Louis Vuitton printemps-été 2021 : en terrain neutre

Pour son dernier jour, la fashion week nous offre une cérémonie de clôture digne de ce nom, avec un défilé Louis Vuitton printemps-été 2021 qui forge une identité déterminée au genre neutre.

Nouvelle ère, nouveau lieu, nouveaux horizons. À l'occasion de son défilé printemps-été 2021, Louis Vuitton manifeste son besoin pressant de renouveau et sa volonté d'en être un acteur majeur. Rendez-vous non plus au Louvre, mais sous la verrière de la Samaritaine, grand magasin emblématique (fermé depuis 2005 et racheté par LVMH) encore en cours de rénovation, qui rouvre ses portes pour la première fois pour l'occasion. Concentré sous la verrière pour admirer les fresques Art Déco, le set ne nous permet pas de voir davantage de ce nouvel édifice. En effet, des panneaux verts couvrent tout : ils servent, en version numérique de support à la projection du film Les Ailes du Désir de Wim Wenders qui s'incruste partout à l'image. Mais aussi prestigieux et ingénieux soit-il, le décor n'a pas le monopole de la fraicheur. Avec sa dernière collection, Nicolas Ghesquière nous propose d'"Entrer dans [un] territoire encore flou stylistiquement."

Où le directeur artistique nous emmène-t-il ? A mi-chemin entre l'homme et la femme, dans un interstice intéressant et résolument actuel. Pas vraiment masculin/féminin, ni l'inverse non plus, la collection Louis Vuitton "femme" printemps-été 2021 s'applique à atténuer les marques genrées plutôt qu'à les apposer ou les superposer. En résulte une coolitude universelle, des silhouettes oversized, des messages et des patchworks collages forts, des grandes épaules loose qui flottent sur des minuscules tailles soulignées. 

Comme toujours chez Louis Vuitton, une pièce forte en chasse une autre, avec un sex appeal qui dépasse largement les questions de genres. Les explorations se heurtent à des questions, comme celle des pantalons coupe sarouel (?) ou des escarpins sabots (?), qui ne manqueront pas de mettre au défi les influenceuses les plus aiguisées le printemps prochain. Soit, c'est en ne se fermant à rien que Nicolas Ghesquière parvient à garder l'œil ouvert sur le monde et à forger un vestiaire qui réconcilie le masculin et le féminin dans leurs désirs. Loin d'être une mince affaire en 2020.