Les mères ne sont pas les seules à avoir un instinct maternel : la science pourrait redéfinir les rôles

Dans l'imaginaire collectif, les femmes disposent d'un véritable "instinct maternel" qui les rendrait plus proches de leurs enfants, et surtout plus aptes à s'occuper d'eux. Mais les études scientifiques mettent à mal cette conception.

Les mères ne sont pas les seules à avoir un instinct maternel : la science pourrait redéfinir les rôles
© marushy

C'est un débat qui n'en finira jamais, où chacun y va de son avis… à coup de preuves biologiques ou seulement de convictions sociétales. Les femmes sont-elles vraiment prédisposées à s'occuper des enfants, simplement car elles sont celles qui les mettent au monde ? D'un côté, les études scientifiques attestent qu'il existe bel et bien un instinct maternel. Et de l'autre, celles qui démontrent que la grossesse ou l'allaitement ne sont pas nécessairement liés à la capacité de s'occuper d'un nourrisson. En réalité, les deux ne sont pas incompatibles. 

Évidemment, les pères sont tout aussi capables que les mères de gérer l'éducation de leurs enfants… quand ils le veulent. Inutile de sortir les données chiffrées, n'importe quelle maman hétérosexuelle le dira : elle en fait plus pour ses bambins que leur papa. La faute à une conception de la société, patriarcale, qui veut que tout cela soit "une affaire de femme". Mais, qu'en est-il dès lors que l'on parle de biologie ? À vrai dire, les hommes et les femmes ne sont pas si différents lorsque l'on parle d'instinct parental.

© seventyfour74

Le documentaire Arte "Paternité, une métamorphose décryptée" le montre bien. Une expérience scientifique, menée par la chercheuse Siloé Corvin au CHU de Saint-Etienne, le prouve de façon très concrète. Des cris de nouveaux-nés ont été diffusés à de jeunes parents, afin de voir si les femmes seraient mieux capables de les reconnaître que les hommes. Résultat, à 90 %, pères et mères ont réussi à identifier leur bébé sans distinction. La seule condition étant d'avoir déjà entendu ses cris à trois ou quatre reprises. 

Et, même en termes de sécrétions hormonales et d'effets visibles sur le cerveau, la réaction d'une mère et d'un père à la présence de son bébé est la même. Une autre étude publiée dans la National Library of Medicine montre à son tour que le sexe du parent n'a aucune incidence sur la production d'ocytocine, l'hormone du plaisir et de l'attachement. En réalité, l'attachement pour l'enfant se crée surtout en fonction du temps que l'on passe avec lui. Les tâches parentales étant encore accomplies à 70 % par les femmes selon l'INSEE, on s'imagine que le lien qui les unit à leur progéniture est plus fort. Et surtout, qu'elles savent mieux s'en occuper que les papas. Mais rien ne le prouve donc scientifiquement : les mères peuvent effectivement développer une expertise et un rapport sentimental plus prononcé, non pas parce que leur corps est fait ainsi, mais bien par habitude. 

Vous l'aurez compris, les pères n'ont plus aucune excuse pour ne pas se réveiller à 4 heures du matin parce qu'ils "n'ont rien entendu". Car la science l'a prouvé, l'instinct maternel est une construction sociale : désormais, on parlera plutôt d'un instinct parental, partagé à égalité avec ces messieurs.