Contamination à l'école : quels sont les risques ?

Quels sont les risques de transmission du virus chez les élèves ? Selon plusieurs sociétés savantes de pédiatrie, les enfants sont moins infectés que les adultes. Alors que le taux d'incidence augmente dans les établissements scolaires et que les collèges et lycées inquiètent, on fait le point sur les contaminations à l'école.

Contamination à l'école : quels sont les risques ?
© Lightfieldstudios

[Mise à jour du 31 mars à 9h55]. Certaines études disent des enfants qu'ils ne véhiculent pas spécialement le virus, d'autres affirment qu'ils sont non contaminants, quand les dernières les pointent du doigt comme étant de grands propagateurs du Covid-19. Et qu'en est-il de la transmission du virus au sein des écoles ? Si dans le monde, on compte 31 pays qui les ont fermées complètement et 48 favorisant un mode d'alternance, elles continuent de fonctionner plus ou moins normalement en France. Le point sur les dernières études concernant la contamination des élèves dans les établissements scolaires :

  • Les enfants moins infectés selon les sociétés savantes de pédiatrie. Ce 29 mars, la Société Française de Pédiatrie (SFP), la Société Française de Pédiatrie Médico Légale (SFPML), le Groupe de Pathologie Infectieuse Pédiatrique (GPIP) et le Conseil National Professionnel de Pédiatrie (CNPP) se sont une nouvelle fois prononcés contre la fermeture des écoles. Dans un avis, leur constat est sans appel concernant les risques du coronavirus chez les enfants. "En proportion, les enfants restent moins infectés que les adultes, même avec les variants", précisent les scientifiques. La SFP, la SFPML, le GPIP et le CNPP précisent également que les enfants ne sont pas les transmetteurs asymptomatiques de cette 3ème vague. Ils ajoutent que la COVID-19 chez l'enfant reste bénigne et que "les formes nécessitant une hospitalisation sont exceptionnelles, même depuis la circulation du nouveau variant".
  • Taux de contamination de 0,5% à l'école. Les tests salivaires continuent d'être proposés aux familles, sur la base du volontariat, avec près de 300.000 tests, a précisé Jean-Michel Blanquer ce 19 mars sur RMC. "On est partis, il y a trois semaines, de zéro. Et aujourd'hui on est le pays qui fait le plus de tests salivaires à grande échelle dans un système scolaire. Le ministre de l'Education nationale note une meilleure acceptation de ce type de tests, plus adaptés aux enfants. "C'est sur la base du volontariat, quand on fait des tests nasopharyngés, on a un taux de volontariat de 20 à 30% (...) Quand on fait les tests-salivaires on a un taux d'acceptation des familles de l'ordre de 80%", a-t-il précisé.
  • "Avoir un collégien ou un lycéen chez soi accroît de 27% le risque d'être infecté". C'est ce qu'affirme le professeur Arnaud Fontanet dans le Journal du Dimanche du 21 mars, estimant que la question de la fermeture des établissements scolaires se pose, et que "l'école est le talon d'Achille assumé du dispositif actuel". Interrogé sur LCI ce 21 mars, le ministre de l'Education nationale confirme de nouveau sa volonté de laisser les écoles ouvertes : "l'avenir de nos enfants est la chose la plus importante qui soit" a réaffirmé Jean-Michel Blanquer. "Il y a plus d'avantages à ce que les enfants aillent à l'école que d'inconvénient. Assumer ce risque quand on est parent me paraît peu de choses par rapport à l'importance qu'un enfant ne se déscolarise pas". Pour lui, "la fermeture des écoles n'est en aucun cas le remède miracle pour vaincre l'épidémie. En revanche, quand vous fermez les écoles vous êtes sûr de créer des dégâts pour le futur qui sont considérables".
  • Davantage de contaminations à l'école que dans les lieux de culture. Selon une étude menée par le professeur Martin Kriegler, de l'Université technique de Berlin, et l'ingénieur Anne Hartmann publiée ce 10 février, les écoles favoriseraient davantage la propagation du virus que les salles de spectacle, les cinémas, les théâtres et les musées. Les auteurs de cette étude ont calculé le R0 qui correspond au nombre moyen de nouveaux malades causés par une personne infectée dans une population. Si ce taux de reproduction est supérieur à 1, cela signifie que l'épidémie progresse et s'il est inférieur à 1, cela signifie qu'elle est en perte de vitesse. Or, le R0 est de 0,5 dans les lieux culturels qui imposent le port du masque et une jauge à 30%, mais de 3 dans un établissement scolaire. Le taux de reproduction du virus est donc 6 fois plus élevé dans une école que dans une salle de spectacle. Une autre étude, dévoilée par l'Institut Pasteur,  explique cependant que les établissements scolaires ne seraient pas en cause dans l'accélération de l'épidémie
  • Les écoles peu contaminantes quand les gestes barrière sont respectés. Basée sur des données d'écoles situées dans 3 Etats américains et des pays européens, une étude menée par des chercheurs des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) a été publiée, ce 27 janvier, dans le Journal of the American Medical Association. Selon ses conclusions, les écoles qui demandent à leurs élèves de porter un masque, de respecter la distanciation physique et d'appliquer d'autres mesures sanitaires n'ont pas enregistré de propagation rapide du coronavirus. Les auteurs de cette étude suggèrent de maintenir ou de revenir partiellement ou entièrement à un enseignement en présentiel et de continuer à appliquer dans les écoles toutes les mesures recommandées pour limiter les risques de propagation du virus.
  • Les écoles sont touchées par le Covid-19, mais ne jouent pas un rôle d'amplificateur. Un article du professeur Arnaud Fontanet, qui siège au Conseil scientifique, a été publié dans le British Médical Journal. En résumé il ne dit pas que le virus échappe aux écoles, ni que les enfants ne peuvent ni l'attraper ni le transmettre. L'étude explique que les établissements scolaires accueillent le Covid-19 au même titre que la société. Autrement dit, si le virus circule peu, il sera relativement peu présent à l'école. Par contre, s'il est très actif, les écoles peuvent l'héberger davantage. Comme une sorte de miroir. Le scientifique illustre : "Les écoles reflètent simplement la prévalence au sein des communautés locales". Du point de vue des contaminations, elles n'ont pas lieu principalement dans les classes, où les élèves et l'enseignant portent un masque. Les deux espaces les plus exposés au Covid-19 sont les cantines et les transports scolaires, précise l'étude. 

