Non, votre avion n'arrive pas "en avance" : le mensonge bien rodé des compagnies aériennes sur la durée des vols

Aujourd'hui, un même vol dure plus longtemps qu'il y a 30 ans… alors que les avions sont plus rapides. Une hôtesse de l'air explique ce paradoxe, derrière lequel se cache en réalité une stratégie marketing utilisée par la plupart des compagnies aériennes.

Non, votre avion n'arrive pas "en avance" : le mensonge bien rodé des compagnies aériennes sur la durée des vols
© beer5020

À qui n'est-ce jamais arrivé ? Au moment de réserver son billet, et à nouveau au moment du décollage, le temps de trajet est annoncé à 1h20. Pourtant, l'avion a atterri au bout d'une heure de vol seulement ! Au micro, le pilote annonce fièrement que "nous sommes arrivés avec 20 minutes d'avance", et tous les passagers s'en réjouissent. Pourtant, ce n'est pas de la magie… et l'appareil n'a pas volé plus vite que prévu. 

Du yield management au fuel dumping, en passant par le drip pricing ou encore l'unbundling… Les compagnies aériennes déploient des trésors d'ingéniosité pour rentabiliser au maximum chaque voyage. Abstraites (et même souvent invisibles) pour le passager lambda, ces stratégies commerciales orientent nos choix de sièges, gonflent nos factures, et nous poussent à croire à certains arguments publicitaires... largement édulcorés. Certains spécialistes du secteur aérien s'attachent de plus en plus à démonter ces concepts sur les réseaux sociaux, comme c'est le cas notamment de l'hôtesse de l'air Karine de Falchi (connue sous le pseudonyme @queenofcockpit sur TikTok ou @enairexxion sur Instagram). Elle raconte ainsi comment, et surtout pourquoi, les compagnies aériennes gonflent volontairement la durée des vols. 

© wattanaphob

C'est ce qu'on appelle le "schedule padding", que l'on peut traduire par "remplissage horaire" en français. Les compagnies aériennes, jugées sur leur ponctualité, allongent artificiellement le temps de vol prévu pour paraître à l'heure. Ainsi, même si l'avion a décollé avec 15 minutes de retard par exemple, il peut "rattraper" ce temps perdu en vol, car la compagnie avait prévu une marge. Les passagers ont donc l'impression d'être arrivés à l'heure ! Sur le même principe, si l'avion part à l'heure, les voyageurs croient avoir atterri en avance. "Et hop, les compagnies aériennes peuvent afficher 98 % de ponctualité sur leurs publicités !", souligne ainsi Karine de Falchi. 

Concrètement, un avion n'arrive donc (quasiment) jamais à l'heure… et encore moins en avance. D'ailleurs, cette ruse est employée par une grande majorité des compagnies aériennes, dont certaines parmi les plus connues. "Ce petit mensonge marketing est devenu une stratégie mondiale. Même les géants comme British Airways ou Delta gonflent leurs horaires. [...] Certains vols courts ont aujourd'hui des horaires plus longs qu'il y a 30 ans, alors que les avions vont plus vite : on vole plus vite, mais on met plus de temps !", pointe du doigt l'hôtesse de l'air. 

Au-delà de l'argument publicitaire pour vanter leur ponctualité, le schedule padding est aussi un moyen pour les compagnies aériennes d'éviter au maximum de verser des compensations pour retards : eh oui, en prenant de la marge dans les horaires annoncés, le nombre et le délai des retards est largement diminué... et donc les remboursements aussi. Une marge qui, bien exploitée, devient un outil de gestion des coûts autant qu'un levier d'image.