Arnaques en ligne ou par SMS : voici ce que s'achètent vraiment les escrocs avec l'argent volé

Que font les escrocs après avoir dépouillé leurs victimes ? Un inspecteur de police dévoile comment les voleurs dépensent l'argent qui ne leur appartient pas.

Arnaques en ligne ou par SMS : voici ce que s'achètent vraiment les escrocs avec l'argent volé
© anatolik1986

Chaque jour, des milliers de personnes reçoivent des messages frauduleux se faisant passer pour leur banque, un service de livraison ou encore l'administration fiscale. Ces messages, souvent alarmants, incitent à cliquer sur un lien ou à fournir des informations sensibles. C'est ce qu'on appelle le smishing, contraction de "SMS" et "phishing". Une fois les données captées, les escrocs accèdent aux comptes bancaires de leurs victimes et peuvent vider en quelques clics des économies patiemment constituées. La méthode est rapide, difficile à tracer et particulièrement dévastatrice pour ceux qui tombent dans le piège.

Mais une question dérange : que font vraiment les escrocs de tout cet argent subtilisé ? Loin de le dissimuler ou de le blanchir via des circuits complexes, une partie est dépensée immédiatement dans des objets très visibles. C'est ce qu'a découvert l'inspecteur principal Paul Curtis, de l'unité britannique de lutte contre la criminalité financière. Lors d'une opération, il a mené des perquisitions révélant une réalité saisissante. "Ils aiment mener une vie fastueuse", affirme-t-il. Et d'ajouter : "Ils ne mettent pas d'argent de côté, ils le dépensent ici et maintenant." Ses équipes sont tombées sur des quantités impressionnantes d'objets de luxe...

© olegtroino

Lors de ces perquisitions, la police a saisi entre 8 500 et 10 000 objets, principalement des chaussures et sacs de grandes marques, témoignant de cette consommation ostentatoire. Le parfum du cuir neuf, les escarpins Gucci colorés et d'autres biens de luxe remplissent la salle des scellés où sont entreposées ces preuves. Ces dépenses donnent une idée concrète des gains générés par les arnaques… et de la manière dont ils sont dilapidés. Loin de l'image du cybercriminel caché derrière un ordinateur, ces profils dévoilent un goût marqué pour l'excès, l'immédiateté et la dépense sans retenue.

Ce choix de dépenser rapidement l'argent volé ne relève pas seulement du luxe : il s'agit aussi d'éviter les traces bancaires qui pourraient les compromettre. En convertissant l'argent en biens matériels, les escrocs pensent échapper aux radars. Pourtant, ces objets attirent aussi l'attention des forces de l'ordre. Une paire de baskets hors de prix, un sac introuvable en boutique ou un dressing entier garni de pièces neuves peuvent mettre la puce à l'oreille. Dans d'autres affaires, les enquêteurs ont repéré des montres de collection, des vêtements de créateurs ou même des voitures de luxe stationnées dans des quartiers modestes. Autant d'indices qui finissent, tôt ou tard, par trahir leur propriétaire.