Ce que personne ne dit sur le niveau des profs en poste à la rentrée de septembre
Les élèves sont en vacances et, pendant ce temps, la rentrée se prépare. Face au manque d'enseignants, les académies semblent revoir leurs exigences à la baisse au moment de recruter de nouveaux professeurs, parfois de façon drastique. Ont-ils toujours le niveau ?
On entend souvent parler d'une baisse du niveau des élèves en France. En mai dernier, un rapport de la Cour des comptes sur l'enseignement primaire déplorait notamment un niveau "inacceptable", relevant qu'un élève sur trois est en difficulté en français, tout comme un élève sur quatre en mathématiques en classe de sixième. Parmi les facteurs qui peuvent expliquer cette situation, on peut s'interroger sur le niveau de certains enseignants.
On le sait, ces dernières années, même lorsqu'il y a des suppressions de postes, le recrutement des professeurs reste difficile. Cela est dû à la faible attractivité du métier d'enseignant, qui cumule des conditions de travail difficile et de bas salaires, ainsi que le fait que la fonction publique est de moins en moins séduisante. Pour avoir autant de profs que possible, les académies doivent faire des concessions quant aux niveaux des aspirants professeurs.
Ainsi, comme le rapporte Le Figaro, certaines académies ont instauré les "notes seuils" qui permettent d'accéder à l'oral du concours de professeur des écoles particulièrement bas cette année : 8/20 dans celles de Paris et d'Orléans-Tours, 7 dans celle de Versailles, et même 6 dans celle de Créteil. En comparaison, c'est à Rennes qu'elle est la plus haute, fixée à 13,25. Et les rapports des jurys en disent long sur le niveau des candidats. À l'épreuve de français, celui de l'académie d'Amiens relève par exemple que bon nombre d'entre eux n'adaptent pas leur niveau de langue à la situation, ne maîtrisent pas certaines notions de niveau élémentaire ou collège, ou encore que "près de 25 % des copies contiennent plus de dix erreurs orthographiques ou syntaxiques, avec des fautes récurrentes telles que "malgrés que", "parmis", "comme même", "le champs lexical", et des confusions entre homophones (a/à, ce/se)". Du côté de l'épreuve de mathématiques, les jurys ont pu constater là encore des lacunes sur des compétences de base (formule de calcul de la circonférence, différence entre nombres impairs et négatifs, nombres décimaux…).
À l'issue des concours, 500 postes n'ont pas été pourvus pour la rentrée 2025. Pour essayer de combler les trous, l'Éducation nationale fait appel à des contractuels, qui sont moins bien rémunérés et qui sont recrutés à partir de bac+3. Certains d'entre eux ont candidaté au concours de professeur des écoles ou au Capes, sans obtenir l'examen. D'autres n'ont pas encore fini leur formation. Quant aux enseignants qui sont - ou ont été - formés dans l'un des Instituts nationaux supérieurs du professorat et de l'éducation (Inspé), ils sont nombreux à déplorer une formation déconnectée de la réalité, qui ne leur apprend pas réellement à faire face à une classe ou aux troubles de l'apprentissage dont leurs futurs élèves peuvent être atteints.