"J'ai failli payer deux fois mon loyer" : ce mail peut piéger n'importe qui

Une tentative de phishing au ton impeccable, une demande de virement qui paraît banale : attention, cette escroquerie cible de plus en plus de locataires. Un piège redoutable qui a failli coûter plus de 1800 euros à Margot. Elle témoigne pour alerter les consommateurs sur cette fraude bien huilée.

"J'ai failli payer deux fois mon loyer" : ce mail peut piéger n'importe qui
© fizkes

Un simple message peut faire perdre des centaines d'euros : on le sait, nos boîtes mail sont pleines de tentatives d'hameçonnage (phishing), toutes plus élaborées les unes que les autres. Les cybercriminels affinent leurs techniques, n'hésitant pas à recourir à l'usurpation d'identité d'entreprises reconnues pour endormir la vigilance de leurs victimes. Fausses factures, alertes administratives inventées, notifications "urgentes" : les manœuvres frauduleuses se multiplient et gagnent en crédibilité. Même si la plupart finissent généralement dans les spams, certaines arnaques parviennent encore à passer entre les mailles du filet, semant le doute et exposant les consommateurs à un réel préjudice financier.

C'est exactement ce qui est arrivé à Margot. Locataire d'un appartement dans le Val-de-Marne, elle a bien failli se faire avoir. "Il y a quelques jours, un peu avant la fin du mois et donc le paiement de mon loyer, j'ai reçu un mail de mon agence immobilière. Au début, je n'ai pas fait attention... J'aurais facilement pu tomber dans le panneau et faire le virement", nous explique la jeune trentenaire. En réalité, ce courriel ne provenait pas du tout de son bailleur, mais bien d'escrocs.

© Journal des Femmes

Il faut dire que l'arnaque est bien ficelée : les malfaiteurs se font passer pour l'agence immobilière de la victime, prétextant un changement de coordonnées bancaires suite à une erreur technique temporaire. "Il n'y avait aucune faute d'orthographe, le texte était très bien formulé. N'importe qui aurait pu se faire piéger. Heureusement que je suis méfiante et que certains éléments m'ont paru suspects." En effet, le nouveau RIB communiqué dans le mail était affilié à un nom personnel, plutôt qu'à une société comme Century21, ce qui est le cas d'habitude. De plus, l'expéditeur demandait une "preuve de virement", ce que Margot n'a jamais eu besoin de faire auparavant. "Sur mon téléphone, j'ai vu s'afficher 'Info Gestion Immobilier' comme expéditeur, mais ça ne m'a pas sauté aux yeux tout de suite. Heureusement que j'ai aussi vérifié l'adresse mail. Autrement, j'aurais payé mon loyer aux arnaqueurs, soit près de 900 euros, mais une deuxième fois à ma vraie agence !", soupire la jeune femme. Effectivement, l'adresse mail n'avait rien d'officiel, ce qui l'a définitivement convaincue qu'il s'agissait d'une fraude. 

Depuis quelques années, cette tentative d'escroquerie semble prendre de l'ampleur : le site officiel Cybermalveillance.gouv.fr a recensé "plusieurs vagues" de ces arnaques au détournement de loyer "depuis fin 2022". Certaines prennent la forme d'un changement de coordonnées bancaires, comme pour Margot, tandis que d'autres évoquent un défaut de paiement de loyer à régulariser au plus vite. Le gouvernement précise qu'un détail en particulier doit alerter les destinataires de ces mails : outre une adresse bien souvent fausse, c'est surtout le "caractère impersonnel" du message qui doit mettre la puce à l'oreille. Votre identité ou celle de votre propriétaire/bailleur n'y sont jamais mentionnées. D'ailleurs, ces mails sont presque systématiquement signés du "service comptabilité" ou "gestion", sans aucune précision supplémentaire.

Dans le cas de Margot, le message était signé d'une certaine Lauriane B., mais l'entité Century21 n'apparaît nulle part : "Je n'ai jamais eu affaire à cette personne dans mes précédents échanges avec mon agence. Et en tapant son nom sur internet, je me suis rendue compte que plusieurs signalements avaient été faits, alertant sur une 'fraude de type faux RIB'. Mais heureusement que j'ai pensé à vérifier !" Margot a eu le bon réflexe, mais tous n'ont pas cette vigilance. Cybermalveillance.gouv.fr rappelle que ces arnaques peuvent toucher n'importe qui et qu'un signalement rapide permet souvent d'éviter d'autres victimes. Une minute pour vérifier suffit, parfois, à déjouer des escroqueries qui auraient pu coûter très cher.