C'est la seule chose qui pousse un ado à se confier à ses parents aujourd'hui

Avant, ils racontaient tout. Leur copain préféré, la cour de récré, le prof "chelou". Puis, plus rien. Entre les monosyllabes du soir et les yeux levés au ciel, voici comment rétablir le lien avec son ado.

C'est la seule chose qui pousse un ado à se confier à ses parents aujourd'hui
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Pendant des années, on a tout su d'eux : leur plat préféré, leur cauchemar du jeudi, leur rival de foot, ce qu'a dit la maîtresse ou le copain dans la cour de récré. Puis, sans prévenir, le rideau est tombé. Devenus ados, ils verrouillent leur monde. Poser une question sur leur journée, c'est s'exposer à un "bof", un "je sais pas" ou, au mieux, un haussement d'épaules. Pourtant, ils n'ont pas cessé d'avoir besoin de parler. Mais pas à n'importe qui, ni dans n'importe quelles conditions.

À 17 ans, Greta explique qu'on obtient de vraies réponses uniquement si on pose les bonnes questions au bon moment. Ajani, 18 ans, confirme que le timing change tout. Il décrit une phrase que sa mère utilise désormais : "Ma mère a commencé à me demander : 'Tu te sens à l'aise pour parler de ça maintenant ?'" Une petite attention qui change la dynamique, car il ne se sent pas forcé, mais respecté.

Derrière ces exemples, une réalité bien documentée. La journaliste scientifique Melinda Wenner Moyer l'explique dans son livre Hello, Cruel World: Science-Based Strategies for Raising Terrific Kids in Terrifying Times. Selon ses recherches, ce n'est pas tant ce qu'on dit qui compte, mais la manière dont on écoute. En effet, une écoute véritable, sans interruption ni arrière-pensée, transforme la relation. Elle construit un espace de confiance et permet aux ados de s'exprimer sans crainte d'être recadrés. Ainsi, elle les rend plus ouverts, plus curieux, plus enclins à se confier.

La spécialiste le résume ainsi : "Les recherches montrent que quand les gens se sentent écoutés, ils deviennent plus ouverts d'esprit, plus humbles intellectuellement." C'est valable pour tout le monde, ados compris. Quand on se sent entendu, le cerveau se détend. Il devient plus réceptif. Et dans une famille, cette ouverture change tout. Parce que, oui, ce que les ados rejettent, ce n'est pas la discussion, c'est le contrôle. Ils veulent qu'on les écoute, pas qu'on leur donne des ordres déguisés en conseils. La stratégie gagnante consiste alors à différer la conversation. Laisser un peu de temps, puis revenir doucement.

Ajani trouve, d'ailleurs, cette approche efficace : "J'ai l'impression que me laisser un peu d'espace puis revenir vers moi a eu beaucoup d'impact pendant que je grandissais." Il raconte aussi : "À une époque, ça m'énervait que mes parents me demandent comment s'était passée ma journée, mais maintenant, je trouve que ça ne me dérange plus." La routine d'un simple "comment ça va ?" redevient alors acceptable, parce que l'enfant sait que cette question ne cache pas un interrogatoire. Bref, donner de l'air, ne pas insister, puis relancer sans pression. Une technique simple qui permet d'éviter les blocages.