J'aime mes enfants, mais ceux des autres me sortent par les yeux. C'est grave docteur ?

C'est bien connu : les enfants des autres sont plus turbulents, plus impolis et moins attachants que les nôtres. Leur comportement nous agace et nous interroge : que font les parents ? Si ce sentiment est largement partagé dans la population, il prend parfois des proportions démesurées, comme dans la vie de Céline, 35 ans, maman d'un petit de garçon de 5 ans et d'une petite fille de 3 ans.

J'aime mes enfants, mais ceux des autres me sortent par les yeux. C'est grave docteur ?
© vertolet-123rf

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu du mal à supporter les enfants des autres, bien avant que je ne devienne maman. En les observant dans la rue, dans les supermarchés, je me disais qu'ils avaient l'air insupportables, qu'ils étaient mal élevés et que les miens ne seraient pas comme ça ! En grandissant, ce sentiment n'a fait que se renforcer. Aujourd'hui, je suis la maman d'un petit garçon de cinq ans et d'une petite fille de trois ans. Bien sûr, ce sont les enfants les plus merveilleux du monde, je les aime plus que tout, mais je sais reconnaître quand mes enfants ont un comportement inadapté. Je ne prétends pas avoir des enfants parfaits, il leur arrive de crier, de piquer des colères, mais je réagis en conséquence. Ce qui n'est malheureusement pas le cas de beaucoup de parents ! 

"Ce qui m'agace le plus, ce sont les parents qui ne disent rien"

Parmi les enfants des autres, j'intègre aussi ceux de nos amis. Je pourrais les percevoir différemment parce que j'aime leurs parents, mais je n'y parviens pas. Je trouve la plupart d'entre eux impolis, turbulents, bref insupportables et ils ne m'attendrissent pas. Ce qui m'agace le plus dans l'histoire, ce sont les parents qui ne disent rien quand leur enfant court partout ou fait des bêtises. Car c'est leur éducation qui est à revoir.

D'ailleurs, mon mari rêve de partir en vacances avec des amis et leurs enfants, mais rien que le fait de les imaginer courir partout dans la maison, crier et répandre leurs microbes, me hérisse le poil ! En fait, je suis profondément intolérante et impatiente quand il ne s'agit pas de mes enfants. Par-dessus tout, je ne comprends pas l'éducation donnée par certains parents qui sont trop permissifs à mon goût. Alors oui, j'essaye tant bien que mal de me dire que chaque enfant est différent et a son propre tempérament, mais c'est plus fort que moi, ils me sortent par les yeux ! 

Est-ce normal de ne pas supporter les enfants des autres ? L'avis d'un psy

"Le fait de ne pas supporter les enfants des autres est un sentiment majoritairement partagé dans la population qui va avec le côté clanique de l'être humain. On préfère naturellement les personnes qui sont dans notre clan que dans celui des autres. Et pour cause, on est plus à même de pouvoir comprendre leurs réactions parce qu'on se dit qu'elles sont situationnelles et qu'ils ont de bonnes excuses pour agir comme ils le font.

A contrario, on va percevoir le comportement des enfants des autres à travers ce qu'on appelle le "biais d'attribution fondamental" qui consiste à considérer que si des individus agissent de telle ou telle manière, c'est parce que le problème vient d'eux, alors que quand ça vient de nous ou de nos enfants, on se trouve des excuses. Avec ce biais d'attribution, on va forcément considérer que les enfants des autres sont plus pénibles et non les excuser de leur comportement, car on est câblés pour répondre aux besoins de nos propres enfants et être connectés à leur expression émotionnelle, alors qu'avec ceux des autres, on est plus irrités.

Or, c'est oublier que les enfants sont des êtres en développement et que, quelle que soit leur éducation, ils ont tous un jour essayé de taper ou de répondre avec du mépris et de l'agressivité. Le comportement des autres enfants nous confronte aussi à un rôle parental différent du nôtre, ce qui nous conduit forcément à nous remettre en question. Dans ce contexte, les enfants des autres peuvent nous énerver s'ils sont en avance par rapport aux nôtres, même si on ne se l'avouera pas. "

Merci à Natacha Butzbach, psychologue en parentalité et accompagnement parental