Son conseil ? Simplement "accepter l'idée que le virus circule dans les écoles", mais aussi renforcer les mesures sanitaires et les tests salivaires. Par contre, il souligne un point important, "les enfants de moins de 10 ans sont 30 à 50% moins susceptibles d'être infectés comparés à des adultes". Ils seraient aussi moins contagieux, explique le scientifique. Sa conclusion est sans appel : "Les écoles ne jouent pas le rôle d'amplificateur", "mais peuvent contribuer à transmettre dans les communautés". De fait, les enseignants, quel que soit leur âge, ne seraient pas plus exposés à l'école qu'ailleurs en société. 

Se laisser l'option de fermer les écoles si nécessaire

Et si l'épidémie flambait, les établissements scolaires y échapperaient-ils ? La réponse est non. Le professeur Fontanet insiste même sur l'importance de pouvoir se réserver la possibilité de fermer les écoles si la circulation du virus s'accélérait de façon dramatique. Car le mouvement de transmission y serait similaire à l'école. Le plus important serait selon lui de "privilégier l'alternance avec l'enseignement à distance pour les collèges et lycées." Notamment parce qu'avec un fonctionnement d'une semaine sur deux "on casse les chaînes de transmission". Pour les écoles primaires, il préconise de retarder au maximum leur fermeture, car "c'est là où il y a le plus de dommages" en terme d'éducation, mais aussi de sécurité physique et alimentaire.