"On élève nos enfants à quatre parents sous le même toit" : le quotidien de cette famille hors du commun
Au fil des années, la famille "traditionnelle" a évolué, laissant place à de nouveaux modèles de coparentalité. C'est le cas de Virginie et Sandrine, Nicolas et David, deux couples homosexuels, qui élèvent leurs deux enfants ensemble, dans une maison très originale. Témoignage.
Pendant longtemps, pour beaucoup, la famille désignait automatiquement un papa, une maman et des enfants. C'était le modèle dit traditionnel. Mais avec les évolutions sociétales de ces dernières années, de nouveaux schémas ont émergé et ont montré qu'il est tout à fait possible de fonder une famille en sortant des clous. Le prochain Zone Interdite, diffusé ce dimanche 24 novembre sur M6, s'est penché sur ses nouvelles familles qui brisent les tabous. Parmi elles, il y a la tribu de Virginie et Sandrine, Nicolas et David, deux couples homosexuels, qui élèvent main dans la main deux enfants. Juliette, l'aînée de 17 ans, et Victor, âgé de 10 ans et demi. Ils ont choisi le modèle de la coparentalité, et pour rien au monde, ils ne regrettent leur choix.
Leur grande aventure a commencé il y a bientôt 18 ans. À l'époque, Virginie pensait qu'en tant que lesbienne, elle ne pourrait pas avoir d'enfants. Sauf qu'à l'approche de la trentaine, "je me suis dit que c'était le schéma qu'on m'imposait et j'ai voulu en sortir en ayant mon propre enfant. Pour ma part, et c'est dû à mon histoire familiale, je suis très attachée à l'image du papa. Je voulais un schéma dans lequel il y est au moins un papa et une maman", nous confie-t-elle. Virginie s'est alors inscrite sur des sites de coparentalité pour espérer trouver un futur co-papa. Une mission loin d'être facile. "J'en ai rencontré beaucoup, une vingtaine environ. Je voulais vraiment choisir la bonne personne, avoir un feeling et partager des valeurs communes", se remémore-t-elle.
Jusqu'au jour où elle trouva la perle rare en Nicolas et David. Le coup de cœur est immédiat et surtout, il est partagé. Après avoir pris le temps d'apprendre à se connaître, le projet est lancé : ils tentent les premières inséminations en août 2006 et en novembre, Virginie tombe enceinte de Juliette, dont le père est Nicolas. Plus tard, Virginie et David ont le petit Victor. La tribu est alors presque au complet. Il ne manque plus que Sandrine, la compagne de Virginie rencontrée après coup, qui est devenue co-parent à son tour.
Mais alors à quoi peut bien ressembler le quotidien de quatre parents et deux enfants ? "On a un système de garde que l'on essaie de respecter au maximum : le lundi et le jeudi, ce sont les jours des mamans avec les enfants, le mardi et le mercredi, ce sont les jours des papas. Le vendredi et les week-ends, on alterne comme pour les vacances", détaille Virginie. Pour mettre en place ce fonctionnement, qui est flexible s'il y a des contraintes, les parents ont décidé d'habiter sur le même palier. "On a acheté un plateau dans une ancienne usine et on a pu l'aménager avec un espace pour les papas, un pour les mamans, chacun a son espace privé et sa porte d'entrée. Et au milieu, ce sont les chambres des enfants qui communiquent à la fois chez les mamans et chez les papas. C'est pratique et ça apporte aussi une stabilité pour les enfants", nous explique Nicolas. Côté argent, "chacun gère son budget quand on s'occupe des enfants. Mais quand il y a de grosses dépenses, comme pour la rentrée scolaire, on a un budget commun", ajoute-t-il.
Pour le reste, leur vie de tous les jours ressemble à celui de n'importe quelle autre famille. Ils partagent des moments à six, ils partent en vacances, fêtent Noël et les anniversaires en famille, ils rigolent, se chamaillent parfois, et discutent chaque vendredi tous ensemble pour parler de la semaine, de l'actualité, des enfants et des éventuelles punitions qui ont été données. "Je pense que je suis un papa comme tous les autres, un peu papa gâteau, mais surtout très attentionné. Ce qui m'importe, c'est que mes enfants soient heureux, qu'ils trouvent leur équilibre, et je m'efforce de les guider sans leur imposer quoi que ce soit", souligne Nicolas.
