Les parents séparés l'ignorent, mais ce comportement banal peut leur faire perdre leur autorité parentale
Si certains motifs semblent évidents, notamment en cas de maltraitance, il existe des circonstances moins connues qui peuvent entraîner une perte de l'autorité parentale.
Selon la définition du Code civil, l'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Elle s'exerce conjointement par les deux parents, sans violences physiques ou psychologiques, jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant et vise à le protéger dans sa sécurité, sa santé, sa vie privée et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement. Dans certaines circonstances, un parent peut se voir accorder l'autorité parentale exclusive. Et, dans des cas beaucoup plus rares, un parent peut se voir retirer l'autorité parentale par la justice.
Le retrait de l'autorité parentale ne peut être décidée par le juge que dans des circonstances très particulières et graves, par exemple si le parent a été condamné pour crime ou agression sexuelle incestueuse commise sur l'enfant, ou pour un crime commis contre l'autre parent. Elle peut aussi être retirée en cas de délit commis sur l'enfant ou l'autre parent. Mais il n'est pas toujours nécessaire que le parent ait été condamné par la justice. Il arrive par exemple qu'un parent se voit retirer l'autorité parentale en cas de mauvais traitements, de consommation excessive d'alcool ou de stupéfiants ou parce que l'enfant est témoin des violences ou pressions exercées sur l'autre parent.
Dans certains cas, le juge peut décider d'attribuer la garde exclusive à l'un des parents, par exemple en cas de désintérêt manifeste pour l'enfant, ce qui est considéré comme un motif grave. Rappelons que les deux parents sont tenus par la loi de prendre à deux les décisions relatives à l'éducation de l'enfant. Il faut alors démontrer que le parent défaillant ne s'intéresse pas aux événements importants de la vie de l'enfant : ne s'implique pas dans la scolarité, ne l'accompagne pas à ses rendez-vous médicaux, ne paye aucune pension alimentaire etc. Mais, on le sait moins, le juge peut aussi prendre cette décision dans une situation de "blocage" qui va à l'encontre de l'intérêt de l'enfant. L'un des parents va "bloquer" certaines décisions importantes liées à l'enfant, concernant par exemple sa scolarité ou sa santé, au point de lui porter préjudice.
Des décisions qui nécessitent l'accord des deux parents se retrouvent ainsi en "suspens" parce que l'un des parents refuse de se prononcer, préférant bloquer la situation. Des situations particulières qui peuvent survenir dans le cadre d'une séparation conflictuelle. Ce refus de prendre une décision, ou un acharnement à s'opposer à la décision de l'autre parent, vise le plus souvent à lui nuire, plutôt qu'à l'enfant. Mais c'est malheureusement ce dernier qui en pâtit, d'où la décision finale que peut prendre la justice.
L’autorité parentale n’est pas un droit absolu : elle est une responsabilité au service de l’enfant. Quand l’un des parents détourne ce pouvoir, par négligence, violence ou volonté de nuire, la justice peut intervenir. Le but n’est jamais de punir un parent, mais de protéger l’enfant, de garantir son équilibre, sa sécurité, son avenir. Car au fond, ce n’est pas le conflit des adultes qui compte aux yeux du juge, mais les conséquences concrètes pour l’enfant.