"Je préfère le test salivaire que le bâton dans le nez"

Les tests salivaires sont proposés à grande échelle depuis la rentrée scolaire de février. Comment sont-ils perçus par les enfants ? Nous avons rencontré des élèves et leurs parents d'une école parisienne qui nous ont confié leur ressenti et leurs doutes, parfois aussi.

"Je préfère le test salivaire que le bâton dans le nez"
© Violaine Chatal

Dans cette école parisienne du 7ème arrondissement, l'atmosphère est un peu fébrile parmi les élèves du CE1A, quelques minutes avant le test salivaire. Juliette a très peur d'être positive au coronavirus, et Lilah, pour qui c'est une première fois, craint l'inconnu. C'est une autre question pratique qui taraude Emma : elle a tellement accumulé de salive qu'elle peine à prononcer son nom quand on lui demande de décliner son identité ! D'ordinaire peu timide, Louise appréhende, quant à elle, de faire le test en public. "J'avais un peu peur et je ne voulais pas faire le test devant tout le monde mais au final on l'a fait devant toute la classe et ça c'est bien passé ", raconte-t-elle. Il n'y a que Lilya qui prend la chose avec philosophie et même avec le sourire ! D'autant que comme Emma et Juliette, elle a déjà subi un test PCR et qu'elle en a gardé un souvenir cuisant pour ne pas dire très désagréable. 

"Le test salivaire, c'est rigolo"

Le grand moment arrive. Encadrés par le directeur de l'école et la responsable des activités périscolaires, les enfants de 8 ans sont accueillis par un médecin et une infirmière d'un laboratoire. Après le volet administratif marqué par quelques erreurs de patronymes, l'examen est rapide. "Il faut juste cracher dans un pot : c'est facile", clame Lilya. Juliette rencontre plus de difficultés en raison du stress sans doute : "C'est un peu compliqué : ça prend du temps d'avoir assez de salive", nous précise-t-elle. "C'est rigolo" lance pour sa part Emma. Le geste n'est quand même pas très naturel pour Louise. "C'est un peu bizarre. Mais oui, c'est simple de cracher dans le tube ", confie-t-elle. Lilah regarde, quant à elle, attentivement ses camarades avant de se lancer et constate que sa voisine rencontre des difficultés pour obtenir assez de salive. Mais tout se passe bien pour elle, à son grand soulagement. "Je préfère ce test à celui avec le bâton dans le nez ", s'exclame-t-elle. A peine le temps de réaliser que le test, pratiqué lors de la pause du midi pour les élèves qui restent à la cantine ou juste après pour ceux qui déjeunent à la maison, est terminé.

Les résultats des tests salivaires

Les parents recevront le résultat quelques jours plus tard avec quelques ratés. Si certains ont découvert que leur enfant était négatif au coronavirus deux jours après le test, d'autres ne l'ont su que de la bouche du directeur ! Hormis ce bug technique, les parents des enfants du CE1, qui sont tous négatifs saluent plutôt l'initiative. "C'est un test utile qui peut permettre de casser un cluster. Dommage que tous les enfants ne s'y prêtent pas. D'autre part, il est beaucoup plus rassurant qu'un test PCR que je trouve barbare et traumatisant", note Marisa, la maman d'Emma et de Victoria en moyenne section de maternelle, qui souligne cependant que l'organisation du laboratoire reste à revoir. Son mari Marcos estime, lui aussi, que de tels tests sont utiles à l'école. "C'est une bonne façon de savoir vraiment si les enfants sont porteurs alors qu'ils sont souvent asymptomatiques. Cela permet d'avoir une vision d'ensemble" . Un avis partagé par Titrite, la mère de Lilya. "Les test salivaires permettent de tester le maximum d'enfants en temps record et ils sont moins invasifs que les PCR. Mais quid de la précision des résultats ? ", raconte-t-elle. 

"Il faudrait réfléchir à un suivi à plus long terme "

Emmanuel, le père de Lilah, regrette que ces tests salivaires ne concernent pour l'instant que les écoles primaires du quartier. "Je pense que ces tests sont utiles mais qu'ils auraient dû être faits plus tôt et de façon répétée. En revanche, je regrette qu'ils ne soient pour le moment pas proposés dans le collège/lycée de notre fils alors que les adolescents seraient beaucoup plus contagieux". Nathalie, la mère de Juliette, est, elle aussi, circonspecte. "C'est mieux que rien même si au final je n'ai pas l'impression que le risque concerne cette tranche d'âge. Rien de prévu en effet au collège de mon fils ! N'était-il pas plus simple comme pour ma fille qui est en classe préparatoire de demander un test antigénique avant la rentrée de février ? ". Le sentiment est aussi mitigé chez Laure, la maman de Louise. "C'est une bonne initiative mais, même si j'ai bien conscience de la complexité de mise en place, il aurait fallu le faire, je pense, le lundi de retour de vacances, et attendre les résultats avant de laisser les enfants revenir à l'école. Il faudrait également réfléchir à un suivi à plus long terme car d'un jour à l'autre le résultat peut être différent… ", explique-t-elle.. Tous ces parents s'accordent à dire que les tests salivaires peuvent être intéressants s'ils sont reconduits régulièrement et surtout si leurs résultats sont obtenus plus rapidement !