Mon neveu m'a parlé sans tabou des relations amoureuses à son âge, et j'étais loin de m'imaginer ça

Les rapports entre les jeunes évoluent, pour la plupart avec tolérance et bienveillance, mais on est parfois loin de se douter de la réalité. Surtout si on la compare avec notre propre génération.

Mon neveu m'a parlé sans tabou des relations amoureuses à son âge, et j'étais loin de m'imaginer ça
© keleny

Les adolescents traversent une multitude de bouleversements physiques et émotionnels, mais il est assez rare qu'ils se confient à leurs parents. Généralement, ils n'osent pas aborder avec eux le sujet des relations amoureuses (et encore moins de leur première fois), et s'ils le font, ils restent assez brefs. Dorian, âgé de 16 ans, se sent beaucoup plus à l'aise avec sa tante Jennifer, avec laquelle il parle sans aucun tabou. "Avec mon neveu, on parle de tout. C'est important qu'il ait une confidente à qui poser des questions. Au moins, je peux le conseiller avec un regard d'adulte, le rassurer et l'épauler s'il le faut, sans le juger", nous confie la jeune femme de 41 ans. Mais lorsqu'ils ont discuté des adolescents de son âge, Jennifer était loin d'imaginer que les choses avaient tant évoluées par rapport à sa propre génération. 

"À mon époque, on avait un amoureux ou une amoureuse, et c'était plutôt un événement dans la cour de récré", se souvient-elle. Aujourd'hui, les jeunes semblent expérimenter plus de choses, heureusement, sans qu'il n'y ait de moqueries... "Dorian est scolarisé dans une école privée, et un jour, il m'a raconté que beaucoup de jeunes de son âge voulaient "essayer" avec un garçon, ou avec une fille. Alors, il m'a dit qu'il allait tenter, lui aussi, d'embrasser un garçon pour voir la différence. Ce qu'ils aiment, c'est avant tout la personne qu'ils ont en face d'eux", nous explique Jennifer. "Finalement, il préfère les filles, mais il est plutôt content d'avoir essayé, et ne le regrette pas", dit-elle. 

Une autre différence l'a frappée : les jeunes d'aujourd'hui ayant grandi avec la nouvelle technologie et les réseaux sociaux, ces derniers ont déjà accès aux applis de rencontre. Certaines sont d'ailleurs dédiées aux moins de 18 ans. "C'est comme ça qu'il a rencontré Moussa, un jeune de 15 ans qui habite en région parisienne", ajoute la tata. En tant que confidente, elle a ainsi pu alerter son neveu, notamment sur les risques de parler à des inconnus sur internet.

Mais ces évolutions sont-elles communes à tous les jeunes d'aujourd'hui ? Nous avons posé la question à Vincent Joly, psychologue pour enfants et adolescents. Selon lui, "on voit davantage d'évolution de la bisexualité ou de l'homosexualité dans les milieux assez éduqués de centre-ville, avec un point de vue beaucoup plus tolérant et proche de la norme. À l'inverse, il y a une grande diversité des rapports aux normes selon les religions et les milieux sociaux", précise le spécialiste. Et puis, il y a aussi beaucoup d'adolescents qui consultent en étant dans un rejet : "ils ne veulent personne, ils ont une vision très négative de la sexualité et je pense que c'est à cause d'un autre problème : l'accès de plus en plus tôt à la pornographie", estime Vincent Joly. 

S'il s'agit pour lui d'un véritable problème de santé publique qu'il faut absolument régler, que les parents se rassurent : "la majorité des ados ont un rapport à l'autre proche de celui de leurs parents, ils ont un copain ou une copine, sont amoureux et romantiques, ont leur premier rapport à 17-18 ans, sont fidèles"... Pour beaucoup, tout est donc assez similaire à ce que leurs propres parents ont connu.