Elles ont recomposé une famille

Samedi 7 février, les Dossiers de Téva s'intéressent aux "familles à rallonge". Trois de nos lectrices ont relevé le défi de la famille recomposée. Elles nous racontent leur expérience.

Elles ont recomposé une famille
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Anne-Stéphanie, 37 ans (Strasbourg) : "Gare aux conflits, c'est là que les problèmes commencent !"

"J'ai deux enfants : une fille de 7 ans et un garçon de 9 ans. Mon ami a deux garçons de 11 et 14 ans. Nous habitons ensemble depuis deux ans. La vie au quotidien se passe plutôt bien, mes enfants ont très bien accepté l'arrivée de mon ami, avec quelques réticences au début mais, très vite, ils sont devenus plutot complices. Mais attention, mon ex n'a jamais perdu son statut de papa, les enfants font très bien la différence. En ce qui me concerne, j'ai plus de mal à établir la même complicité avec les deux garçons de mon ami. Peut-être est-ce à cause de leur âge plus avancé ou parce que je ne les vois que les week-ends et j'ai donc peu de temps pour établir une relation proche.

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Recomposer une famille, pas toujours facile ! © Patrizia Tilly - Fotolia.com


Je m'entends très bien avec mon ex et je suis très fière qu'il soit le papa de mes enfants. Même si nous n'avons pas su faire vivre notre histoire d'amour, nous continuons à vivre notre histoire de parents et de personnes qui se respectent et s'apprécient. Pour revenir à la vie de famille recomposée, nous sommes passés par des moments difficiles et nous n'en n'avons pas fini. Et rassurez-vous, nous passons toujours des instants très agréables. Il est d'ailleurs quelquefois plus facile de gérer quatre enfants plutôt que deux. Ils forment une bonne équipe de jeux. Mais gare aux conflits, c'est là que les problèmes commencent ! On défend plus facilement ses poussins ! Et les questions d'éducation sont aussi à l'origine de certaines disputes mais ceci existe aussi dans les couples "normaux". Si je devais donner un conseil aux parents : ne vous précipitez pas à former une famille recomposée car trop de gens se séparent après quelques temps tous sous le même toit. C'est dur à gérer et c'est normal !"

Jacqueline : "Ma fille ne pouvait pas s'empêcher de le comparer avec son père"


"J'ai divorcé en 1998 et j'ai retrouvé quelqu'un 9 mois après ma séparation. Au début nous avions chacun notre appartement et puis un jour, c'est ma fille, qui m'a dit : "dis-lui de venir vivre avec toi". Mon fils m'a dit que j'avais le droit d'être heureuse et que de toute façon, il n'était plus à la maison (il faisait ses études dans une autre ville). Au début, tout s'est bien passé. Mais, petit à petit, la cohabitation entre ma fille et mon compagnon s'est détériorée. Il était tout l'opposé de mon ex : doux, gentil, attentionné. Cela agaçait manifestement ma fille qui le trouvait "trop mou". Je pense qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de faire la comparaison avec son père. Quand je n'étais pas à la maison, elle ne lui parlait pas du tout et il se sentait mal à l'aise. Un jour, il a décidé de se trouver un autre appartement. Au début, j'ai eu peur que cela ne nous éloigne l'un de l'autre. Mais après je me suis rendue compte que je pouvais vaquer à mes occupations sans crainte de le pénaliser et nous nous retrouvions les week-ends, les jours de congés et pour les vacances. Il participait à toutes nos réunions familiales. Je pense qu'il a eu raison et que je n'aurai pas dû lui demander de vivre dans notre famille qui était très unie. Le conseil que je donnerais aux mamans de familles recomposées : ne jamais intervenir dans l'éducation des enfants de leur compagnon, discuter avec lui de la conduite à adopter avec ses enfants, et mettre cartes sur table en la présence desdits enfants et de leur père afin d'établir les limites de chacun, le respect des uns envers les autres, et les autorisations à donner ou à refuser quand le papa n'est pas là."

Emmanuelle, 35 ans (Bassin d'Arcachon) : "Nous avons emmené le petit chez plusieurs pédopsychiatres"


"J'ai deux garçons de 9 et 7 ans, mon ami a un fils de 6 ans. Mes deux fils sont en garde alternée et le fils de mon ami habite avec sa mère. Nous le récupérons le vendredi soir et le ramenons le samedi soir car sa mère ne veut pas nous le laisser plus longtemps. Lors de notre installation tous ensemble, tout s'est relativement bien passé. Seul l'aîné (qui avait 5 ans) avait un peu plus de mal à accepter mon ami, mais rien de catastrophique. Au bout d'un mois, les choses sont devenues presque normales. Mes enfants connaissaient déjà mon ami, ils l'aimaient déjà beaucoup. Avec le fils de mon ami, qui avait 2 ans, c'était le paradis, mais les choses n'ont fait qu'empirer au fil des mois. Il a toujours eu une image très négative de son père et de moi même, ce qui fait qu'aujourd'hui, il passe ses week-ends à pleurer, vomir, il se fait pipi dessus, ne nous parle pas. Il s'entend très bien avec mes fils, et chez sa mère, il a plutôt une attitude inverse, il est très extraverti !"
Nous sommes allés chez plusieurs pédopsychiatres, qui nous disent que le petit va très bien, qu'il faudrait juste que les parents règlent leurs problèmes. Malheureusement, il n'y a aucune discussion possible avec la mère. C'est une situation très lourde à gérer, en ayant le petit 24 heures tous les 15 jours, nous ne pouvons absolument rien faire ! Avec mon ex, nous ne nous parlons vraiment que pour l'essentiel concernant les enfants. Nous avons mis en place un cahier de liaison ou chacun écrit (ou non), un petit résumé de la semaine. Les enfants sont ravis de cette situation, même s'ils ont longtemps demandé si nous allions revenir ensemble, mais ils ont réussi à trouver des avantages chez papa, et chez maman... Aujourd'hui, à part le véritable problème du tout petit, nous vivons tous les 5 comme une vraie famille, il n'y a pas de distinction entre nos enfants... Nous envisageons d'ailleurs d'agrandir la famille et nous marions dans 15 jours !"

Plus d'infos :
Les Dossiers de Téva, samedi 7 février, "Familles à rallonge : le casse-tête".