé une série de pièces pixelisées. Grâce à de savants jeux d'ombres et de matières, ces vêtements semblaient tout droit sortis de la garde-robe d'un Sims des années 2000. Aux pieds, les mannequins portaient des escarpins tout en courbes, similaires à ceux de Minnie, le personnage de Disney. Des souliers qui ont vu leur nombre de clics augmenter de plus de 1 000 % sur Stylight. Ces vraies chaussures de dessin animé, comme les Big Red Boots et les habits pixelisés, confondent habilement virtuel et mode IRL pour troubler les genres. Un nouveau marché pour le luxe ?

La mode et le virtuel, un terrain de jeu infini

Le métavers n'est pas la première incursion de la mode derrière nos écrans. Dans le monde virtuel Second Life lancé en 2003, les marques proposaient déjà des vêtements aux utilisateur.ice.s. Adidas, Dior ou encore Jean Paul Gaultier avaient par exemple investi le jeu vidéo du début des 00's. Depuis, Facebook, Instagram, Snapchat et TikTok nous ont habitué.e.s à passer une bonne partie de nos journées sur nos smartphones (3h30 en moyenne en France en 2021 selon une étude de l'application Annie citée par le média 20 Minutes) et à utiliser des dizaines de filtres sur nos selfies. Résultat, lorsque Facebook a décidé de se renommer Meta en 2021 et d'investir un maximum pour proposer à ses utilisateur.ice.s un métavers le plus immersif possible, les marques ont rapidement investi ce nouvel univers. Leur idée ? Proposer des garde-robes entières dans les boutiques de ce nouveau monde pour habiller un le plus d'avatars. Signe que pour le luxe, c'est du sérieux, la maison Balenciaga, qui a collaboré avec le jeu vidéo Fortnite en septembre 2021, s'est dotée trois mois plus tard d'un directeur de la Metaverse Business Unit.

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Boots Quantum par Alejandro Delgado sur DressX © DressX

De nouveaux.lles acteur.ice.s font aussi leur entrée dans le game. C'est le cas de DressX, une société fondée Daria Shapovalova et Natalia Modenova en 2020. Les deux entrepreneures ukrainiennes ont une vision claire : "Nous voulons montrer que certains vêtements peuvent exister dans leur version digitale uniquement. Ne faites pas moins de shopping, acheter de la mode digitale". Sur la plateforme, il est possible de s'offrir des bottines irisées à 50 $, un sweatshirt froncé à 30 $ ou encore un trench transparent à 40 $. Des pièces originales virtuelles, imaginées par des designers 3D, qui sont, selon la logique des fondatrices de DressX, beaucoup moins polluantes que des vêtements en tissu. Un argumentaire qui se tient, mais qui omet de préciser que finalement, le plus responsable, c'est de ne rien acheter du tout.