"T'as une tête de Véronique" : la science l'affirme, notre prénom façonne notre visage
À quoi ressemble un Sébastien ou une Lisa ? Oui, c'est une vraie question à laquelle des chercheurs ont tenté de répondre. Surprise : nos prénoms finissent par sculpter nos visages, et il y a bien une explication scientifique à ce phénomène.
Vous a-t-on déjà dit que vous aviez la tête de votre prénom ? Avez-vous déjà réussi à deviner le prénom d'une personne que vous veniez de rencontrer ? Avez-vous déjà tenté, assis à la terrasse d'un café, de trouver le prénom des passants croisés par hasard ? Eh bien, il semblerait que ces associations prénom-visage ne soient pas seulement le fruit de notre imagination. En effet, la science l'a prouvé, nous ressemblons vraiment à notre prénom.
En 2017, des chercheurs de HEC Paris et de l'Hebrew University of Jerusalem ont montré, à travers une étude publiée dans le Journal of Personality and Social Psychology, que l'association entre un visage et un prénom ne relève pas du pur hasard. En présentant plus de 94 000 photos d'inconnus à des participants, avec un choix de quatre prénoms pour chaque personne, le résultat de "qui est-ce" grandeur nature est flagrant : en moyenne, 40 % des interrogés ont trouvé la bonne réponse, soit un taux supérieur au hasard (qui serait d'environ 25 %). Pour certains prénoms, le taux de réussite est même monté jusqu'à 80 % ! Qu'on le veuille ou non, nous avons tous une idée de ce à quoi ressemble un Vincent, une Audrey ou encore une Caroline. Et souvent, ce stéréotype est le même pour tout le monde : c'est dû à l'étiquette sociale que l'on attribue inconsciemment à un prénom.
"Imaginons une personne qui s'appelle Claire, nous avons tendance à l'imaginer avec tel attribut…. En effet, nous croyons que ces stéréotypes peuvent, au fil du temps, affecter l'apparence des gens", explique Yonat Zwebner, co-auteure de l'étude. Certaines zones du visage peuvent en effet être contrôlées par l'individu, comme la coiffure. On aura tendance à visualiser une Clotilde avec les cheveux courts ou attachés, par exemple. Ainsi, on pourrait même distinguer deux jumelles et deviner laquelle porte tel prénom, rien qu'en regardant leurs cheveux. Ainsi, les stéréotypes culturels autour des prénoms peuvent conduire à des changements réels dans l'apparence du visage : on finit par ressembler à l'image que les autres se font de nous. Un bébé ne sera donc pas forcément le reflet de son prénom, mais un adulte, si.
"En France, nous partageons un stéréotype du prénom Véronique, et les Véronique font évoluer leur visage vers ce stéréotype, que seuls les Français savent ensuite reconnaître", analyse l'étude, qui a été menée sur des participants à la fois français et israéliens. Résultat : les Français étaient meilleurs pour attribuer un prénom français à un visage plutôt qu'un prénom israélien, et vice-versa. "Tous ces résultats suggèrent que l'apparence physique est à l'image du prénom d'une personne et des attentes sociales qu'induit ce prénom. Nous n'avons pas la même représentation d'une personne qui se prénomme Eléonore que d'une autre jeune femme qui s'appelle Doria. Nous sommes soumis à une structuration sociale dès la naissance, non seulement par le genre, l'ethnie et le statut socio-économique, mais aussi par le simple choix qu'ont fait nos parents en nous donnant tel ou tel prénom", explique à son tour Ruth Mayo, également co-auteure du rapport.
Bien sûr, les prénoms très rares, ou à l'inverse très populaires, sont plus difficiles à associer à un physique. Les clichés sont moins précis lorsqu'un prénom est trop peu répandu : qui saurait dire à quoi ressemble un homme prénommé Cassien ? Et il en va de même pour les prénoms particulièrement connus. Par exemple, on connaît tellement de Marie, de toutes générations confondues, qu'il est difficile de leur prêter un visage spécifique. Mais nul doute que, bien plus qu'une simple étiquette, notre prénom façonne en partie notre identité sociale et d'une certaine façon, notre avenir.