Ce jeu permet aux enfants de déceler une relation toxique dès leur plus jeune âge

Et si apprendre à repérer les relations toxiques commençait avant l'adolescence ? Une éducatrice propose un jeu à mettre en place facilement à la maison, et ce, dès les premières années d'école.

Ce jeu permet aux enfants de déceler une relation toxique dès leur plus jeune âge
© boggy22 / 123RF

On leur apprend à faire attention en traversant la route, à dire bonjour, à tenir leur fourchette, à ne pas crier dans les magasins. Mais qui leur apprend à dire non quand un copain les rabaisse, les exclut ou les pousse à faire quelque chose qu'ils n'ont pas envie de faire ? Pour Laurie Gozlan, éducatrice spécialisée et fondatrice du compte Instagram @petit_deviendra_grand, cette compétence-là est trop souvent laissée de côté. "Si tu apprends très tôt à ton enfant à reconnaître les bons amis, et les comportements relationnels sains, il ne doutera pas de sa valeur et ne s'imaginera pas que c'est lui le problème quand il se retrouvera face à un copain toxique (ce qui arrivera, car c'est inévitable !)", écrit-elle en légende d'un post qui a fait réagir des centaines de parents. L'enjeu est clair : éviter que les enfants internalisent la violence ordinaire de certaines amitiés. Parce qu'une remarque humiliante répétée, un regard qui juge, une mise à l'écart constante, ça abîme. Et ça commence tôt. Très tôt.

"On s'entraîne à repérer les comportements gentils, et ceux qui piquent", raconte Laurie Gozlan. En effet, si l'enfant n'a pas été outillé, il va souvent penser que c'est normal d'être maltraité. Ou pire, que c'est sa faute. Résultat : une estime de soi qui s'effondre, une difficulté à poser ses limites, une tendance à se suradapter. Ainsi, elle propose un outil pour inverser la tendance. Un jeu auquel on joue à la maison, en dix minutes chrono, avec une feuille et des ciseaux. L'enfant devient acteur. Il trie, il réfléchit, il argumente. Il développe ce que l'éducatrice appelle une "boussole relationnelle". Il apprend que l'on a le droit de s'éloigner d'un camarade qui nous fait du mal, même s'il est "populaire", même s'il dit ensuite qu'il plaisantait. Il comprend aussi ce qu'est un ami "top" : celui qui l'attend à la récré, qui dit pardon s'il a blessé, qui l'écoute, qui partage, qui encourage. Et il repère, sans culpabilité, les "amis stop" : ceux qui ignorent, humilient, contrôlent. "Savoir choisir ses amis, c'est déjà se protéger", résume Laurie Gozlan.

Le jeu, justement, s'appelle "Ami Top / Ami Stop". Le principe : fabriquer deux panneaux – l'un "Ami Top", l'autre "Ami Stop" – et y coller, chaque jour pendant une semaine, des cartes décrivant des situations concrètes. Il se moque de tes cheveux. Il t'aide quand tu es triste. Il dit que tu es nul. Il t'encourage quand tu essaies quelque chose de difficile. L'enfant choisit la bonne catégorie, puis en discute. Au bout de sept jours, les premiers résultats seront visibles. 

L'idée, c'est de faire de ce petit exercice un moment de décryptage doux, régulier, accessible. Un moment où l'enfant apprend qu'il a le droit de ne pas aimer, de ne pas accepter, de dire stop. Et ça, c'est déjà un grand pas.