Ils ont mis de l'argent de côté toute leur vie mais se privent au quotidien : la raison qui les empêche d'en profiter

Ils ont toujours vécu avec peu, alors qu'ils avaient de quoi améliorer leur train de vie. Certains de nos aînés racontent pourquoi ils ont choisi de continuer à se serrer la ceinture.

Ils ont mis de l'argent de côté toute leur vie mais se privent au quotidien : la raison qui les empêche d'en profiter
© halfpoint-123RF

Ils ont passé leur vie à mettre de l'argent de côté, parfois par nécessité ou par prudence. Aujourd'hui, même avec un compte bancaire bien rempli, ils se refusent d'améliorer leur niveau de vie ou s'accorder des petits plaisirs. Leur quotidien se résume à l'essentiel : se loger, manger, se chauffer et payer les factures. Une façon de vivre qui intrigue, dérange aussi les proches, et en dit long sur une génération marquée par certains événements. C'est le cas de Thérèse, 79 ans, propriétaire d'une maison qu'elle a héritée de sa mère, dans laquelle elle a vécu modestement toute sa vie.

Femme au foyer pendant que son mari faisait carrière dans l'armée, elle n'a jamais touché de revenu fixe. De temps à autre, elle faisait des petits boulots, mal payés et jamais à plein temps, pour aider les siens. "Je ne me suis jamais inquiétée de gagner de l'argent, c'était le rôle de mon ex-mari. Je dépendais complètement de lui financièrement", nous confie-t-elle. Une réalité qui était la "norme" à l'époque. "De mon temps, la femme commençait à peine à travailler, ce n'était pas encore démocratisé comme maintenant. On devait compter que sur un seul salaire", se remémore-t-elle. 

Avec son vécu, Thérèse a toujours appris à économiser : encore aujourd'hui, pour elle, un sou reste un sou. Avec cette philosophie, elle a mis de l'argent de côté années après années, quitte à se priver. Sa petite fille Maëva en est témoin : "dans sa maison, ma grand-mère vit dans des conditions très précaires. L'électricité n'est pas aux normes, elle se chauffe uniquement avec un vieux poêle à bois, sa literie est bonne à jeter, sa cuisine est faite de récup'... Alors qu'elle a les moyens de trouver un logement plus décent ailleurs, mais pour elle, c'est inconcevable". Mais pour Thérèse, comme beaucoup d'autres personnes âgées, une seule chose compte ! "Pour moi, ce qui est le plus important, c'est de léguer quelque chose à mes proches : que ce soit ma maison ou de l'argent", avoue-t-elle. 

Même chose pour Claudio, âgé de 67 ans, pour qui l'argent a toujours été tabou, selon sa sœur. "Aussi loin que je me souvienne, mon frère a toujours eu un rapport compliqué avec l'argent. Aujourd'hui, même avec une retraite confortable de plus de 2000 euros, il continue de vivre avec simplicité. Il ne fait aucun voyage, aucune sortie, il n'ose pas changer de voiture alors qu'elle est en fin de vie", raconte-t-elle. Au fil des années, il a réussi à épargner une belle somme d'argent qu'il donnera, lui aussi, à ses enfants. "Ça se compte en dizaine de milliers d'euros quand même", nous indique sa sœur.

Chez d'autres encore, c'est un tempérament économe, la peur de manquer ou le souvenir des privations liées à la guerre qui les pousse à vivre au plus près de leurs moyens. La plupart des retraités sont aussi dans l'anticipation. En plus de vouloir léguer une partie de leurs économies à leur descendance, ils veulent surtout être prévoyants : "je ne sais pas comment je vais vieillir et je ne veux pas être un poids financier pour mes enfants", nous dit Colette, 71 ans, qui a mis de côté au cas où elle devrait payer une place dans un Ehpad. Elle garde néanmoins les pieds sur terre tout en profitant du temps qu'il lui reste avec ses proches, et si elle pouvait faire le tour du monde, elle le ferait : "on n'emporte pas non plus notre argent dans la tombe, tant qu'on a la santé, il faut en profiter", nous dit-elle avec le sourire.