Ils sont vieux et ils nous ont confié le plus grand regret de leur vie - pour que leur expérience serve
Nous avons demandé à des retraités quel était leur plus grand regret. Malgré les années, certains mots, certaines décisions pèsent encore lourd dans leur mémoire.
À l'heure du bilan, rares sont ceux qui n'ont aucun regret. Une vie humaine est faite de choix assumés, mais aussi de décisions prises à contrecœur, qui peuvent être imposées ou subies. Lorsque les personnes âgées se retournent sur leur vie, les années heureuses sont parfois émaillées de petits et gros cailloux, comme autant de regrets. Des regrets qui concernent bien souvent le choix des études, un conflit jamais réglé avec un parent ou un ami, mais aussi, parfois, un non-choix qui a conditionné une période particulièrement importante de leur vie.
Marie-Claire, 81 ans, confie aujourd'hui regretter une dispute avec son père survenue alors qu'elle n'avait que 14 ans. "Il n'était pas mon père biologique, mais je porte son nom, et il a été le meilleur père qui soit", se souvient-elle avec émotion. Pourtant, en pleine crise d'ado, elle lui crie qu'il n'avait rien à lui dire, car il n'était pas son père. "Même si notre relation n'en a pas souffert, il est mort quand j'avais seulement 20 ans. Je ne me suis jamais pardonnée ces mots malheureux", ajoute-t-elle. Des mots qui dépassent la pensée, c'est aussi ce que regrette Michel, 72 ans. "Ma mère nous a élevé seule, mon frère et moi. Elle faisait tout ce qu'elle pouvait pour nous offrir le meilleur, mais nous étions relativement pauvres. Je me rappelle lui avoir dit que j'avais honte d'inviter des copains tellement l'appartement était petit", explique-t-il. Même devenus grands-parents, Michel et Marie-Claire sont encore des enfants quand ils repensent à la peine infligée à leur parent.
Mais pour nombre de nos témoins, les regrets portent sur l'orientation et la vie professionnelle. Des choix auxquels nous sommes tous confrontés et qui, même s'il est possible de se réorienter, conditionnent une bonne partie notre existence. Ahmed, 71 ans, regrette par exemple d'avoir quitté l'école très tôt pour travailler. "Je me serais bien vu faire des études de relations internationales, devenir diplomate", confie-t-il aujourd'hui. Un sentiment partagé par Lucile, 78 ans, qui estime qu'elle aurait pu faire "beaucoup mieux". "Je voulais entrer rapidement dans la vie professionnelle, je n'ai pas écouté mes parents qui m'encourageaient pourtant à faire des études", explique-t-elle. Quant à Bernard, 74 ans, il n'a jamais oublié ce salarié que son patron l'avait contraint à renvoyer en raison de son handicap. "Je l'ai recroisé quelques mois plus tard, il a refusé de me serrer la main", se souvient-il, les larmes aux yeux.
Et puis, au royaume des regrets, il y a tout ce temps passé à travailler, au mépris de la vie de famille. "J'avais l'impression de travailler pour mes enfants, qu'ils ne manquent de rien, mais en fait, je ne les ai pas vus grandir", explique Alain, 74 ans. Quant à Monique, 87 ans, elle raconte une vie passée à travailler et l'espoir de pouvoir enfin voyager à la retraite. Mais son mari est mort quelques mois seulement après avoir arrêté de travailler. "Quand mes enfants et petits-enfants me disent "on fera ça plus tard", je leur dis que c'est maintenant qu'il faut profiter de la vie", explique-t-elle.